Publié le: 1 juin 2018

Malgré les succès, encore du travail

BILAN de l’activité – Depuis 2010, l’usam dispose d’une stratégie claire. 
Celle-ci ne la rend pas seulement indépendante, mais permet également de mesurer les succès 
de la plus grande organisation faîtière de l’économie suisse.

Journal des arts et métiers: Qu’est-ce que la stratégie en vigueur depuis 2010 a concrètement apporté à l’usam?

Jean-François Rime, CN et président de l’usam: «Notre stratégie est à la base de nombreux succès politiques de l’usam au cours des huit dernières années. Elle rend l’association indépendante des partis ou des groupes d’intérêts individuels. Dans notre cœur de métier, la réduction des impôts, des taxes et redevances ainsi que des normes et réglementations légales, nous avons largement façonné l’agenda politique. Lorsque l’usam a lancé les coûts réglementaires au Congrès 2010, personne n’en parlait. Aujourd’hui, c’est devenu un sujet central de discussion politique. Plus de 50 initiatives parlementaires sur le sujet le montrent. Soutenue par les PME, l’usam s’est battu pour le modèle de réussite suisse dans de nombreuses campagnes. Je vous rappelle la malheureuse réforme de la Prévoyance professionnelle 2020, les initiatives 1:12 et le salaire minimum ou le deuxième tube au Gothard.

«Lorsque l’usam a lancé le thème des coûts réglementaires, personne n’en parlait.»
Jean-François Rime, 
président de l’usam

De plus, l’usam a démontré sa 
capacité référendaire à plusieurs 
reprises, par exemple dans la loi sur l’aménagement du territoire ou la loi fédérale sur la radio et la télévision. La stratégie nous a donné les grandes lignes pour toutes ces activités – dans cette optique, nous ne pouvons surestimer ce que cette stratégie signifie pour l’usam et les 500 000 PME qu’elle représente.

La formation professionnelle est l’un des thèmes centraux de l’usam. Pourquoi lui accorder cette d’importance?

Hans-Ulrich Bigler, CN et directeur de l’usam: Sans le modèle dual de la formation professionnelle, le succès de l’économie suisse ne serait concevable ni au niveau national, ni au niveau international. Je pense en particulier à la grande capacité d’innovation. Depuis 2006, l’usam a obtenu l’inscription de l’équivalence entre enseignement professionnel et académique dans la constitution. Depuis, l’usam a lutté intensément pour sa mise en œuvre concrète dans la pratique de la politique de la formation professionnelle. Rappelons les 360 millions de francs qui sont attribués à l’enseignement supérieur et à la formation professionnelle de 2017 à 2020. L’usam a dû se battre longtemps pour cela – également contre d’autres acteurs du 
côté patronal. Dans la formation professionnels supérieure, les participants aux cours préparatoires pour les examens professionnels et les examens professionnels supérieurs reçoivent enfin le soutien financier qu’ils méritent.

À cela s’ajoutent, entre la scolarité obligatoire et la formation professionnelle, les profils d’exigences développés sous l’égide de l’usam (www.profilsdexigences.ch). Ils servent aux jeunes, aux parents, aux enseignants et à la formation professionnelle de base indispensable pour le choix d’une formation adaptée. Enfin, l’usam s’engage à renforcer les associations professionnelles en tant que partenaires égaux dans le partenariat d’association avec la Confédération et les cantons. Cette lutte pour l’égalité des droits des organisations dans le monde du travail est une tâche permanente.

Comment évaluez-vous la politique économique et financière?

Jean-François Rime: Tiré de la stratégie 2012, nous avions un objectif clair: «Pas de nouvelles taxes!» En tant que principale organisation faîtière de l’économie, nous nous sommes opposés au paquet de subventions de 2 milliards de francs avec lequel le Conseil fédéral voulait combattre les effets de la force du franc suisse. Il était très clair qu’une nouvelle dette du Conseil fédéral 
devrait ensuite être remboursée et que les entreprises seraient mises à contribution par les taxes et les impôts. C’était hors de question. Nous avons fait pression et le projet a 
finalement été retiré. Une autre chose était claire, c’est que l’activisme aveugle ne mène à rien. Nous avons donc rejeté la politique industrielle du Conseil fédéral et proposé la réduction des coûts réglementaires. Et nous avions raison: l’euro repart à la hausse et de nombreuses PME sortent renforcées de la crise avec une meilleure productivité.

subventions au franc fort: «Nous avons fait pression et le projet a finalement été retiré.»
Jean-François Rime, 
président de l’usam

Nous prônons des lois proportionnées (fidleg/finig, «too big to fail») et une réglementation différenciée sans «swiss finish». Cette politique nous a permis de couler le projet de loi contre les cartels, qui aurait accablé les PME avec d’atroces coûts réglementaires. Dans le domaine de la politique budgétaire, nous tenons au frein à l’endettement. Cet autre pilier du modèle de la Suisse s’avère indispensable à la stabilité budgétaire.

