Allocation de garde financée par les employeurs: une décision inacceptable
Portes ouvertes dans le medical device
Véronique Timmermans – Comment entrer sur un marché aussi complexe que celui des dispositifs médicaux en Europe? 
Pour disposer d’une démarche intégrée, il faut d’abord se familiariser avec les nombreux fondamentaux, comme le marquage CE.
La rencontre avec Véronique Timmermans remonte à une intervention que cette consultante spécialisée a donnée à l’occasion de l’Ilmac-Lausanne, un salon spécialisé dans la chimie, la pharma et les biotechs. Elle nous explique les avantages d’une stratégie intégrée pour entrer sur ces marchés européens très réglementés et hautement complexes. Et la méthode qu’elle utilise pour entrer sur ces marchés complexes.
JAM: Pour les profanes, qu’est-ce qu’un dispositif médical?
nVéronique Timmermans: Ce groupe de produits très vaste inclut aussi bien les pansements les plus simples qu’on achète dans la grande distribution, que les valves cardiaques posées lors de procédures compliquées, les prothèses auditives, et les test in-vitro comme ceux qui vous permettent de déterminer si vous avez une angine à streptocoque. Les dispositifs médicaux sont divisés en différentes classes (I, IIa, IIb, III, et dispositif médicaux implantables actifs ou DMIA), en fonction de la durée d’utilisation maximale et du degré du 
risque associé au dispositif. Un stent cardiaque sécrétant une substance thérapeutique appartient à la classe III, alors que certains cathéters ou un scalpel sont de classe I.
Comment se fait la prise en charge des soins médicaux en Europe?
n Nous sommes tous des patients potentiels qui bĂ©nĂ©ficions, Ă un moment donnĂ© ou Ă un autre, de soins mĂ©dicaux. Les modalitĂ©s de prise en charge varient d’un pays Ă l’autre. En Suisse, par exemple, les assurances-maladies obligatoires responsables de cette prise en charge sont des enÂtreprises privĂ©es. En France (SĂ©curitĂ© sociale) et en Angleterre (National Health Services), les soins mĂ©dicaux sont pris en charge Ă travers un système centralisĂ© financĂ© Ă travers les impĂ´ts. DiffĂ©rents pays gèrent les systèmes de santĂ© de manière diffĂ©rente, mais in fine, c’est la mĂŞme chose pour le patient, consommateur de soins mĂ©dicaux, qui se rend chez un mĂ©decin ou Ă l’hĂ´pital: le système, quel qu’il soit, va prendre en charge la majoritĂ© de ses soins.
Quelles sont les contraintes réglementaires?
n Depuis des annĂ©es, les diffĂ©rents pays ont mis en place un système qui permet d’enregistrer ou d’homoloÂguer aussi bien les mĂ©dicaments que les dispositifs mĂ©dicaux. Ces exiÂgences rĂ©glementaires sont le garde-fou indispensable sans lequel n’importe qui pourrait crĂ©er un nouveau mĂ©dicament ou dispositif et le vendre, sans aucune garantie d’efficaÂcitĂ© et de sĂ©curitĂ©. Cette situation exposerait le patient potentiel Ă toutes sortes de risques. Un dispositif mĂ©dical rĂ©pondant aux exigences rĂ©glementaires europĂ©ennes acquiert le marquage CE, qui est valable aussi en Suisse. Cette homologation permet d’assurer que le produit mĂ©dical est sĂ»r et efficace.
Comment obtenir ce marquage CE?
n Pour obtenir le marquage CE, le fabricant d’un dispositif mĂ©dical doit prouver que son produit est sĂ»r et efficace selon ses revendications. «SĂ»r» signifie que les effets secondaires associĂ©s au dispositif sont peu frĂ©quents et peu sĂ©vères en comparaison Ă un traitement de rĂ©fĂ©rence. «Efficace» fait rĂ©fĂ©rence Ă l’action thĂ©rapeutique du produit. Par exemple, prenons un pansement totalement innovant, avec un revĂŞtement spĂ©cial Ă base d’argent permettant de diminuer le taux d’infection des plaies. En tant que fabricant, vous devrez prouver que ce panseÂment engendre peu d’effets secondaires (par exemple, des allergies Ă l’adhĂ©sif), et aussi que le taux d’infection est moindre avec votre revĂŞteÂment spĂ©cial Ă l’argent. Dans le passĂ©, les fabricants faisaient un certain nombre de tests selon des normes Ă©tablies pour acquĂ©rir le marquage CE. DorĂ©navant, dans les annĂ©es qui viennent, il sera attendu que des Ă©tudes cliniques plus complexes soient mises en place afin de dĂ©montrer la sĂ©curitĂ© et l’efficacitĂ© des dispositifs chez les patients. Le marquage CE est une première Ă©tape d’homologation d’un dispositif mĂ©dical en Europe. Il permet au fabricant de le commercialiser dans des Ă©tablissements de santĂ©, hĂ´pitaux, cliniques, cabinets mĂ©dicaux par exemple. Pour la plupart des dispositifs, il est nĂ©cessaire que, en plus du marquage CE, le remÂbourseÂment soit accordĂ© pour qu’ils soient pris en charge par les assuÂrances maladies.
