Croche-pied des experts
PRéVOYANCE VIEILLESSE – La proposition des syndicats, soutenue par l’Union patronale, s’avère vivement critiquée par plusieurs experts. «Ne rien faire serait une bien meilleure option», conclut Monika Bütler.
RÉVISION LPP – La conseillère nationale Verena Herzog (UDC/TH) craint un conflit de générations: «Les générations futures devront payer le prix fort pour ce gâchis.» S’éloigner du modèle des trois piliers serait une «politique irresponsable».
Verena Herzog: La situation est grave. Il y a déjà une redistribution des jeunes vers les personnes âgées dans le 2e pilier. Cela n’était pas prévu et pèse sur le capital-retraite de la génération active. Ces lacunes devront ensuite être comblées à nouveau par les jeunes. C’est une spirale négative irresponsable, une sorte de boule de neige.
Comme vous pouvez le constater, la politique n’est pas la bonne autorité pour déterminer le taux de conversion minimum. Ces paramètres techniques devraient être dépolitisés et liés, par exemple, à l’espérance de vie.
C’est irresponsable de jeter par-dessus bord notre modèle des trois piliers qui a fait ses preuves. Le 2e pilier sera alors comme le 1er pilier, une machine à redistribuer que vous n’enlèverez jamais. Les générations futures devront payer cher ce gâchis.
«les paramètres techniques devraient être dépolitisés.»
Quelqu’un doit payer pour cette augmentation. Nos PME seraient les plus durement touchées. Aucun de nos services sociaux n’est solidement positionné. Il est négligent et irresponsable de penser à l’augmentation des prestations dans ce domaine.
Oui, je le crains effectivement. Notre système a fait ses preuves depuis longtemps. Le fait que l’Union patronale soit en train de bousculer l’idée de proposer des améliorations structurelles est plutôt inquiétant.
Non. Avec des institutions de redistribution aussi importantes, il y a toujours de fausses incitations et de nouvelles injustices. Ensuite, un changement de réglage d’un côté provoque des dysfonctionnements de l’autre. La redistribution des jeunes vers les personnes âgées ne devrait pas faire partie du deuxième pilier. Il y a fort à craindre que le conflit des générations continuera de s’intensifier.
«BIENTÔT, LES SYSTÈMES DE REDISTRIBUTION NE SERONT PLUS finançables.»
Cela risque d’empirer. Bientôt, ces systèmes de redistribution ne seront plus finançables. L’AVS sera elle aussi très vite de nouveau dans le rouge. Et ainsi, nous transférerons les problèmes aux générations futures.
La Suisse perdrait de son attrait en tant que place économique. Nous avons déjà des coûts salariaux élevés, mais avec l’augmentation des prélèvements la situation ne ferait qu’empirer.
La réduction de la déduction de coordination entraîne également des coûts supplémentaires et constitue une augmentation. Mais pour pouvoir amortir partiellement l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, qui aurait dû être repoussée depuis longtemps, étant donné qu’une grande partie des femmes travaillent à temps partiel, il conviendrait d’envisager au moins une réduction de la déduction pour coordination.
«UNE AUGMENTATION N’EST PAS NÉCESSAIRE.»
Cette approche doit être suivie. Nous ne pouvons pas éviter de nous attaquer aux causes profondes des problèmes. La réduction du taux de conversion doit, bien entendu, être amortie. Toutefois, il n’est pas nécessaire de l’augmenter, et il n’y a aucune raison de le faire.
Dans le cas d’un Parlement bourgeois, il se peut qu’il y ait des corrections. Mais si l’économie suisse n’est plus unie par notre modèle de réussite libéral et autonome, avec un Etat maigre et des systèmes de protection sociale intelligents, le houblon et le malt seront probablement perdus.
Interview: Adrian Uhlmann
Verena Herzog (63 ans) représente l’UDC thurgovienne au Conseil national depuis 2013. Elle est membre de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture et de la Commission de la sécurité sociale et de la santé. Cette institutrice de maternelle diplômée est mariée et a trois enfants. Depuis 2001, elle est directrice générale d’un cabinet d’orthodontie. En octobre, Verena Herzog briguera à nouveau un siège au Conseil national.
Maintien du principe des 3 piliers
Une réduction du taux de conversion minimal, amortie par l’augmentation des bonifications de vieillesse et des mesures en faveur de la génération transitoire: tels sont les chiffres clés du modèle de l’usam pour la révision LPP. Contrairement au modèle syndical, qui est soutenu par l’Association patronale, le modèle de l’usam ne prévoit pas d’augmentation des prestations ni de redistribution dans le deuxième pilier. Le principe des trois piliers est maintenu. Le modèle de l’usam coûte environ un milliard de francs de moins que le contre-modèle.
L’approche de la plus grande association faîtière de l’économie suisse s’abstient délibérément d’augmenter les pourcentages salariaux ou d’adapter la retenue de coordination.
Congrès suisse des arts et métiers: l’usam élit ses organes et pose des jalons
L’usam recommande de voter OUI au projet EFAS ainsi qu’aux deux projets relatifs au droit du bail
L’usam s’oppose avec véhémence à la hausse des cotisations salariales
L’usam salue la démarche du Conseil fédéral quant au mandat de négociation avec l’UE
L’usam regrette le «oui» à la 13e rente AVS et le «non» à l’augmentation de l’âge de la retraite
L’usam considère l’approche par paquet comme voie possible