Publié le: 9 novembre 2018

Penser «Paris» sans paniquer

politique climatique – Au lieu de donner dans l’alarmisme, le panel des Nations Unies sur le climat ferait mieux de se concentrer sur la mise en œuvre des décisions prises à Paris en 2015.

«On ne résout pas un problème climatique en paniquant», lance Norine Kennedy, spécialiste du climat auprès de l’United States Council for International Business (USCIB). Au contraire, explique-t-elle, l’efficacité réside dans une grande variété de mesures pratiques. Or c’est exactement ce que prévoit la Convention de Paris sur le climat. Indépendamment de la récente discussion du panel climatique des Nations Unies, les délégués réunis à Paris ont établi un consensus sur les trois points suivants.

Premièrement, le changement climatique est un phénomène mondial qui nécessite des solutions mondiales. Deuxièmement: il n’existe pas de recettes globales, mais seule­ment des conditions-cadres favorables permettant de mettre en place diverses mesures. Troisièmement, les actions doivent être aussi pratiques que possible pour être mises en œuvre avec succès.

Un accord plein de nuances

«La Convention de Paris est un document équilibré qui est rarement lu attentivement», estime Norine Kennedy. Tout d’abord, il n’y a rien sur un objectif de 1,5 degré. L’objectif est de renforcer la réponse globale à la menace du changement climatique, notamment en maintenant l’augmentation de la température bien en dessous de 2 degrés Celsius et, si possible, à 1,5 degré Celsius au-dessus des moyennes préindustrielles. La Convention de Paris est selon elle un texte plein de nuances et d’équilibres. Ratifiée par une majorité d’États, elle sera mise en œuvre. La participation des pays industrialisés et des pays en développement est un point crucial.

La force de la diversité

Non seulement l’objectif du renforce­ment de la lutte globale contre le changement climatique – mais égale­ment les instruments de cette lutte reposent sur la diversité des mesures prises. Chaque pays, chaque individu est confronté à des circonstances spécifiques. Et donc à des mesures spécifiques en fonction de leurs atouts, de leurs différences, des capacités inégales dont ils disposent.

La Convention contient une liste de mesures parmi lesquelles on trouve les paiements monétaires, le transfert de technologie, les mécanismes liés au marché tout comme les interdictions, la sensibilisa­-tion, les mesures purement natio­-nales, sectorielles, multisectorielles, neutres sur le plan technologique, liée à une seule technologie, etc.

Toutes les options y figurent sans ordre de priorité. La Convention ne contient qu’un seul commandement: rien ne peut être compté deux fois comme mesure de réduction des émissions ou action climatique.

Un Paris, c’est assez

«La Convention a été critiquée tous azimuts, rappelle notre spécialiste. Pour certains elle va trop loin, pour d’autres, cela n’est pas suffisant.» Mais dans les deux cas, on se méprend sur la nature de l’accord.

«Paris n’est pas un plan d’action, précise Norine. Paris pose des contraintes, dont la formulation est toutefois suffisamment ouverte pour permettre à différentes alternatives de se faire concurrence. C’est toute la sagesse de ce texte.»

Le panel des Nations Unies sur le climat devrait contribuer à informer et simplifier le processus de mise en œuvre de la Convention de Paris. L’alarmisme dont il fait preuve n’est donc pas en soi une qualité particulièrement scientifique. De la prudence, beaucoup de diversité et des conditions-cadres favorables, telles sont les clés du succès.

Henrique Schneider, usam

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