Publié le: 6 juillet 2018

Sables bruns d’Écosse

balade – Edimbourg et sa banlieue s’offre au promeneur. 
Evocation d’une douce balade sur la plage écossaise de Portobello. 
Avec un crochet au Scottish National Portrait Gallery.

Chercher le vent et une plage calme dans une capitale européenne reliée par une compagnie aux avions orangés, cela ressemble à un caprice d’un citadin, d’une citadine qui veut rentabiliser son loisir. Et pourtant, dans notre bonne et vieille Europe, cela existe.

Là, un peu plus au Nord, à deux heures trente de vol de Genève, quarante-cinq minutes de la capitale écossaise, cette plage recherchée a comme nom Portobello. C’est une petite ville située à cinq kilomètres d’Edimbourg.

Les yeux bleus de David Hume

Comment s’y rendre? Une fois que vous êtes arrivée à Edimbourg, il vous faut atteindre le Scottish National Portrait Gallery, sur la Queen Street. Profitez-en pour faire un saut dans ce musée peuplé d’âmes. Ainsi, vous aurez à travers les portraits exposés toute l’histoire d’Alba, soit en gaélique l’Écosse.

Cette histoire-là se contera avec les yeux bleux lumineux du philosophe David Hume, ou la grâce immaculée de Saint-Marguerite traversant les mers en 1086.

Au sortir du musée, longez la route pour viser un abri de bus transparent et attendre le bus 26, ligne rouge, en direction de Seton Sands ou Tranent. Deux petits conseils au passage s’il s’agit de votre première expérience de bus dans cette ville: ayez de la monnaie sur vous et ne suppliez pas le conducteur de bus de s’arrêter, même si vous êtes en train d’écraser, depuis quelques minutes et avec ferveur, votre index sur le bouton d’ouverture des portes. Non, c’est inutile, comme il est inutile de négocier pour le retour de votre monnaie emprisonnée dans la petite boîte en verre près du conducteur.

Maintenant, vous êtes avertie et vous méritez de vous asseoir sur un siège, de vous laisser emmener avec quelques bringuebalements, vers la banlieue. Les petites maisons familiales, presque sur mesure, en pierre, avec leur jardin, défilent méthodique­ment les unes après les autres. Votre regard, quant à lui, file sans retenue à l’intérieur du salon, ceci grâce aux grands vitrages.

Après deux arrêts en passant par Leith, le quartier branché aux cafés et restaurants alternatifs assurés, vous descendez sur la Portobello High Street. Puis, vous parcourez cinquante mètres en direction de Firth of Forth, l’estuaire du fleuve Forth. Sur ce tout petit trajet, il y a la sensation que le temps marque davantage son passage en délaissant un jardin, le cinéma du coin, ou une maison en son entier. Mais, il suffit que quelque propriétaire ait repeint la porte d’entrée en jaune ou turquoise pour que ce temps qui passe ne soit pas que vestige mélancolique.

L’eau n’est pas saumâtre

Et enfin, devant vous, le sable brun, mouillé par les récentes averses, qui crisse sous les chaussures de marche. Encore quelques pas, et votre regard galope subitement, à gauche et à droite. Il y a sous vos yeux une étendue savoureuse, idéale pour des enfants criards avec un trop-plein d’énergie, idéale aussi pour des chiens joyeux.

L’eau vous attire et vous avancez vers cette étendue calme. Vous goûtez l’eau: non, elle n’est pas saumâtre, juste salée. Quelques pré-adolescents y apprennent à manipuler leur dériveur avec une dose de nonchalance. L’eau est bien froide, elle le restera également en plein été. Un nageur convaincu fait ses traversées. Son bras au ciel montre une combinaison. Malgré des nuages très proches, il y a dans l’air cette chanson: «Love in Portofino». Et malgré vous, elle devient «Love in Portobello»: «I found my love in Portofino – pardon, pardon, c’est bien Portobello! – Quei baci non più scorderò e non è più triste il mio cammino, a Portobello I found my love.» («Ces baisers, je ne les oublierai plus et mon chemin n’est plus triste, à Portobello, j’ai trouvé mon amour.»)

Luisa Campanile

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