Qu’est-ce qu’un système de 
remboursement?
n Un système de remboursement est l’ensemble des processus et des organismes impliqués dans un pays ou une région donnée qui permettent d’examiner et d’accorder la prise 
en charge (ou le refus de prise en charge) des produits médicaux. Pour les dispositifs médicaux innovants, c’est un deuxième obstacle à la mise sur le marché, qui a ses propres 
exigences, plus élevées que le marquage CE. Obtenir le remboursement pour un dispositif signifie qu’il sera remboursé par le système de santé si un patient en a besoin.
Comment le financement des dispositifs innovants évolue-t-il?
n Partout, les pouvoirs publics esÂsaient de plafonner les dĂ©penses. Grâce Ă l’innovation mĂ©dicale, aussi bien du cĂ´tĂ© des technologies mĂ©dicale que de celui des mĂ©dicaments, l’espĂ©rance de vie a augmentĂ©, nos populations vieillissent et demandent de plus en plus de soins. De plus, nos attentes sont Ă©normes: Ă tous les âges, nous comptons sur le fait d’être traitĂ©s, guĂ©ris et de conserver une bonne qualitĂ© de vie. Nos sociĂ©tĂ©s occidentales sont grandes consommatrices de technologies mĂ©dicales. Depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ , nombre de systèmes de santĂ© dans le monde entier constatent qu’ils sont dĂ©ficitaires. La soif de dĂ©penses de santĂ© excède parfois les capacitĂ©s de prise en charge.
Quelle est la stratégie des fabricants de dispositifs médicaux par rapport au remboursement?
n Le principe du remboursement, c’est donc que votre traitement soit pris en charge, remboursĂ©. Vous allez Ă l’hĂ´pital pour l’implantation d’une prothèse de genoux. Le chiÂrurgien a le choix entre diffĂ©rentes prothèses, issues de diffĂ©rents fabricants. Il va prendre de prĂ©fĂ©rence celle qui est remboursĂ©e. L’objectif des fabricants de la plupart des technologies mĂ©dicales est d’obtenir le remboursement afin que son proÂduit soit remboursĂ© et que l’établissement de santĂ© puisse l’acheter sans souci et le mĂ©decin puisse facilement traiter son patient avec le produit de son choix.
«sans remboursement, le producteur doit vendre son nouveau produit directement au patient.»
Le remboursement n’est pas toujours une nĂ©cessitĂ©: certains fabricants choisissent de ne pas demander le remboursement et de commercialiser sans que leur dispositif soit pris en charge. Par exemple, un système de contrĂ´le de la glycĂ©mie (concentration du glucose dans le sang) pour les diabĂ©tiques vient d’obtenir le marquage CE. Deux options sont possibles au fabricant. En l’absence de remboursement, le 
fabricant doit vendre son nouveau produit directement aux patients et de ce fait, doit faire de la publicitĂ© comme pour un autre bien de consommation, avec l’espoir d’atteindre le plus grand nombre de patients possibles. Ce produit n’étant pas remboursĂ©, il est possible que seuleÂment 10% de la patientèle diabĂ©tique pourra avoir un pouvoir d’achat suffisant pour acheter ce nouveau dispositif. L’absence de remboursement limite donc l’accès Ă ce dispositif aux patients ayant un pouvoir d’achat Ă©levĂ©. Alternativement, le fabricant pourra dĂ©cider de faire la dĂ©marche et prĂ©parer une demande de remboursement, qui est dans 
certains pays un long processus, mais peut permettre de mettre son produit Ă la disposition de plus de patients.
