Publié le: 3 octobre 2014

Nouvelles dynamiques

imposition selon la dépense – Dans les régions de montagne, la menace de sa suppression effraie les plus courageux. A Verbier, les artisans s’organisent dans un monde post-weberien.

Les artisans qui construisent des chalets dans le haut de gamme s’inquiètent des menaces qui pèsent sur l’imposition sur la dépense. Car pour eux, cette clientèle aisée venue en Suisse «au forfait» dispose d’un pouvoir d’achat élevé. A l’image de Lucien Besson, entrepreneur de Verbier, dont l’entreprise, Besson Charpente-Menuiserie, est basée à Sembrancher, à proximité de la route du Grand-Saint-Bernard. A quelques centaine de mètres, d’ailleurs, de son cousin: le boulanger Michellod a lui aussi établi son centre de production dans cette zone industrielle.

Conséquences du vote 
sur les résidences secondaires

Pour Lucien Besson, les conséquences du vote sur les résidences secondaires ont été catastrophiques. «Je me suis retrouvé le lendemain de la votation à mon bureau, à me demander ce que je devais faire pour m’en sortir. L’une des premières choses à laquelle j’ai pensé, c’est de travailler à l’extérieur. Martigny, Montana, Zermatt, c’est évident, mais il existe aussi des marchés plus lointains auxquels il vaut la peine de réfléchir.» Des projets sont en cours, mais c’est encore un peu tôt pour en parler.

Ces patrons s’organisent pour se donner des vecteurs de croissance dans un contexte de démontage de l’économie alpine et dans un climat post-weberien. Une nouvelle co-entreprise a été créée. C’est Chalissima. «Michel Cretton, directeur de Fernand Cretton & Cie SA, menuiserie ébénisterie basée à Orsières, en est la locomotive, c’est lui qui nous fait avancer à grande vitesse et porte les projets à bout de bras avec Pierre-Henri Cretton», raconte Lucien Besson. «Nous avons aussi comme partenaires G Comina SA, avec Grégoire Comina, Fabrice Délitroz, Benoit Vaudan et Thierry Schaer.»

Une co-entreprise: un atout 
au plan suprarégional

Le groupe G Comina SA regroupe 50 collaborateurs. Cette société familiale créée en 1947. «Notre bureau imagine l’architecture du chalet en suivant ses valeurs: créativité, soin du détail et rigueur du concept architectural.» La PME Besson Charpente est implantée depuis 1949 à Verbier et occupe 50 collaborateurs. Fernand Cretton s’est spécialisé sur le vieux bois. La société fondée en 1956 travaille à l’ancienne avec 30 collaborateurs. Ensemble, ils se lancent dans le sur mesure avec de très vieux bois. Retour au chalet classique: «Chalissima réunit les savoir-faire d’experts passionnés pour vous offrir la réalisation de chalets haut de gamme dans la plus pure tradition suisse, lit-on sur la nouvelle plaquette. Architectes, charpentiers, menuisiers, tous les corps de métiers indispensables à la réalisation d’un chalet haut de haute tenue travaillent main dans la main et dans le même esprit de qualité et d’exigence.»

Défense nécessaire

de l’imposition selon la dépense

Des métiers qui auraient tout à perdre d’une suppression des forfaits. Dans la région, l’amicale des propriétaires de chalet fournit au Festival de Verbier 1 million de francs de budget sur 10. Et cofinance de nombreux projets culturels et sportifs.

La nouvelle société propose un service complet, du début du projet à la remise des clés. «Etude de faisabilité, esquisses, plans, choix des matériaux, construction et travaux de finition, nous nous engageons sur la totalité de la chaîne de production, dans le respect des prix et des délais.»

Positionnement haut de gamme

et vieux bois séculaires

Dans un immense hangar de plusieurs milliers de mètres carrés sont stockés des bois vieux de centaines d’années. «Voici des poutres qui datent des 16e, 17e, 18e et 19e siècles. Un vrai trésor de guerre pour construire des chalets uniques avec des matériaux antiques, cette patine acquise avec patience à travers les âges donne un rendu naturel inégalable sans nécessiter de teintage chimique», poursuit Michel Cretton. «Nous croyons aux matériaux qui véhiculent une histoire, qui conservent les traces palpables du passé, tout en offrant le meilleur du confort moderne.»

Des rabatteurs sont utilisés pour trouver de vieux mayens en Suisse, en Italie, en Autriche et bien au-delà encore pour récupérer des bois authentiques non vieillis par des techniques artificielles. Discrètement truffé de haute technologie, le chalet authentique valaisan plait beaucoup aux expatriés et aux personnes imposées au forfait.

François Othenin-Girard

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