Publié le: 1 octobre 2021

Politique fourmi ou relâchement cigale

budget – Pour s’assurer des provisions, la Suisse doit dès aujourd’hui opter pour une approche plus stricte permettant une marge de manœuvre généreuse pour de futurs investissements. Ceci permettra de créer les conditions-cadre pour une meilleure reprise économique.

«Elle alla crier famineChez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêterQuelque grain pour subsister...»

Jean de la Fontaine (1621-1695)

La pandémie de Covid-19 a entraîné simultanément la Suisse dans une situation de crise (récession, affaiblissement des chaînes de valeur, hausse du chômage et du chômage partiel) et dans une situation de relâchement budgétaire. Selon les estimations actuelles, la dette publique brute s’est accrue et passera à 110,5 milliards (+ 6,9 milliards) en 2021, ce qui correspond à 15,0 % du PIB. Le processus de réduction de la dette liée au Covid-19 est entamé grâce aux montants supplémentaires distribués par la BNS étant comptabilisés au titre de recettes extraordinaires. Le mécanisme du frein à l’endettement est respecté et le budget ordinaire sera tout juste équilibré.

Les informations relatives au budget 2022 se veulent donc plutôt rassurantes et, dans ce contexte de reprise économique, il serait malvenu de vouloir une politique budgétaire plus prudente. Vraiment? Serait-ce vraiment insensé de plaider pour plus de prudence financière et moins d’impôts? Certains pensent que le mécanisme du frein à l’endettement a fait ses preuves et grâce à lui, l’État était en mesure d’aider rapidement les entreprises, et que par conséquent, ce mécanisme devrait être consolidé, voire renforcé.

D’autres sont d’avis, que pour surmonter la «crise du coronavirus», il faudrait augmenter les impôts, bien que le lien entre hausse d’impôt et résolution de la crise soit clairement négatif. Comme la fourmi qui travaille dur et qui fait ses provisions pour l’hiver, le mécanisme du frein à l’endettement permet de faire des provisions pour parer à des temps plus difficiles. Alors que la cigale qui chante et se prélasse se retrouve dans une situation compliquée à devoir réclamer de l’aide.

Pour revitaliser l’économie et éviter que l’État ne gonfle à tous les niveaux, la Suisse doit (comme les entreprises) innover tant sur le marché intérieur qu’en matière de politique extérieure.

Ce n’est qu’en optant pour une politique budgétaire plus restrictive, que la Suisse se donnera la marge de manœuvre pour promouvoir les dépenses d’investissement et renforcer les conditions-cadre favorisant la prise de risques, l’innovation et la prospérité.

La balle est au Parlement

Sur la base du budget 2022, le Parlement va devoir prendre des décisions en matière de politique budgétaire. Si les dépenses extraordinaires étaient parfaitement justifiées et complètement légitimes pour aider les entreprises, il faudrait à nouveau et dès à présent se focaliser sur une politique budgétaire plus prudente.

la cigale qui chante et se prélasse se retrouve dans une situation compliquée

Les grandes priorités seront donc de freiner le recours aux dépenses extraordinaires, de consolider le mécanisme du frein à l’endettement et, avoir une vision proactive, en remettant sur la table le plafonnement du personnel fédéral, reconsidérer les approches étudiées par le groupe d’experts sur le frein à l’endettement (pour plus de maîtrise financière), mettre en œuvre un plan d’actions visant à réduire les dépenses de santé et de soins, limiter les dépenses des mandats externes, obtenir la mise en œuvre de la motion sur les dépenses liées (déjà adoptée depuis plusieurs années par le Parlement). Ainsi, les provisions permettront les futures dépenses d’investissement et une marge de manœuvre pour faire face à d’autres turbulences.

Alexa Krattinger, usam

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