Publié le: 14 août 2015

Prêts à bondir vers la victoire!

RICO CIOCCARELLI – Le délégué technique espère que la Suisse fasse mieux que de défendre son titre et qu’elle sera propulsée au sommet. Toutefois, la concurrence reste extrêmement vive.

Journal des arts et métiers: Quel est votre état d’esprit à la veille des WorldSkills à São Paulo?

n Rico Cioccarelli: Je me réjouis beaucoup de cette compétition au Brésil. C’est à chaque fois un nouveau challenge et une chance pour nos jeunes professionnels: celle de se mesurer à d’autres pays et de savoir où ils en sont au plan international, dans leur domaine professionnel. Ce faisant, c’est une occasion de plus pour la Suisse de montrer au monde entier à quel point son système de formation dual est bon. D’autres pays nous envient en partie. Même s’ils connaissent notre système, ils ne parviennent pas à le mettre en œuvre.

Les préparatifs pour les championnats du monde des métiers en août battent leur plein. Où en êtes-vous?

n En ce moment, nous avons mis un terme à la préparation de l’outillage pour le transport. Les Brésiliens ne connaissent pas la libre-circulation des marchandises. Cela signifie que pour chaque outil que nous amenons, nous devons fournir une description détaillée sur l’origine, la valeur et le poids. C’est la première fois que le transport du matériel est aussi complexe et par conséquent aussi très chère.

«Le nombre de participants a augmenté de 23% entre Leipzig et SÃo Paulo.»

Quels sont les grands défis qui attendent le team suisse avant de pouvoir enfin se présenter sur la ligne de départ?

n Cela dépend des associations professionnelles. Certaines s’entraînent en participant à des compétitions entre quatre ou cinq pays. Pour d’autres en revanche, la plus grande partie de leur préparation est terminée.

Cette année, les compétitions ne se déroulent pas en Europe, mais au Brésil. Quelle est l’influence de certains facteurs comme les différences de fuseaux horaires et les conditions-cadres?

n Pour les fuseaux horaires, l’écart de cinq heures ne devrait pas poser de problèmes à nos jeunes professionnels. Nous serons du reste sur place assez tôt dans une sorte de pré-camp, ce qui devrait permettre à nos candidats de s’acclimater tranquillement. Pour le reste, affronter d’autres difficultés ne peut que nous rendre plus forts.

Comment se passe la collaboration avec les responsables brésiliens?

n Les Brésiliens sont des gens très agréables, bien que, s’agissant de toutes les informations concernant les compétitions, ils soient d’une grande réserve. Ils doivent se dire que plus tard ils divulgueront certains détails, plus grandes seront les chances pour leur pays de gagner. Parmi les grands défis, il y a la question des trajets jusqu’aux lieux où se déroule la compétition. Les candidates et les candidats sont logés sur place, mais les expertes et les experts, le reste du team suisse, habiteront à huit kilomètres. Vu le trafic, cela veut dire jusqu’à deux heures de trajet.

Les WorldSkills 2015 de São Paulo représentent le plus grand événement professionnel de tous les temps. Qu’est-ce que cela implique de participer à un tel championnat côté organisateur?

n Il y a deux ans à Leipzig, 68 nations étaient représentées avec 999 participants. A São Paulo, il y aura 74 pays et 1224 candidats, ce qui signifie une augmentation de 23%. Les World­Skills seront ainsi toujours plus importants. Ce qui veut dire que pour chacun des métiers qui y sont ­représentés, et du nombre de candidats qui se présentent, les infrastructures et l’organisation devront être adaptés. Ainsi, il y a par exemple 
42 jeunes automécatroniciens, 40 webdesigners et électriciens. La zone réservée aux compétitions s’étendait à Leipzig sur 140 000 m2, à São Paulo on passe à 230 000 m2. Quand on sait que les différents stands sont disséminés sur 1,5 km, on comprend ce que cela représente pour le teamleader et les délégués techniques qui doivent circuler entre les différents métiers, c’est déjà un vrai défi au plan physiologique!

Vous avez terminé les week-ends de préparation de la fondation SwissSkills. Quelle est votre impression au sujet des quarante candidats?

n C’est toujours impressionnant de voir à quel point ces jeunes parviennent à se développer entre la première rencontre en janvier et la compétition. Ils poussent toujours mieux ensemble et se soutiennent les uns les autres. C’est une équipe puissante et nous sommes prêts à gagner!

Sur quarante candidats, on ne trouve que huit femmes. N’est-ce pas un peu mince?

n Il n’y a jamais eu autant de femmes sur la ligne de départ. Ces dernières sont vraiment bienvenues et elles offrent un équilibre à l’équipe. Ce qui est chouette, c’est par exemple que cette année nous puissions compter sur une candidature féminine de carrossière laqueuse, celle d’Angela Jans, dans un domaine très masculin.

A quel point les différences entre les niveaux de formation sont-elles marquées entre les différents pays qui s’affrontent?

n Cela varie. Parfois, il y a de grands écarts avec de nouveaux pays, par exemple d’Afrique ou des pays de l’Est, et des candidatures sont parfois rejetées. Il y a aussi des pays qui, comme le Brésil, sont montés en puissance, à tel point que nous devons faire attention de ne pas être dépassé. Les trois premiers rangs dans le classement par pays seront attribués parmi les huit pays les plus forts, à savoir la Corée, le Japon, Taïwan, le Brésil, l’Allemagne, l’Autriche, la France et la Suisse.

Il y a deux ans, la Suisse défendait son titre de meilleur pays européen à Leipzig et remportait une deuxième place derrière la Corée. L’équipe suisse actuelle est-elle en mesure de conserver cette position à São Paulo?

n J’espère que nous pourrons nous améliorer, cette fois encore. Notre objectif est de rester au sommet du classement par pays. Cela ne va pas être facile, car nous avons en face de nous une forte concurrence qui ne somnole pas!

«Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Nous devons rester dans la course!»

En tant qu’ancien chef expert et délégué technique, vous disposez d’une grande expérience. Qu’est-ce qui a changé au cours des ans?

n La dimension internationale de ce championnat du monde des métiers s’est considérablement renforcée, qu’il s’agisse du nombre de participants, des infrastructures et de l’organisation, la croissance. Les exigences sont de plus en plus sophistiquées. De nombreux pays se sont très fortement engagés pour former la relève et ont franchi un très grand pas en avant. La Russie, la Chine et l’Inde, pour ne citer que ces trois pays, peuvent désormais s’introduire dans le peloton de tête. Ce serait une illusion que nous sommes incontestablement les meilleurs et qu’il suffit de se reposer sur ses lauriers. Il faut au contraire prendre cette concurrence au sérieux, puis valoriser, soigner et améliorer notre système de formation dual. Nous devons rester dans la course pour pouvoir, par la suite, continuer à nous maintenir en tête du classement.

Interview: Corinne Remund

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