Publié le: 7 juillet 2017

Pugnaces, nous continuerons à lutter

125e ANNIVERSAIRE – La deuxième assemblée générale du nouveau président de GastroVaud, Gilles Meystre, fut allégée et dépoussiérée, pleine d’humour et de militantisme. Plongée dans l’histoire d’une branche éprouvée et qui garde pourtant le sens de la fête.

Quel lever de rideau! Un coup de vent a emporté une tente installée sur la place du marché de Montreux à l’occasion des 125 ans de GastroVaud. «Selon la police de la Riviera, un ancrage du chapiteau a lâché à cause d’une bourrasque, rapporte «20 Minutes». Une personne installée à l’intérieur, légèrement touchée, a pu être soignée sur place par les ambulanciers. La tente a ensuite été complète­ment démontée, indiquent les forces de l’ordre.» Soulagement...

Bien heureusement, le moral des troupes n’était pas entamé à l’heure de la cérémonie officielle. Celle-ci s’est tenue au sec au Casino. A l’entrée, fidèles à leur poste, les collaboratrices de GastroVaud, Joëlle Petitpierre,Fabienne Angéloz et Viviane Béard, distribuaient les badges avec entrain. Et dans le rôle de directeur de GastroVaud, le tournoyant Olivier Duvoisin donnait ses ordres. Les choses sérieuses pouvaient commencer. Dans la brochure mahousse, la liste des invités était longue. Bien sûr, il y avait le président de GastroSuisse, Casimir Platzer, et les responsables des associations cantonales – dont la Fribourgeoise Muriel Hauser, le Zurichois Ernst Bachmann, le Tessinois Massimo Sutter et le Valaisan François Gessler (liste non exhaustive).

Il y avait aussi – et tout le monde venait le saluer à tour de rôle – assis au premier rang, la moustache frétillante et l’humour inoxydable, à côté de son épouse, l’ancien patron de GastroVaud, le radical Vaudois Frédéric Haenni (président d’honneur). Pas très loin, l’ex-trésorier de la faîtière et actuel président de Gastroconsult, le Fribourgeois Tobia Zbinden, dans le clan des incontournables. Plus proche de l’association basée à Pully, on a aussi rencontré Edgar Schiesser, le sympathique barbu qui fut le directeur de GastroVaud, désormais à la retraite et qui en profite pour voyager!

Une assemblée générale jugée «festive et jubilaire», selon «Le Cafetier». N’empêche, le parapluie que le néo-président Gilles Meystre a brandi tel un sceptre, durant son adresse, ne pointait pas la météo pluvieuse de ce 6 juin, mais piquaient les conditions­cadres déplorables dans lesquelles la branche de l’hôtellerie restauration évolue actuellement.

A la vitesse d'un TGV!

Inutile de «pétoler» en pleine sinistrose. La «branche» a donné tout le jus qu’elle avait. En 2016, le canton de Vaud a enregistré une augmentation «réjouissante» de ses nuitées hôtelières, en particulier grâce au marché intérieur. C’est dit. A la tête d’une région comportant 13 restaurants étoilés, Gilles Meystre avait surtout à cœur de présenter à ses invités une cérémonie pétillante, dépoussiérée et – ce qui ne pouvait déplaire à personne – menée à un train rapide. Un vrai TGV emportant les personnalités saluées, les invités, les partenaires... dans un tourbillon. L’assemblée fut entrelardée de jolis morceaux d’humour. Jacques Maihot, le très parisien directeur du Théâtre des deux ânes, a traité Meystre de «président amphibie» (à cause de la météo) et s’est lancé avec panache dans une analyse humoristique comparée entre la politique française et helvétique. Concluant par un mot très 19e sur le maître de cérémonie. «Pour un coup d’essai, c’est un coup de Meystre.»

JAM: Monsieur le président, que s’est-il passé il y a 125 ans dans le canton de Vaud?

n Gilles Meystre: Le 17 mars 1892 se réunissaient en séance extraordinaire les citoyens délégués des villes de Vevey, Montreux, Aigle, Bex et Rolle au Café Central à Lausanne. Sur la base des documents d’époque, nous avons compris que l’objectif était 
«d’ étudier les moyens de défendre efficacement notre industrie (…) qui est peut-être de toutes celles qui existent la plus lourdement frappée par le fisc.» Estimant que le moment était venu «de lutter sérieusement, en commun, contre le sort qui la menace», ils décidaient à l’unanimité de créer une Société cantonale vaudoise des Cafetiers.

