Publié le: 4 avril 2014

Nexus relationnel

quatre questions à ...

EDOUARD CUENDET, titulaire d’un brevet d’avocat, incarne Genève Place Financière, dont il est le directeur

Journal des arts et métiers : Comment vivez-vous les conséquences du 9 février ?

nEdouard Cuendet : Le monde dans lequel nous vivons supporte mal l’insécurité juridique, qu’elle soit liée à des questions fiscales ou à des barrières empêchant l’engagement des talents en provenance de l’étranger, dont Genève a besoin. Dans ce contexte, la question qui nous préoccupe est celle de la compétitivité de notre place financière, un microcosme composé de 35 000 emplois et de 6524 entreprises, qui pour la plupart sont des PME. Or selon le dernier classement paru, le Global Financial Center Index, Genève se situe au neuvième rang mondial des places financières globales. Genève a certes perdu un rang par rapport au classement précédent, mais elle se maintient dans le top-ten. Parmi nos concurrents, il faut relever que Londres a été détrônée par New-York et que le Luxembourg ne se trouve qu’à la 12e place ! Zurich a progressé au 5e rang. Nous sommes la première place francophone ! Ce que nous redoutons, c’est l’effet en cascade d’une vague de mesures, notamment réglementaires et législatives, qui pourraient avoir un impact négatif sur l’attractivité de la communauté financière toute entière, un tissu dense composé d’une grande variété de structures...

Que craignez-vous sur cette restriction de la fin de la libre-circulation ?

n L’absence de solutions pragmatiques ! Il faut en trouver, c’est essentiel pour Genève. Il serait néfaste pour notre place financière que les contingents hors-union européenne soient utilisés pour engager des personnes provenant de l’UE. Dans une industrie bancaire fortement tournée vers l’étranger, il faut attirer certaines compétences pointues qui viennent de loin. Nous ne pouvons pas accepter les contingents par branche. Cela n’a aucun sens en raison de la multitude d’acteurs qui travaillent dans le monde financier, qui n’a rien d’un bloc monolithique. Il faut miser sur des contingents flexibles. La durée du processus constituera également un élément déterminant : durant la phase de recrutement, il ne sera pas envisageable d’exiger des candidats, venus du monde entier avec des compétences de pointe, qu’ils patientent jusqu’à l’issue d’une longue et fastidieuse procédure administrative. Ils iront voir ailleurs ...

Comment réagissent les PME à Genève ?

n Les décideurs sont préoccupés. La perspective de devoir peut-être faire face un jour à un système rigide, bureaucratique et lent, les inquiète. C’est toute la chaîne de production de l’industrie financière qui risque d’être touchée. A cet égard, nous saluons la montée au créneau immédiate de notre gouvernement cantonal, de concert avec son homologue vaudois. Il a exprimé avec détermination les besoins de l’économie genevoise en matière de contingents. Nous espérons qu’il sera entendu.

Sur les forfaits, travaillerez-vous avec Vaud ?

n Oui, car les deux places financières partagent bon nombre d’intérêts communs. L’imposition selon la dépense rapporte tout de même 150 millions de francs d’impôts à l’Etat chaque année à Genève. Et cela, l’Union européenne ne peut pas l’attaquer. A Londres, un système similaire existe sous la forme du statut de « Resident non domiciled » qui bénéficie à environ 120 000 personnes, alors que notre pays compte moins de 6000 forfaitaires. C’est une source importante de revenus pour l’économie.

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