OUI à la suppression de la valeur locative
Subprime, bulles et école autrichienne
L’invité du mois
A l’inverse de Keynes, les économistes de l’école d’économie autrichienne voient dans les manipulations monétaires la cause des cycles économiques. Loin d’être inhérents à nos systèmes dits capitalistes, ils sont la conséquence d’un trop grand laxisme dans la création de monnaie. Selon eux, un excès de monnaie – créé en multipliant les crédits offerts – va financer des projets d’investissement qui ne pourront pas tous être terminés, faute de ressources réelles. Au fur et à mesure que les acteurs vont s’en rendre compte, ils vont dans un premier temps chercher par tous les moyens des ressources pour finir leurs projets. Faute de les trouver, ils devront mettre la clé sous la porte. Ils se verront donc dans l’incapacité de rembourser les emprunts qui leur ont permis de se lancer dans ces aventures, menaçant ainsi la solvabilité des banques qui leur ont fait ces prêts. La faillite d’un entrepreneur n’est pas un 
drame majeur pour la collectivité dans son ensemble. Elle peut être gérée assez facilement, en accompagnant l’entrepreneur 
concerné, ses salariés et ses créanciers.
En revanche, le problème est dĂ» au fait qu’il arrive qu’un très grand nomÂbre d’entrepreneurs fassent faillite au mĂŞme moment. Il n’est plus question de la faillite d’un seul entrepreneur, mais d’un grand nombre d’entre eux qui font ensemble des «malinvestissements». L’ampleur des erreurs ainsi commises rend impossible un atterrissage en douceur. Le problème vient de ce que la crĂ©ation monĂ©taire, qui s’exprime Ă travers une politique gĂ©nĂ©reuse de crĂ©dit, suscite de vĂ©ritable «cycles d’erreurs». Elle trompe de nombreux acteurs, leur permettant de se lancer dans des projets qui se rĂ©vĂ©leront impossibles Ă terminer. Donc gĂ©nĂ©rateurs de pertes.
Car ces nouveaux crédits émis de façon excessive trouveront acquéreur à des taux d’intérêt artificiellement bas. Or les taux d’intérêt sont une référence pour évaluer la profitabilité d’un projet. Lorsqu’on les manipule, on brouille la vision de l’entrepreneur et sa capacité à anticiper correctement ses profits et ses pertes potentiels. Le calcul économique, dont nous avons vu qu’il était nécessaire à un développement rationnel et durable, s’en trouve faussé. Sur un marché libre, les taux d’intérêt résultent de la préférence temporelle des individus pour le présent. Vous comme moi préférons bénéficier immédiatement des services d’un bien plutôt que de devoir en profiter plus tard. Il est ainsi préférable d’avoir 100 francs aujourd’hui plutôt que demain. Pour se séparer de l’usage de ces 100 francs aujourd’hui, il faut espérer en avoir non pas 100 demain mais, par exemple, 105. Dans un tel cas, le taux d’intérêt est de 5%. Ce taux reflète la préférence pour le présent. Plus ce taux est élevé, plus la préférence pour le présent est forte, et plus il est faible, plus la préférence pour le présent est réduite.
Les taux d’intérêt sont donc normalement des prix supposés refléter la quantité d’épargne que les individus sont prêts à mettre à la disposition d’investisseurs, leur permettant ainsi de mener à bien leurs projets. Quand on manipule à la baisse ces taux, on laisse penser qu’il existe un stock d’épargne plus important et surtout que la volonté de consommer est moindre que ce qu’elle n’est en réalité. Ce point est fondamental pour comprendre que tous les projets lancés sur la base de taux d’intérêt faussés ne pourront pas être menés à bien.
En effet, la pression à la baisse des taux d’intérêt va inciter des entrepreneurs à se lancer dans des projets de durée de plus en plus longue, puisque les taux en vigueur indiquent – du moins sur le papier – qu’il est maintenant rentable de les lancer. Or, des projets de plus longue durée, c’est-à -dire plus capitalistiques, nécessitent une immobilisation plus longue de nombreuses ressources, dont il va falloir s’assurer la disponibilité pendant tout le processus de production.
