Publié le: 3 juillet 2020

Non à l’initiative de limitation

INITIATIVE DE LIMITATION – Lancement de la campagne: la libre circulation est une composante névralgique du marché du travail et de la survie des PME. Le 27 septembre prochain, avec les partenaires sociaux et le Conseil fédéral, main dans la main…

La campagne contre l’initiative de limitation est lancée. Nous sommes le 22 juin à Berne et la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter et ses partenaires sociaux – dont l’usam et les syndicats – sont venus présenter leur point de vue aux médias. En substance, qu’il est nécessaire de rejeter l’initiative de limitation lancée par l’UDC, jugée dangereuse pour l’économie, les PME et le marché du travail.

«Les PME ont une importance systémique dans notre économie», a déclaré Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’Union suisse des arts et métiers usam, invité à s’exprimer lors de cette conférence de presse organisée par la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. Elles constituent des stabilisateurs importants pour l’économie et le marché du travail. Il serait donc irresponsable envers le système économique suisse de refuser aux PME l’accès à un important réservoir de main-d’œuvre qualifiée. «La libre circulation des personnes est primordiale pour la survie du marché de l’emploi qualifié et des PME», a-t-il ajouté.

La crise sanitaire a fait clairement apparaître que, sans les professionnels européens, notre système de santé aurait rapidement atteint ses limites. Avant même que ne survienne la crise, dans le cadre de sa campagne contre l’initiative de limitation, l’usam avait déjà attiré l’attention sur la pénurie de travailleurs qualifiés.

L’association avait fait preuve en l’occurrence d’un certain sens de l’anticipation en mettant en scène, comme protagoniste, une infirmière polonaise dont le parcours, quelques semaines plus tard, est devenu d’une brûlante actualité!

Cependant, la pénurie de travailleurs qualifiés n’est pas seulement évidente dans le secteur des soins de santé, relève aujourd’hui Hans-Ulrich Bigler.

Crucial pour le marché du travail

En effet, selon une étude de Robert Walters, directeur de la gestion internationale des ressources humaines, tant les PME que les grandes entreprises sont gravement affectées par le manque de candidats qualifiés pour les postes vacants ou nouvelle­ment créés. Plus précisément, 68% des employeurs interrogés considèrent que la pénurie de travailleurs qualifiés a une influence sur leur recrutement et 50% se plaignent du déficit de candidats disponibles au niveau régional.

«l’usam avait déjà attiré l’attention sur la pénurie de travailleurs qualifiés.»

Egalement citée dans ce contexte, l’enquête du groupe Adecco Suisse montre pour sa part que la pénurie de travailleurs qualifiés s’aggrave en Suisse. Sur la base de son indice, la pénurie de travailleurs qualifiés, en 2019, à l’échelle nationale, était de 22% plus forte que celle enregistrée en 2016, année où elle a commencé à être mesurée.

Le point de vue de la Chambre

La prospérité du pays repose sur son ouverture économique. La libre circulation des personnes est d’une importance vitale pour l’économie et pour la sécurité de l’emploi. Grâce à elle, les entreprises peuvent, de manière souple et sans formalités administratives, puiser dans un vivier de travailleurs qualifiés au sein de l’UE. Pour les PME, cette possibilité est essentielle. Il faut la préserver. Se rangeant à cette argumentation, la Chambre suisse des arts et métiers (parlement de l’usam) a clairement adopté la consigne du «non» à l’initiative, avec seulement quatre voix opposées et deux abstentions.

La plus grande organisation faîtière de l’économie suisse, avec son comité «NON à l’initiative de résiliation et à la destruction des emplois», mène sa propre campagne contre l’initiative de limitation, qui est de son point de vue une initiative de résiliation. Elle compte sur un NON franc et massif, lors de la votation populaire du 27 septembre, à ce projet qui est une menace pour la prospérité de la Suisse et son tissu essentiel de petites et moyennes entreprises.

usam/JAM

journal de campagne

KKS: C’est l’approche bilatérale en jeu!