Quelle est la situation du 
remboursement en Suisse?
n En Suisse, toute procĂ©dure appropriĂ©e, efficace et coĂ»t-efficace est en principe remboursĂ©e. C’est la loi. AppropriĂ©e veut dire qu’elle rĂ©pond Ă un besoin pour une certaine tranche de la population. Par exemple, sachant que 10 Ă 12% de la population adulte en Suisse souffre d’incontinence urinaire, il est appropriĂ© que les personnes qui en souffrent puissent bĂ©nĂ©ficier de traitement dont on a prouvĂ© l’efficacitĂ© et qu’il soit pris en charge. L’efficacitĂ© clinique est simple Ă comprendre: il faut que la technologie permette d’apporter une amĂ©lioration de la pathologie, de l’état clinique global du patient, y compris sa qualitĂ© de vie. Une personne qui est soignĂ©e de manière efficace est une personne qui va recommencer Ă travailler, sortir, Ă avoir une vie familiale, sociale, sa qualitĂ© de vie est un facteur essentiel de l’état clinique du patient. La notion de «coĂ»t-efficacité» fait rĂ©fĂ©rence au rapport entre le coĂ»t supplĂ©mentaire de la technologie innovante par rapport aux mĂ©thodes conventionnelles, et l’économie en soins rĂ©alisĂ©e en adoptant cette nouvelle technologie. Si une telle technologie est moins coĂ»teuse que le prix de traitement actuel, tout en donnant des rĂ©sultats cliniques comparables, alors on peut dire que cette nouvelle technologie est coĂ»t-efficace. Par exemple, un test de diagnostic du cancer du sein peut coĂ»ter environ 3000 francs, mais chez 80% des patients, il permet d’éviter un traitement de chimioÂthĂ©rapie qui, lui, coĂ»te 15 000 francs, tout en n’affectant pas le pronosÂ-
tic du patient: ce test est coĂ»t-effiÂcace.
Pourquoi certaines technologies médicales sont-elles remises en cause par certains systèmes de remboursement?
n Toutes sortes de raisons sont possibles: parce que l’efficacitĂ© du dispositif n’est pas suffisamment prouÂvĂ©e, ou parce que les rĂ©sultats cliÂniques ne sont pas concluants, ou parce qu’adopter certaines tech-
nologies ne serait pas viable Ă©conomiqueÂment, ou parce que leur coĂ»t-efficacitĂ© n’est pas dĂ©montrĂ©. De plus en plus, les fabricants de technologies mĂ©dicales innovantes sont sous pression pour produire des preuves cliniques et mĂ©dico-Ă©conomiques de qualitĂ© justifiant l’intĂ©rĂŞt de ces innovations. C’est un processus complexe, coĂ»teux, et qui demande la contribution de nombreux experts. En Suisse, pour les technologies mĂ©dicales innovantes remises en cause, controversĂ©es, il est conseillĂ© de soumettre une demande de remboursement, constituer un dossier adressĂ© Ă l’Office fĂ©dĂ©ral de la santĂ© publique (OFSP) qui examinera les argumentaires Ă l’appui de tous ces points. MedC Partners, l’entreprise dans laquelle je travaille, s’occupe aussi de constituer ces dossiers.
Au vu du coĂ»t de dĂ©veloppement, de l’environnement concurrentiel et des difficultĂ©s liĂ©es au remÂbourseÂment, quelles stratĂ©gies les fabricants adoptent-ils?
n Nombre de petits et moyens fabricants ne survivent pas, ou ne parviennent pas Ă pĂ©renniser leur innovation. La co-fondatrice et General Manager de MedC Partners, 
Corinne Lebourgeois, a dĂ©veloppĂ© MedMAP, une mĂ©thodologie gĂ©Âniale qui permet justement l’aide Ă la dĂ©cision stratĂ©gique pour les technologies mĂ©dicales. Cette mĂ©thode peut d’ailleurs ĂŞtre utile aussi bien aux grandes entreprises qu’aux petites. Le principe de cette approche est d’établir un tableau de l’environnement autour de la technologie mĂ©dicale innovante en tenant compte des paramètres pertinents pour le fabricant: marchĂ©, type de prise en charge de la maladie concernĂ©e, diffĂ©rentes indications possibles, etc, afin de voir, après une analyse poussĂ©e, quelle direction est la plus porteuse pour le fabricant. Par exemple un acide hyaluronique peut ĂŞtre utilisĂ© pour le comblement de rides, en orthopĂ©die pour le soulageÂment des douleurs articulaires, ou dans la chirurgie du glaucome de l’œil. Trois domaines possibles, lequel va ĂŞtre le plus porteur pour le fabricant? MedMAP met en Ă©viÂdence les obstacles, les opportunitĂ©s, les limites, dans le cas de ces trois 
domaines d’application. En fonction des objectifs du fabricant, nous sommes alors en mesure de recommander une direction prĂ©cise ou d’associer des prioritĂ©s aux options possibles, afin qu’il puisse concentrer ses ressources et ses efforts dans la direction qui lui est la plus favorable. Autre exemple: un moniteur de la glycĂ©mie a le marquage CE, le fabricant dispose d’un budget limitĂ© pour obtenir le remboursement. Sachant que les processus de remboursement et de commercialisation sont coĂ»teux, sur quel marchĂ© deÂvrait-il d’abord entrer, entre l’Allemagne, la France ou le Royaume-Uni? Lequel est le plus porteur? MedMAP, Ă©tablit des ponts et des comparaisons d’un pays Ă l’autre, pour savoir quel est le plus favorable Ă une technologie mĂ©dicale donnĂ©e Ă un moment donnĂ©, en tenant compte de très nombreux paramètres pertinents pour le fabricant.
