Publié le: 6 juillet 2018

Retour en grâce du jardinage

Allier l’utile à l’agréable – Bichonner ses fleurs et déguster ses propres laitues, même quand on 
ne dispose que d’un petit balcon, voire d’un rebord de fenêtre, c’est tendance. Bon pour la tête … et pour la nature.

Ringard un temps, top mode vingt ou cinquante ans plus tard. Il en va ainsi aussi bien de la coupe de nos vêtements que du décor de nos intérieurs, du choix des prénoms de nos enfants − qui aurait pu croire, voici un demi-siècle, quand ils semblaient totalement hors d’usage, que Léon, Louis ou Alice reviendraient galoper dans les places de jeux? – que des activités qui occupent nos loisirs.

Même le tricot ou le crochet suscitent de nouvelles passions: on peut suivre des cours ad hoc jusque sur les bancs de l’école-club Migros! La cause des travaux à l’aiguille reste cependant plus marginale que celle du jardinage. Là, on est carrément en pleine flambée− à grands renforts de graines (de variétés locales et bio, de préférence), de cours, de vidéos de démonstration sur youtube (plus ou moins convaincantes), d’outils, de matériels et matériaux de tous styles et qualités destinés à l’urban farming.

Preuve s’il en est que l’activité en question est désormais classée ­branchée, elle se prononce en effet volontiers en franglais, quand les jeunes citadins s’affichent fièrement en jardiniers. Ou plutôt en spécialistes de la permaculture.

Aujourd’hui, 
on permacultive

Permaculture: un terme auquel il est impossible d’échapper aujourd’hui, qu’on cherche un cours pour apprendre à cultiver des topinambours, qu’on flâne sur un marché le samedi matin ou qu’on lèche les vitrines d’une librairie. A moins d’être une vieille branche, on ne jardine plus: on permacultive.

De quoi s’agit-il? A la base, de cultiver et produire en imitant au mieux la nature − donc bio, évidemment, sans recourir à des pesticides de synthèse. En pratiquant des cultures associées, et même savamment mélangées (contrairement à l’agriculture industrielle, qui mise sur les monocultures).

En ménageant, nourrissant, protégeant le sol (sans recourir au labour, en règle générale). En veillant à l’équilibre naturel, à recréer dans son petit monde − il peut s’agit tout aussi bien d’un domaine agricole, d’un grand jardin, d’un jardinet, ou juste de trois bacs sur un balcon – un écosystème aussi complet et fermé que possible.

Quand on dit fermé, on entend autosuffisant: le jardin (ou la ferme) nourrit ses humains, qui en retour nourrissent le sol (compost, mulching, ou le mystérieux BRF, bois raméal fragmenté). Le domaine peut aussi accueillir des animaux domestiques, qui participent à leur manière à l’entretien des cultures, selon un modèle basique − ils mangent ce qui n’est pas consommable pour l’homme, comme l’herbe, et fournissent du fumier en échange − ou plus élaboré − dans ce cas on va surtout recourir à des poules ou des canards qui, laissés en semi-liberté dans les plantations, vont également contrôler les populations de limaces, gratter le sol, etc.

Mode ou mouvement durable?

Tout cela est bien beau, me direz-vous, mais ne permet guère de distinguer la permaculture du jardinage naturel. Or ce qui caractérise avant tout la première, quand même, c’est la culture sur buttes, et une certaine philosophie de vie, non? La permaculture, c’est végane, ou quelque chose dans ce goût-là?

Eh bien non. Bien sûr qu’à la 
base − celles de la permaculture remontent quand même aux années 1970, en Australie − il y a une réflexion sur notre mode de vie; mais grosso modo, il s’agit simplement d’un modèle d’agriculture (ou de jardinage) biologique. Quant aux buttes de culture, elles ont été rajoutées par la suite au modèle permacole, et sont tout-à-fait facultatives − même si elles peuvent donner des résultats étonnants. Autrement dit, la permaculture, ce n’est rien d’autre que du jardinage naturel … sous un nouvel emballage!

Mais qu’importe après tout le nom qu’on donne à ses activités florales, fruitières ou potagères? La superficie que représente l’ensemble des jardins est bien plus importante que celle des réserves naturelles: si par effet mode on en vient à cultiver ces espaces, de plus en plus, de manière écologiquement intéressante, c’est tout ça de gagné pour la nature − et avant tout, bien égoïstement, pour nous les humains, qui en sommes totalement dépendants.

Moins cher 
qu’une thérapie

Jardiner, c’est semer, planter, arroser, désherber, pincer, tailler, rabattre, biner, mulcher. Mais c’est peut-être avant tout observer. Prendre le temps. Rêver. Qu’on cultive juste un pétunia et un pot de persil sur un rebord de fenêtre, ou des centaines de mètres carrés (encore qu’il ne soit pas forcément plus facile de jardiner sur une toute petite surface, dans les conditions nettement plus difficiles pour les plantes qui sont celles de la culture en pot).

Vous débutez? N’hésitez pas à suivre vos coups de coeur. Vous ferez immanquablement des erreurs, mais en apprendrez bien plus ainsi qu’en suivant à la lettre les préceptes d’un livre ou d’un site internet. N’oubliez pas qu’au fond, les besoins de n’importe quelle plante sont les mêmes: un substrat, une luminosité, des apports d’eau et des températures adaptés à ses besoins. Bien sûr, ces derniers varient d’une espèce végétale à l’autre … et si certaines sont passablement adaptables, d’autres ont des exigences très précises. Mais à la belle saison, si l’on installe une plante à mi-ombre et qu’on maintient le sol ni trop sec, ni détrempé, pas de problème, elle pousse!

Florens

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