Que vous a appris cette plongée dans l’histoire de la branche?

n  Que malgré la morosité, nos aïeux avaient parfaitement saisi la nécessité de se fédérer pour défendre leur travail et leurs intérêts. Face à ceux qui préféraient le fatalisme et la nostalgie, ils ont uni leurs énergies. Et grâce à eux, la branche s’est structurée. Des cours de formation sont nés. Des caisses sociales ont été créées. Des milliers d’apprentis sont entrés dans nos métiers.

Qu’en tirez-vous pour la suite ?

n Cette année de jubilé est l’occasion de cultiver une même combativité. Car c’est avec le même esprit pugnace que nous sommes intervenus auprès des autorités pour renforcer la formation des exploitants, soumettre les food trucks au même traitement que n’importe quel restaurant et rejeter avec fermeté le monstre bureaucratique que Berne nous concoctait dans le domaine des denrées alimentaires. Dans chacun de ces dossiers, nos interventions ont porté. Et c’est avec le même esprit pugnace que nous continuerons à lutter! Mais cette journée nous a permis aussi de déposer les armes, de rire, de boire, de manger, d’échanger.

L’olivier de Casimir

La tête de GastroSuisse avait fait le déplacement à Montreux. Le président Casimir Platzer a rappelé à ses hôtes qu’il venait de Kandersteg et qu’on y aimait bien les histoires d’arbres. Dans son cas, l’histoire doit encore être écrite, mais les prémisses semblent favorables. Platzer faisait référence à Adolf Ogi qui avait planté un sapin (mort, puis replanté depuis) devant l’entrée du tunnel du Gothard. Platzer a préféré un olivier, qui se porte bien lui aussi, aux dernières nouvelles. Où sera-t-il planté? Le mystère demeure... Platzer a surtout félicité Meystre et son équipe «pour le travail fructueux et l’image positive de notre branche». On se souvient en effet de la campagne «Respect!», menée par GastroVaud «pour rendre hommage à toutes les femmes et les hommes de l’ombre et ceux qui s’activent pour faire fonctionner les établissements publics.»

Puis, ce fut la traditionnelle remise des certificats, des diplômes d’honneur à tous ceux qui ont servi la branche durant de nombreuses années. Les diplômes G1 ont été délivré par Albert von Braun, le chef de la police du commerce. Ceux qui se sont engagés pour les apprentis – Patrick Friou, Steve Tavolini et Eric Dubuis – ont été salués. Et la Guilde des restaurateurs dispose d’un nouvel ambassadeur, un Tessinois plein d’humour, dénommé Roberto Biaggi.

En revanche, autre mystère, aucune présentation n’a été effectuée par Gastronomia. Le salon se tient l’année prochaine, du 4 au 7 novembre 2018. Autrefois, les responsables venaient aux AG présenter le projet. En coulisse, certains se demandaient si ce salon aurait lieu…

Le soir, les invités se retrouvaient pour le repas de gala, auquel certains invités se sont joints, ne pouvant pas être présents durant l’après-midi, en raison de la session du Grand Conseil vaudois. Ainsi le patron de l’économie, Philippe Leuba, un habitué. Ou le syndic de Montreux, Laurent Wehrli. Le public attendait également Grégory Devaud, président du Grand Conseil. Chancelier, préfets, présidents d’associations, députés, représentants de l’administration cantonale et fédérale (comme la régie fédérale des alcools), des grandes entreprises (BCV, Nestlé, McDonald’s, Prodega) ou d’autres partenaires (Croix-Bleue Romande, Fondation Général Guisan).

Le menu peaufiné

On ne déroge pas aux traditions. On peut dépoussiérer l’AG et faire rire. Mais on ne touche pas au repas (que l’auteur de ces lignes n’a pas goûté)! Nous ne résistons pas au plaisir de dérouler ce menu du 125e. Fine gelée de tomate à l’Osciètre avec un mousseux d’Obrist. Escabèche de truite aux herbettes et sa Cure d’Attalens. Royale de homard accompagné d’une Tour Blanche. Filet mignon de veau avec son Coup de l’Etrier rouge. Buffet de fromages et de desserts, café, thé, mignardises. Il a été précisé que le menu avait été conçu par RSH Traiteur (Rochat, Saguer, Hug), les desserts dus au Casino de Montreux, les fromages etc... Dans une assemblée comme celle-ci, le générique lui-même devient une affaire politique. Mais certainement pas politisée!

François Othenin-Girard

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