Quels sont les jalons que l’usam 
a fixés dans la politique sociale et du marché du travail?

Hans-Ulrich Bigler: Grâce à la participation active de l’usam, diverses préoccupations de la gauche et des syndicats ont été rejetées, ce qui aurait coûté beaucoup d’argent aux employeurs. L’initiative populaire de 2009 «Pour un âge de la retraite flexible» aurait entraîné des coûts supplémentaires de 1,5 milliard de francs, dont la moitié environ aurait été à charge des employeurs. L’initiative «Six semaines de vacances pour tous» combattue par l’usam aurait entraîné des dépenses annuelles supplémentaires de 6 milliards de francs.

Dans le domaine de la prévoyance vieillesse aussi, une augmentation des prestations a pu être évitée. Elle aurait entraîné des coûts annuels supplémentaires d’environ 5 milliards de francs. L’usam a égale­-
ment encouragé activement et systématique­ment le maintien d’un marché du travail flexible.

Sur la prévention, l’usam a longtemps résisté contre cette emprise croissante de l’État et une certaine condescendance de la population? Etes-vous opposé à toute démarche de prévention?

Jean-François Rime: Non, bien sûr que non! Mais il n’est pas acceptable que l’État établisse de plus en plus de règles pour ses citoyens et qu’il essaie au final de déterminer ce qui doit finir dans leur assiette ou pas. Les Suisses sont mûrs et savent très bien ce qui est bon pour eux. Des excès, comme cette loi sur la prévention rejetée grâce à l’usam, n’auraient apporté que de nouvelles réglementations, plus de bureaucratie et plus de coûts pour les PME.

«Dans la prévoyance, une augmentation des prestations a pu être évitée.»
Hans-Ulrich Bigler, 
directeur de l’usam

Quel regard portez-vous sur les résultats en matière d’énergie, d’environnement et de politique de mobilité?

Hans-Ulrich Bigler: Nos campagnes réussies pour un deuxième tube sur le Gothard ou pour le Fonds national de transport routier et d’agglomération (FORTA) ont également fait comprendre à nos critiques que l’usam n’est pas seulement contre, mais aussi pour les projets du Conseil fédéral. Cela prouve notre neutralité politique face aux partis. Grâce à notre engagement en faveur d’une loi sur l’énergie – provenant des mêmes officines que les autres projets que nous avons rejetés – nous avons pour la première fois obtenu qu’une subvention puisse avoir une date d’expiration. En accord avec le Conseil 
fédéral, nous nous sommes opposés avec succès à des projets trop ambitieux comme l’initiative «Pour une économie verte».

Quelle est votre conclusion huit ans après la première stratégie de l’usam?

Jean-François Rime: Grâce à l’usam, les coûts réglementaires sont reconnus comme une question politique permanente dans tous les camps. Grâce à notre lobbying, plus de 
10 milliards de coûts réglementaires ont été économisés depuis le Congrès de 2010. L’objectif de la résolution 2010 a donc déjà été atteint. Notre stratégie y a contribué de manière significative.

«l’usam ne fait pas que de s’opposer, 
elle soutient aussi les projets du 
conseil fédéral.»
Hans-Ulrich Bigler, 
directeur de l’usam

Disposons-nous donc de conditions-cadres optimales pour 
les PME et de coûts réglementaires réduits?

Hans-Ulrich Bigler: Malheureusement non, non… Les travaux visant à réduire les coûts de la réglementation doivent se poursuivre. Au fil des ans, on s’aperçoit qu’il est plus difficile de démanteler les règlements existants que d’en empêcher de nouveaux. C’est pourquoi l’usam a élargi son concept 2010 pour y inclure l’idée d’un frein de coût réglementaire. Le désir souvent effréné de la politique, des autorités et de l’administration de créer de nouvelles réglementations doit être 
freiné à long terme. La nouvelle 
Stratégie 2018-2022 nous montre le chemin.

Entretien: Gerhard Enggist

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