Publié le: 6 novembre 2015

Quelques belles bagarres

élections fédérales 2015 – Le visage de la nouvelle députation romande à Berne émerge peu à peu. Analyse des dossiers clés avec le président de l’usam, Jean-François Rime, en campagne.

L’expression est de Jean-François Rime. «Encore quelques belles bagarres pour les Etats et nous verrons plus clairement le nouveau visage du Parlement», expliquait lundi le président de l’usam, en pleine campagne pour le second tour dans son canton. Déjà élu brillamment au Conseil national, le Fribourg a en effet décidé de défier Christian Levrat, président du Parti socialiste suisse, lui aussi candidat à la Chambre des cantons.

Le monde suisse des PME, explique-t-il, peut s’estimer pleinement satisfait du résultat des élections au Conseil national, le 18 octobre dernier. «Avec une victoire très nette du centre-droite, le PLR et l’UDC, plus quelques petits partis au Tessin et à Genève, nous avons pu obtenir une majorité nette à la Chambre du peuple.» Il reste quelques coups de manivelle à donner avant de connaître la composition complète de l’Assemblée fédérale. «A mon avis, entre 5 et 6 sièges sur 18 sont encore en jeu, calcule l’entrepreneur bullois. On peut tout au plus regretter qu’il n’y ait pas eu d’entente entre le PLR, le PDC et l’UDC sur Genève, Vaud et Fribourg.» L’enjeu de ces seconds tours, c’est très clairement d’obtenir une majorité bourgeoise aux Etats également. «Une importante différence de majorité entres les deux Chambres ne ­permet pas de travailler de manière optimale, explique le conseiller national. Nous avons déjà vécu des refus de projets au vote final sur certains dossiers en raison du déséquilibre politique entre les deux Chambres.» La nouvelle députation, qui devrait compter en son sein de nombreux représentants des PME, s’attaquera à trois dossiers essentiels à ses yeux. La prévoyance professionnelle, les transports et l’énergie.

Prévoyance: compromis à trouver

Sur le dossier de l’AVS et du 2e pilier, Jean-François Rime est d’avis que «trois critères, pas quatre, ni cinq sont importants: premièrement les primes, deuxièmement les rentes et troisièmement l’âge de la retraite». Selon lui, un compromis devra nécessairement être trouvé, ce qui se fera probablement par l’augmentation des prélèvements. «Cela pourrait être un relèvement de l’âge de la retraite, celui des femmes d’une année, puis pour tout le monde, d’un ou de deux mois par année, explique-t-il. Quant au taux de conversion, c’est un aspect très technique qu’il faut comprendre en lien avec le vieillissement de la population.»

Son appréciation du ministre de tutelle ? «Alain Berset essaie de trouver des solutions. C’est un réaliste! Je salue sa démarche qui consiste à lier le 2e pilier et l’AVS, car ce qui compte pour les gens, c’est de savoir combien ils reçoivent et non d’où vient l’argent.»

Au menu: transports, Ă©nergie...

Et comment se fait-il que nous soyons actuellement dans une impasse? «Je pense que le Conseil des Etats a bâclé le travail. Tout le monde était un peu pressé parce qu’il y avait trois spécialistes qui quittaient le Parlement et désiraient laisser leur empreinte dans ce projet.» Autre dossier important auquel les parlementaires devront s’attaquer durant la prochaine législature: les transports. «Nous avons réglé le ­financement du rail. Maintenant, il faut mettre au point celui de la route, lance-t-il. Les accidents que nous avons connus ces derniers temps sur ces grands axes ferroviaires et les effets qui en ont résulté devraient nous faire réfléchir aux efforts à faire dans cette direction.»

«Le lien névralgique à travers le tunnel routier du Gothard doit être assaini en construisant un deuxième tunnel de réfection, détaille Jean-François Rime. Et il faut attribuer des moyens supplémentaires pour la construction et l’entretien des projets routiers, en particulier en Suisse romande.» Rappelons également que le financement du Gothard et des investissements en Suisse romande ne viennent pas de la même caisse.

Le dossier énergétique se retrouve lui aussi tout en haut de la pile! «L’électricité représente environ 25% de notre consommation, le ­pétrole et les autres énergies environ 75%, constate-t-il. Nous devons réduire la consommation d’énergie fossile. La consommation d’électricité va donc rester stable. Or ce n’est pas avec les éoliennes que nous pourrons équilibrer la sortie du nucléaire.

Mieux vaut exploiter les centrales existantes le plus longtemps possible, ce ne serait par ailleurs pas raisonnable de devoir compenser les réductions de l’approvisionnement énergétique en achetant du courant produit en Allemagne avec du charbon.»JAM

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