Karin Keller-Sutter a lancé lundi 22 juin la campagne contre l’initiative «Pour une immigration modérée» de l’UDC. Ce texte aurait de graves conséquences pour l’économie helvétique s’il était accepté par le peuple, relèvent l’Exécutif fédéral et les partenaires sociaux.

Une économie «florissante»

La conseillère fédérale a lancé cette campagne sur la votation du 27 septembre entourée de représentants des syndicats et du patronat, tous opposés au texte lancé par l’UDC et l’ASIN. C’est l’approche bilatérale entre la Suisse et l’Union européenne qui est en jeu.

Faisant partie des Bilatérales I, l’accord sur la libre circulation des personnes est étroitement lié à six autres accords entre les deux entités, a rappelé la ministre de la justice.

L’économie suisse est florissante grâce à la voie bilatérale. Avec la crise sanitaire, il y a désormais un objectif commun: l’économie doit pouvoir se rétablir rapidement. Les entreprises ont besoin de stabilité, et non d’expérimentations risquées, a relevé la magistrate.

Main-d’œuvre locale soutenue

Le Conseil fédéral souhaite limiter l’immigration au strict minimum. A cette fin, il encourage et soutient par plusieurs mesures le potentiel que représente la main-d’œuvre en Suisse. Pour présenter le point de vue du Conseil fédéral, Karin Keller-Sutter s’est donc entourée de quatre représentants des partenaires sociaux. Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’Union suisse des arts et métiers, a rappelé qu’il était irresponsable de vouloir couper les PME d’un important bassin de recrutement de main-d’œuvre spécialisée. Quant au conseiller national Pierre-Yves Maillard (PS/VD), président de l’Union syndicale suisse, il a émis des craintes que l’objectif de l’initiative ne soit pas la limitation de l’immigration, mais la péjoration des conditions de travail et des salaires.

«après cette crise, l’économie doit pouvoir se rétablir rapidement.»

L’initiative «Pour une immigration modérée», dite initiative de limitation, exige la fin de la libre circulation des personnes avec l’UE pour assurer la mise en œuvre du texte contre l’immigration de masse, accepté en 2014 par le peuple. La votation initialement prévue le 17 mai a dû être reportée à cause de la crise sanitaire.

JAM avec les agences

réactions dans les médias

Union des villes suisses: Des relations avec l’UE stables ont pour les villes une importance primordiale. L’Union des villes suisses recommande donc le NON à l’initiative de limitation. «Cette initiative populaire va explicitement à l’encontre de la liberté de circulation des personnes et accepte aussi la suppression des autres accords passés avec l’UE», indique l’Union. Dans le même temps, elle demande au Conseil fédéral et au Parlement de «clarifier rapidement avec l’UE les questions non résolues de l’accord institutionnel».

Gilbert Casasus est professeur ordinaire en Études européennes, Université de Fribourg. «Comme toute liberté, celle de circuler librement mérite d’être préservée. Elle a failli succomber aux sirènes extrémistes durant la crise du Covid. Dorénavant, elle doit affronter l’épreuve de l’initiative de limitation qui, comme son nom l’indique, limiterait non seulement l’immigration, mais plus encore ferait peser sur la Confédération helvétique la menace d’une mise à l’écart européenne et internationale. Faisons néanmoins confiance au pragmatisme des Suisses pour rejeter cette fausse bonne idée dont ils seraient, sans aucun doute, les premiers à supporter le fardeau.»

Selon l’ancien conseiller national Peter Spuhler (UDC/TG),«l’initiative est une attaque frontale non seulement contre la libre circulation des personnes, mais aussi contre les accords bilatéraux dans leur ensemble, car «si la libre circulation des personnes est abolie, c’est l’ensemble des accords bilatéraux I qui est en danger», relève-t-il. C’est pourquoi il considère que l’initiative est extrême. «Elle est dangereuse pour la place économique suisse. Je ne comprends pas pourquoi l’UDC soutient cette initiative. En tant qu’entrepreneur je dois et je vais m’engager contre le texte», souligne le président du conseil d’administration de Stadler Rail.JAM

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