Publié le: 4 septembre 2020

«Nous serions tous perdants»

Initiative de limitation – Même si le mot «limitation» peut faire mouche au Tessin, Fabio Regazzi, conseiller national (PDC/TI) et patron de PME, défend de toutes ses forces l’approche bilatérale.

«Avec ce vote, nous sommes à la croisée des chemins de la politique européenne», estime Fabio Regazzi, conseiller national (PDC/TI) et patron de PME, en commentant l’initiative de l’UDC. Qui ne doit pas passer. L’accord sur la libre circulation des personnes (ALCP) est lié aux six autres accords bilatéraux I par la clause guillotine. S’il tombe, il entraîne tous les autres accords.

«Accepter ce texte reviendrait à tout faire sauter.»

«Les conséquences seraient particulièrement dures pour les PME s’agissant de réciprocité», rappelle le Tessinois. «La charge administrative pour exporter vers l’UE augmenterait sans aucun doute.» La reconnaissance des règlements relatifs aux produits deviendrait obsolète et les règlements techniques pourraient être retirés.

Ne pas mettre en péril l’existant

Grâce aux 67 000 frontaliers qui passent la frontière chaque jour, le Tessin compense la pénurie de travailleurs qualifiés. «Mais à la tête d’une PME, je sais l’importance d’une économie ouverte. Sans elle, impossible de se développer et de créer des emplois.» De plus, le Tessin ne pourrait pas survivre sans ses clients commerciaux dans toute la Suisse. Il pense aux clients des secteurs de la construction et de l’ingénierie, qui «sont certainement confrontés à la pénurie de travailleurs qualifiés».

Il peut comprendre que ces arguments puissent être oubliés dans une ville comme Mendrisio. Dans cette «splendide petite ville» située à cinq kilomètres de l’Italie, le nombre de travailleurs transfrontaliers dépasse celui de la main-d’œuvre locale. Compte tenu du trafic des pendulaires, on peut comprendre qu’une initiative comportant le mot «limitation» puisse être tentante.

Après tout, le marché du travail tessinois est directement voisin d’un marché du travail qui compte dix millions d’employés potentiels. En termes de salaires moyens, la Lombardie est la région la plus riche et la plus fructueuse d’Italie. En revanche, le Tessin a les salaires moyens les plus bas de Suisse. Mais le salaire moyen au Tessin est plus de deux fois plus élevé qu’en Lombardie. «C’est la réalité. Un déséquilibre, un écart que les autres régions de Suisse ignorent», déclare l’entrepreneur en métallurgie.

«Pour nous les Tessinois»

«Mais même nous, au Tessin, ne devons pas oublier: L’initiative met en péril les réalisations, les accords bilatéraux qui ont apporté à notre nation des avantages reconnus et quantifiables en termes de prospérité et d’emplois au cours des dernières décennies.» Accepter l’initiative reviendrait à tout faire sauter. Et le volume même de la nouvelle bureaucratie dépasserait les capacités de nombreuses PME. La conclusion de Regazzi: «Nous serions tous perdants.»

Tout le monde bénéficie des accords bilatéraux, c’est la voie qu’il faut poursuivre. «Pour nous, citoyens tessinois, il est toutefois essentiel de défendre et, si possible, de renforcer les mesures d’accompagnement.» Il a déclaré que la protection des salaires ne devait pas être remise en question. «Nous sommes un partenaire économique et de négociation fort de l’UE et nous le resterons à l’avenir.»

aeb/uhl

www.limitation-non.ch

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