Or c’est justement lĂ que les choses s’enveniment. En effet, puisque 
la prĂ©fĂ©rence pour le prĂ©sent des inÂdividus n’a pas changĂ©, aucune ressource rĂ©elle n’a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e des processus de production visant la consommation immĂ©diate oĂą la demande reste inchangĂ©e. Par consĂ©quent, pour obtenir les ressources en travail, 
matières premières, etc., indispensables 
à la rĂ©alisation de ces projets plus capitalistiques, il va devenir nĂ©cessaire d’enchĂ©rir 
sur le prix des biens en question, ce qui alimente des bulles sur les marchĂ©s concernĂ©s. Ce faisant, la marge de profitabilitĂ© des projets va Âdiminuer par rapport aux projets qui satisfont plus rapidement les besoins des consommateurs.
Ce renchĂ©rissement du prix des matières premières va aussi susciter des besoins de liquiditĂ©s supplĂ©mentaires auÂprès des banques. Si celles-ci sentent leur solvabilitĂ© menacĂ©e, elles peuvent dĂ©cider de ne plus octroyer de nouveaux crĂ©dits provoquant ainsi la faillite des entrepreneurs en question. C’est d’autant plus probable que le renchĂ©risseÂment des prix peut ĂŞtre Ă l’origine de tensions Ă la hausse du niveau gĂ©nĂ©ral des prix. Ce qui Ă son tour incite les banques centrales Ă remonter leurs taux directeurs, rendant le refinancement des banques commerciales plus difficile. C’est alors que la bulle Ă©clate avec fracas et enÂtraĂ®ne l’arrĂŞt de nombre de projets, la failÂlite en cascade d’entreprises et l’augmentation du taux de chĂ´mage. Ces phĂ©nomènes sont la preuve que de nombreux «malinvestissements» ont Ă©tĂ© produits. Ils montrent aussi que des ajustements au sein de la structure de production sont nĂ©cessaires.
La spĂ©cificitĂ© de l’école d’économie autrichienne est ainsi de montrer les effets de la crĂ©ation monĂ©taire sur la structure de production, Ă savoir qu’elle est augmentĂ©e de façon artificielle et insoutenable et doit ĂŞtre diminuĂ©e pour se rĂ©adapter aux prĂ©fĂ©Ârences des consommateurs. La crise des subprimes me semble ĂŞtre le parfait exemple du cycle Ă©conomique. Plus encore, on ne peut vraiment pas accuser cette crise d’être le symbole d’un capitalisme dĂ©bridĂ©, quand on analyse les faits d’un peu plus près. Car que constate-t-on? Qu’elle est le pur produit de l’interventionnisme, et ce (1) dans le domaine monĂ©taire, avec une politique monĂ©taire accommodante de la part de la Fed, la monnaie rappelons-le restant un bien public; (2) dans le domaine bancaire, le Community Reinvestment Act visant Ă favoriser les crĂ©dits auprès des minoritĂ©s dĂ©favorisĂ©es; et enfin (3) dans le domaine foncier, l’explosion des prix s’étant concentrĂ©e lĂ oĂą, dès les annĂ©es 1970, les politiques dites de «dĂ©veloppement intelligent» ont limitĂ© l’usage du foncier. Le tout s’est accompagnĂ© d’un marchĂ© immobilier «distordu» oĂą des entitĂ©s que je qualifierais de faussement privĂ©es comme Fannie Mae et Freddie Mac ont permis et facilitĂ© l’accumulation de crĂ©dits de qualitĂ© de plus en plus faible.
Dans un tel contexte, ceux qui ont accusĂ© les fameuses dĂ©rĂ©glementations bancaires – qui ont effectivement permis aux quelques 9000 banques amĂ©ricaines de se dĂ©velopper sur l’ensemble du territoire plutĂ´t que de rester confinĂ©es Ă des activitĂ©s dans leur Etat de crĂ©ation – ne voient que la toute petite partie Ă©mergĂ©e de l’iceberg. Bien loin de la vision, trop souvent rĂ©pandue, d’un marchĂ© amĂ©ricain qui aurait souffert d’une dĂ©rĂ©glementation Ă outrance, l’histoire monÂtre au contraire que les subprimes sont une coproduction des pouvoirs publics et d’acteurs privĂ©s chargĂ©s d’exĂ©cuter leurs souhaits.
Les opinions exprimĂ©es dans cette rubrique Ân’engagent que l’auteur.
Communiqués de presse
L’usam salue le renforcement de la formation professionnelle supérieure
Loi sur la radio et la télévision: l’usam déçue par la commission du Conseil des États
L’usam dénonce une attaque contre les PME
Résistance contre l'État-nounou: Les citoyens veulent s’autodéterminer!
Droits de douane américains: faire ses devoirs et intensifier la diplomatie commerciale