Publié le: 4 novembre 2022

Ne pas tout miser sur l’espoir

blackout – Une check-list permet aux PME de se préparer à la pénurie et aux pannes. Sur mandat de l’usam, le consultant Daniel Meier a élaboré une série de mesures préventives pour les PME. À consulter sur le site de l’usam.

Sur mandat de l’usam, vous proposez des mesures préventives pour les PME en cas de pénurie d’énergie. Mais rien de tout cela n’est encore certain?

Daniel Meier: Il s’agit de peser les risques. En ce qui concerne les pénuries, je considère que miser sur l’espoir ne suffira pas et que ne pas prendre de mesures préventives relève de la négligence. À ma connaissance, la Suisse n’a jamais connu de pénurie depuis 60 ans. Nous n’en avons pas l’expérience. En tant que chef d’une entreprise à forte consommation d’énergie, je ne me contenterais pas de préparer d’éventuelles mesures, mais je les mettrais en œuvre volontairement et préventivement afin d’acquérir de l’expérience et d’économiser des coûts énergétiques.

Vous vous adressez Ă  la fois aux directions et aux services techniques des PME. Pourquoi cette double approche?

Au management de prendre les bonnes décisions sur des bases techniques. Les deux vont de pair. Grâce à une auto-évaluation, le management examine les mesures à prendre et les met en œuvre. Parmi les points importants figure une estimation des consommations et au besoin une analyse du profil de charge. Il faut agir là où l’on peut obtenir le plus d’effets avec le moins de risques. Sur les pannes, trois questions se posent: entraînent-elles des dommages importants? Le redémarrage est-il complexe et coûteux? La production doit-elle être poursuivie pendant la coupure? Si l’un de ces cas se présente, la direction devrait procéder selon la check-list.

On distingue les mesures à court et à long terme. Lesquelles ont le plus grand potentiel d’économie?

Pour l’hiver prochain, parmi les mesures à court terme présentant le meilleur rapport coût/efficacité figurent les installations de ventilation, ainsi que le mode veille des installations de production. Des exigences de processus inutilement élevées, des prix de l’énergie trop bas ou, de temps en temps, la commodité ont jusqu’ici empêché l’exploitation de ces potentiels.

Chauffage, refroidissement, éclairage, ventilation: où se trouve le plus grand potentiel d’économie?

Il y a deux exigences principales communes à tous les systèmes: premièrement, les infrastructures ne devraient être exploitées qu’en fonction des besoins. Le mot-clé est: pas d’exploitation sans utilité. Cela nécessite quelques investissements dans la technique de régulation (capteurs) ainsi que dans le personnel technique, qui s’intéresse à la technique de régulation, la comprend et peut ainsi optimiser les installations sur le plan énergétique.

Deuxièmement, les températures du système de tous les fluides – c’est-à-dire l’air, l’eau et les autres liquides caloporteurs – doivent être réduites au minimum dans toutes les infrastructures et installations de production. La chaleur perdue doit être utilisée à un niveau de température aussi élevé que possible. De telles mesures doivent être envisagées sur le long terme. De préférence en élaborant une feuille de route pour la décarbonisation.

Que conseillez-vous aux PME dans la catégorie la plus «indolore» possible? Par où commencer?

Une panne de réseau ne sera pas indolore. En raison des énormes répercussions négatives sur la société et l’économie, je ne pense pas qu’elle soit probable. D’autres mesures peuvent être prises suffisamment tôt pour l’éviter, comme l’introduction de contingents. Ce qui est le moins douloureux dans un contingentement, c’est l’achat via des plateformes appropriées. Mais on se prive ainsi des potentiels d’économie d’énergie qui existent encore partout dans sa propre entreprise et on ne contribue pas à résoudre le problème de fond. Les mesures techniques sont sans doute moins douloureuses que les mesures organisationnelles. On peut citer le regroupement de moyens, des effectifs supplémentaires.

À quoi reconnaît-on une vraie mesure technique?

Les mesures techniques ont toujours pour objectif de réduire ou d’éviter le «fonctionnement inutile» des installations et d’utiliser les rejets thermiques. Nous savons pour l’avoir analysé que le rendement énergétique global est très bas dans de très nombreuses entreprises de production et que le potentiel d’économies par l’augmentation de l’efficacité et l’utilisation des rejets thermiques est élevé. En raison de l’augmentation des prix de l’énergie, leur utilisation est désormais nettement plus attrayante. Le défi des mesures techniques est de pouvoir identifier et quantifier ces potentiels. Mais ce problème peut aussi être résolu de manière indolore, même si ce n’est pas gratuit. L’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEC) dispose d’une longue expérience et se tient volontiers à disposition pour cela. Faites appel à eux!

Interview: Gerhard Enggist.

Adaptation JAM

www.enaw.ch

check-list pour les pme

Réfléchir, vérifier et agir

Comment les entreprises peuvent-elles se préparer de manière proactive à la pénurie d’énergie? Espérer que rien ne se produira n’est pas la bonne attitude, selon le consultant Daniel Meier (lire ci-dessus). «Ne pas prendre de mesures préventives relève de la négligence.»

Sur mandat de l’Union suisse des arts et métiers usam, la société DM Energieberatung AG de Daniel Meier a élaboré des mesures préventives pour l’artisanat et l’industrie pour se prémunir contre la pénurie d’énergie. Des check-lists sont même disponibles sur le site de l’usam. Elles distinguent les mesures concernant la gestion et celles qui relèvent de la technique. Les PME se lancent dans une auto-évaluation des mesures nécessaires à court, moyen et plus long terme. Des exemples pratiques complètent les check-lists et en font une sorte de guide pour les entreprises, les aidant à se protéger contre une éventuelle pénurie d’électricité ou de gaz. «Si j’étais à la tête d’une entreprise à forte consommation d’énergie, je ne me contenterais pas de préparer un train de mesures possibles, mais je les mettrais en œuvre – volontairement et à titre préventif – afin d’acquérir de l’expérience et d’économiser des coûts énergétiques.» Et sur ce chapitre, le plus tôt sera bien entendu le mieux! JAM

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