Publié le: 24 janvier 2020

Relance à la mode indienne

Inde – Au lieu de miser sur une relance par la consommation, le premier ministre indien Narendra Modi mise sur le développement de nouvelles capacités via les investissements. Pour que cela fonctionne, les 29 Etats et 7 territoires qui composent l’Union devront jouer le jeu – ce qui n’est de loin pas acquis!

L’Inde est un pays de contradictions. Ce constat ne s’applique pas uniquement à la culture, mais également à l’économie.

C’est un pays pauvre. Cependant, désormais plus que la Chine, l’Inde tire la croissance mondiale vers le haut. Qu’est-ce que cela signifie pour nos PME suisses exportatrices?

Le plan de Narendra Modi

Durant les dernières heures de l’année 2019, le gouvernement indien a dévoilé un programme d’infrastructures susceptible de relancer la croissance.

Le premier ministre Narendra Damodardas Modi (parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party) a lancé un programme de 1300 milliards d’euros afin de doper la croissance du produit intérieur but (PIB) du pays d’environ 7% par année actuellement – une croissance qui s’élève déjà à plus de 10% depuis 2020.

Cette initiative intervient après d’autres mesures de relance, par exemple la baisse du taux marginal de l’impôt sur les sociétés (de 30% à 22%), le renflouement des banques publiques, l’annulation de diverses taxes.

Mais pour sa part, Narendra Modi cible les investissements. Il prend le contre-pied des politiques menées jusqu’ici, qui envisageaient la relance principalement par des mesures basées sur la consommation.

Consommer vs investir

Relancer une économie par la consommation prête le flanc à de vives critiques. Dont la moindre n’est pas que la consommation équivaut à une consommation des ressources, qui sont déjà rares, tandis que les investissements aboutissent au développement de nouvelles capacités, ou facteurs de production, comme les infrastructures, capitaux, forces de travail, etc…

L’investissement permet de développer un outil de production. Et c’est précisément ce que Delhi se propose de faire.

Flexibilité et innovation

Que contient ce plan? Il combine des mesures de déréglementation avec un programme d’impulsions. D’un côté, la bureaucratie indienne doit être simplifiée. Une plus grande flexibilité au niveau des autori­sations devrait ainsi contribuer à attirer les investisseurs.

De l’autre, le programme subventionne la construction d’infrastructures publiques, tout en façilitant la rénovation de capacités existantes dans la production privée, l’efficience énergétique, et des domaines innovants.

Un slogan et des risques

L’Inde est un pays plein de contradictions. La promotion touristique du pays est mondialement connue et le slogan «incredible India» fait florès. Si ce paquet semble à première vue attractif – comme souvent le diable se cache dans les détails!

Le premier risque est lié à la structure fédérale du pays. Nous connaissons le problème. La question, c’est de savoir quelle sera l’application du programme dans les différents Etats qui composent l’Inde (29 Etats et 7 territoires composent l’Union).

Comment ce plan de relance sera-t-il reçu et au final, sera-t-il adopté? En Inde, les plus importantes barrières aux investissements et à l’atténuation de la bureaucratie se trouvent – c’est un fait avéré! – dans les Etats.

En particulier, les conditions-cadres juridiques présentent de grands différentiels d’un Etat à l’autre. Qu’il s’agisse de la défense des entrepreneurs contre les expropriations, la sécurité du droit une fois que les permis ont été attribués, voire même les règles comptables et les lois qui règlent les transactions, on constate de très importantes différences entre les Etats et les territoires.

Pour une PME suisse

Au delà de la dimension des contacts et des échanges, des différentiels culturels (lire ci-dessous), quelles sont actuellement les opportunités pour une PME suisse en Inde.

Soyons clairs: toutes seules, elles ont pratiquement aucune chance de parvenir à leurs fins. Pour participer à l’économie indienne, il faut absolument disposer d’un partenaire local bien aguerri.

A noter toutefois, la volonté exprimée par le gouvernement Modi d’ouvrir plus grandes les portes aux entreprises internationales – principalement aux PME.

Henrique Schneider

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