Publié le: 6 juillet 2018

Mille francs pour tous

CASH – Les ménages suisses sont flexibles dans leur moyens
de paiement. Et plutôt compétents au plan économique.

La population suisse dispose d’un haut niveau de connaissances en matière de gestion de l’argent. Cela est dû à une solide formation de base et professionnelle, au mode de paiement des impôts et à une coordination régulière au niveau cantonal et communal sur les questions économiques. En bref: la responsabilité personnelle qui est vécue en Suisse se reflète également dans l’utilisation des moyens de paiement.

Les Suisses ont le libre choix

La Banque nationale suisse (BNS) l’a du reste souligné récemment: «Le libre choix des moyens de paiement offerts dans la plupart des lieux de paiement permet à la population de choisir le meilleur moyen de paiement d’un point de vue individuel.»

Cette estimation, qui semble technocratique, revêt toute son importance. En effet, les ménages suisses connaissent les dettes remboursables par carte de crédit – à l’inverse des États-Unis. Et nous vivons dans un pays où l’argent continue d’être épargné – le contre-exemple ici serait l’UE, où les gens en moyenne consomment plus que ce qu’ils ne gagnent.

Discipline du cash

Environ 70% des paiements quotidiens en Suisse sont réglés en espèces. Mesurée en valeur, elle est de 45%. Les ménages suisses font donc intuitivement la distinction entre la fonction de liquidité et la fonction de rétention de la valeur de la monnaie. Avec cette distinction, ils minimisent les coûts de stockage et de transport. Mais le fait qu’ils soient si près de l’argent liquide montre à quel point les ménages sont liés à la valeur réelle de la chose qu’ils achètent – et qu’ils veulent aussi avoir.

Les montants supérieurs à 50 francs sont principalement payés 
par voie électronique, environ 37% des ménages gardent environ 
1000 francs en espèces à portée 
de main, et plus de 40% ont utilisé un billet de 1000 francs au cours 
des deux dernières années. Les ­ménages qui le font veulent être libres d’utiliser l’argent sous toutes ces formes et notamment en cash. Ou comme le dit le vieil adage: «L’argent liquide est la liberté im­primée.»

Pas d’interdiction d’encaissement

La Banque nationale suisse s’est égale­ment engagée à verser de l’argent comptant, y compris en billets de 1000. Elle connaît l’effet disciplinaire de l’argent liquide. Elle connaît les exemples plutôt dissuasifs de surconsommation aux États-Unis et dans l’UE. C’est pourquoi, malgré toutes les prophéties de malheur, elle veut garder l’argent.

Au fait, au fait: La plupart des propositions visant à abolir l’argent liquide n’indiquent que superficiellement qu’ils veulent lutter contre le blanchiment d’argent et autres. La vérité, c’est qu’ils sont préoccupés par la stimulation de la consommation. Mais: si les ménages ne font que consommer, ils perdent leur propre discipline monétaire. Par conséquent, ils ne sont plus en 
mesure de surveiller la discipline budgétaire de l’État. Est-ce voulu…?

Henrique Schneider, usam

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