Publié le: 10 novembre 2017

«Nous n’acceptons pas cette arnaque!»

«NO BILLAG» – La Chambre suisse des arts et métiers recommande avec une large majorité de voter OUI à l’initiative «No Billag».

Tout chef d’entreprise doit déjà payer la redevance médiatique en tant que particulier. Tous les collaborateurs doivent aussi payer la redevance. Et alors que les entreprises ne peuvent ni écouter la radio, ni regarder la télévision, elles devraient encore, de façon totalement injustifiée, être doublement grevées d’un impôt pouvant atteindre un montant de 35 530 francs par année. Jean-François Rime, président de l’usam, commente la décision de la Chambre suisse des arts et métiers en ces termes: «Les arts et métiers n’acceptent pas cette arnaque, argumente-t-il. Les interventions parlementaires visant à améliorer la situation ont toutes été rejetées par la ministre des médias, Doris Leut­hard. Les entreprises seraient donc être imposées à double sans qu’aucun débat n’ait eu lieu au sujet de la SSR et de son mandat de service public. Une pareille politique est inacceptable, lance Jean-François Rime. Et nous nous y opposons.»

Après un débat soutenu, la Chambre suisse des arts et métiers a décidé de recommander le soutien à l’initiative «No Billag». Et ceci, non pas dans le but, comme l’affirme à tort la SSR, de creuser sa tombe, mais en premier lieu pour la raison suivante: en cas de Oui à l’initiative, la discussion tant attendue sur les services fournis par le géant des médias parrainé par l’Etat devrait être lancée. Et parce que les PME ne devraient pas devoir payer ce qu’elles n’ont pas demandé.

Arguments des opposants

Les adversaires à l’initiative craignent qu’un Oui à l’initiative «No Billag» ne signifie la fin de la SSR. René Rohner, président de l’Union cantonale des arts et métiers d’Appenzell (Rhodes-Extérieures) et membre du comité de la SSR pour la Suisse de l’Est (SRG Ostschweiz), argumente son refus en le basant sur la solidarité entre les régions du pays. En Suisse romande, Blaise Matthey, directeur de la FER à Genève, résume d’un trait: «Cela se résume à savoir si nous sommes pour ou contre la SSR.» Quant à Olivier Mark, président de JardinSuisse, il note que, «malgré la double imposition et l’attitude empreinte d’arrogance de la SSR, une suppression complète de cette dernière serait disproportionnée.»

Que doit faire l’Etat?

Le président de l’usam et conseiller national Jean-François Rime (UDC/FR) a centré son propos sur le point suivant: «Qu’est-ce que l’Etat doit et peut faire, qu’est-ce que le marché peut réaliser lui-même?» Par service publique, rappelle-t-il, «il faut entendre des prestations étatiques qui doivent être nécessairement réalisées et que le secteur privé ne peut pas offrir lui-même.» Aujourd’hui, la Suisse connait une grande diversité des médias. Or l’expansion régulière de la SSR dans un tel contexte contredit toutes les réalités économiques. «Le Conseil fédéral et son administration incluent dans la notion de service publique tout ce que la SSR fait actuellement, déplore le président de l’usam. Or c’est précisément parce que la SSR a été jusqu’ici financièrement choyée qu’elle n’est pas prête à bouger d’un millimètre.» Cette réalité se reflète selon lui égale­ment dans l’importance exagérée accordée aux activités de relations publiques.

Une question de crédibilité

Même pour Peter Schilliger (PLR/LU), seul un Oui à l’initiative «No Billag» offre l’occasion de discuter en profondeur les services de la SSR. «Notre adversaire n’est pas la SSR, précise l’entrepreneur lucernois face aux adversaires de l’initiative. Toutefois, les services de radio et de télévision de l’Etat doivent maintenant être débattus sur une base plus large. Jusqu’ici, le rôle politique se réduisait à un simple débat lorsque le Conseil fédéral et l’administration avait déjà discuté avec la SSR. Maintenant, il faut que cela change!» Même constat pour la conseillère nationale Sylvia Flückiger (UDC/AG), qui rappelle que l’usam est impliquée depuis dix dans la lutte contre les nouvelles taxes, frais supplémentaires et injustifiés au Parlement. «Pourquoi devrions-nous accepter que les PME paient chaque année 300 millions de francs de plus en services qu’elles n’ont pas commandé?» Du reste, lance-t-elle, les arguments avancés dans la lutte contre la loi sur la RTV sont toujours valables: «Les PME n’écoutent pas la radio ni ne regardent la télévision.» Seules les personnes le font, et on leur demande déjà de s’acquitter de ces montants en privé.» Il faut selon elle s’engager pour «No Billag», car il en va de la crédibilité des arts et métiers.

En/usam

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