Publié le: 13 mai 2022

Libre, responsable et courtois

andré berdoz – Passionné de montagne et d’esprit d’entreprise, le vice-président de l’usam prend sa retraite des associations économiques pour se consacrer à sa passion: les expertises menées suite à des accidents électriques.

André Berdoz aime se lever tôt. Très tôt. Il aime sa région, le Lavaux. Il aime aussi l’Armée suisse et – cela va presque de soi – les Alpes. Aussi son nid d’aigle était-il très longtemps juché à flanc de coteau à Grandvaux (VD), face à un somptueux paysage hodlérien. Troquant un décor alpestre pour un autre, sa femme et lui ont choisi il y a une année de déménager à Charmey en Gruyère. La montagne reste sa grande passion, sa «mine à idées nouvelles».

«Les gagnants ont un plan, les perdants des excuses. les agitateurs minoritaires ne m’impressionnent pas.»

Il y a aussi les cartes. Il nous a avoué qu’il conservait chez lui une immense collection de cartes topographiques, dont la précision ferait sans doute pâlir de jalousie n’importe quel état-major. Numérisation oblige, une partie d’entre elles a disparu. Sauf les fameuses cartes de détail au 1:25000, «celles sur lesquelles on retrouve son chemin en suivant une courbe de niveau». C’est notoire, notre vice-président aime prendre de l’altitude, mettre les points de vue en perspective, construire son approche et tracer sa route en planifiant sa stratégie avec cohérence.

Quitte Ă  prendre le contre-pied

André Berdoz est liant, doté d’un sens de l’humour aussi pétillant que son eau minérale favorite – ou sa bière sans alcool! Lucide, il cherche le consensus et souvent le trouve. Un atout précieux dans le monde des associations économiques (Centre patronal, Union suisse des arts et métiers) où il s’est activé si longtemps. Il est présent quand le dialogue risque de se briser et s’entremet pour faire revenir les uns et les autres à la table de discussion.

Mais avant tout, il est entrepreneur. Et c’est pour cela qu’il s’est engagé à l’usam. Il y croit vraiment, à cette cause des PME, et ne craint guère de s’engager sur d’étroits sentiers, défendre des argumentaires ardus. Quitte à prendre toute son époque à contre-pied: aux Journées romandes des arts et métiers à Champéry, on l’a vu plus d’une fois se lever et dire les choses comme il les entendait. Libre, responsable et visionnaire. Ainsi André Berdoz est-il cité dans Le Temps (20 janvier 2022) sur le thème de l’énergie:

«L’énergie est disponible, les prix sont en hausse et ils restent satisfaisants, mais quid de l’avenir? Avec la disparition du nucléaire, l’énergie va se faire rare et les prix vont encore beaucoup augmenter, craint André Berdoz, vice-président de l’Union suisse des arts et métiers et directeur de deux entreprises électriques. Les petits patrons sont encore peu sensibilisés à ces questions, mais ils le seront très vite.»

Il observe et se fait sa religion

La fée électricité s’est penchée sur son berceau. «Je me consacre aux expertises suite à des accidents électriques, des erreurs de conception ou divers problèmes, c’est une vraie passion.» Il aime parler de son métier, des immenses tableaux électriques qu’il installe jusqu’à Genève, dans de grandes institutions qui font et défont le monde d’aujourd’hui.

Il observe et se fait sa religion. Face à une société en mutation rapide, il répète le danger d’une sur-réglementation qui cannibalise l’esprit d’entreprise. Il vaut mieux anticiper les prochaines batailles que d’être pris au dépourvu.

André Berdoz aime bien dénoncer les absurdités bureaucratiques qui gangrènent la vie des PME. Lors de la campagne contre Billag, il s’est montré virulent. «J’ai eu l’occasion de visiter une entreprise de distribution de médicaments. Vous voyez des collaborateurs qui courent partout avec un scanner, vont chercher ici une boite de pilules, là des pansements (…). Nous avons vu 60 personnes à l’œuvre et je puis vous garantir qu’il leur est impossible d’écouter la radio ou de regarder la TV en même temps.»

Son engagement personnel et sa grande disponibilité méritent d’être salués. Récemment, André Berdoz a participé activement au plan fédéral – et en plein Covid-19 – à un groupe de travail consacré à la numérisation des tâches administratives des PME (Easygov). Ces efforts couronnés de succès auront permis dans la foulée de faciliter grandement l’octroi des diverses aides nécessaires aux PME durant cette pandémie: «60 000 demandes ont été déposées en cinq jours. Une leçon à retenir: les petits patrons n’avaient souvent pas de réserves.»

Un Romand Ă  Berne

Enfin, André Berdoz représente le type même du Romand qui franchit la Sarine et joue le jeu confédéral. Une activité chronophage, ces séances à Berne, mais qui en vaut bien la peine – c’est l’essence même de la Suisse. Au besoin, il n’hésite pas à faire appel au sens de la solidarité qui parfois tendrait à faire défaut. Ce fut notamment le cas lors du vote sur le deuxième tube au Gothard, selon lui une question d’équité.

«La Suisse romande souffre de l’engorgement chronique de son réseau autoroutier qui pénalise l’économie et les PME, ainsi que l’ensemble des habitants de la métropole lémanique, argumentait-il. Soutenir FORTA-Prodes est aussi une question de solidarité confédérale, comme le souci de ne pas isoler le Tessin.»

Face aux agitateurs

Pour conclure, voici l’esprit d’entreprise résumé par André Berdoz dans un article visionnaire consacré à l’énergie et paru dans le Journal des arts et métiers (novembre 2019): «Les gagnants ont un plan, les perdants ont des excuses. Les agitateurs minoritaires (il y en a toujours eu) qui sèment le trouble dans l’ordre public et sont portés aveuglément par beaucoup de médias, ne m’impressionnent pas. Laissons produire des richesses par ceux qui mettent leur génie au service de la collectivité!»

Souhaitons-lui une belle retraite de l’usam, de chouettes projets à la tête de ses deux entreprises et dans cette activité d’expert qui lui donne tant d’énergie – dès «le matin très tôt».

François Othenin-Girard

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