Interview: François Othenin-Girard
TRAJECTOIRE en mode recombinant
VĂ©ronique Timmermans dispose d’un diplĂ´me de biologie molĂ©cuÂlaire. Elle a commencĂ© Ă travailler Ă Paris dans le monde de la pharma au sein d’une grande structure.
«Je travaillais sur les molĂ©cules recombinantes. Des protĂ©ines qui sont naturellement sĂ©crĂ©tĂ©es par l’humain et qui chez certains patients ne fonctionnent pas. Nous essayions de faire fabriquer Ă des micro-organismes des protĂ©ines humaines afin de les injecter et de lutter contre certaines maladies. Un exemple de protĂ©ine recombinante est l’éryÂthropoĂŻĂ©tine (EPO), dont on a beaucoup entendu parler lors des scandales de doping dans le monde du sport, mais qui est surtout utilisĂ©e en traitement de certaines maladies graves.»
Les débuts de la biotech
«Je travaillais plutĂ´t dans le doÂmaine d’une maladie qui affecte les pays en voie de dĂ©veloppement, la leishmaniose, et sur les pathologies du cancer. Ces protĂ©ines impliquĂ©es dans le système immunitaire humain sont des cibles pour soigner certains cancers, et des thĂ©rapies sont au point qui utilisent des protĂ©ines 
recombinantes.» «Quand j’y travaillais, la biotechnologie en Ă©tait Ă son balbutiement. Le laboratoire dont j’étais responsable a investi dans une technologie qui permettait de mesurer le taux d’impuretĂ©s dans ces proÂtĂ©ines recombinantes. Je m’entendais très bien avec la personne qui est venue donner la formation sur cette technologie très sophistiquĂ©e inventĂ©e en Californie près de l’UniversitĂ© de Stanford, Ă San Francisco. Je me suis vue offrir un poste lĂ -bas et je l’ai pris. Au dĂ©but, c’était pour une annĂ©e, et au final, j’y suis restĂ©e neuf ans.»
Neuf années en Californie
«Nous sommes dans les annĂ©es 1990. Je suis donc passĂ©e de l’industrie pharma Ă celle des tests pour le «high throughput screening», le criblage Ă haut dĂ©bit. Nous dĂ©veloppions dans cette sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine des technologies qui permettaient aux sociĂ©tĂ©s pharmaceutiques de tester parmi des millions de molĂ©cules chimiques issues de leurs laboratoires celles potentiellement 
aptes Ă devenir un mĂ©dicament. En effet, très en amont des mĂ©dicaments sur le marchĂ©, certaines enÂtreprises pharmaceutiques commencent par synthĂ©tiser des millions de molĂ©cules, de manière alĂ©atoire, et leur font subir divers tests Ă haut-dĂ©bit afin d’éliminer les non-candidats. Il faut environ 15 ans pour dĂ©velopper un mĂ©dicament, et cela coĂ»te des millions de francs. Un processus d’élimination prĂ©cis et rapide est donc vital. Ă€ la suite de ces annĂ©es en Californie, j’ai cherchĂ© Ă revenir en Europe, et j’ai trouvĂ© un poste en Suisse, oĂą j’ai continuĂ© Ă travailler quelques annĂ©es dans ce monde du criblage Ă haut dĂ©bit. Et puis j’ai rencontrĂ© Corinne Lebourgeois, qui a fondĂ© MedC Partners il y a douze ans. Nous avons dĂ©cidĂ© de travailler ensemble. En entrant chez MedC Partners, je suis entrĂ©e dans le monde du dispositif mĂ©dical. En tant que consultante, je contribue au dĂ©veloppement d’innovations mĂ©dicales en aidant les entreprises innovantes dans les dispositifs mĂ©dicaux Ă dĂ©velopper leur stratĂ©gie d’accès aux marchĂ©s europĂ©ens.» JAM
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