Publié le: 7 juin 2019

Tenter de comprendre la nouvelle «voie» chinoise

MACHINES HÉGÉMONIALES – Le président Donald Trump impose des droits sur les produits chinois aux États-Unis. L’UE réagit face à l’Empire du Milieu par un appel aux valeurs. Quiconque veut traiter avec la Chine doit investir dans la matière grise.

Un «hégémon» est quelqu’un qui cherche la suprématie. L’hégémon se veut politiquement, économiquement et culturellement dominant. Depuis 20 ans, les Etats-Unis sont l’hégémonie. Mais l’Union européenne, l’UE, s’est aussi créée une suprématie. Ce sont donc deux projets hégémoniques. Mais la Chine est aussi l’un d’entre eux. La question est la suivante : comment les États-Unis et l’UE gèrent-ils ce problème?

Le «deal» des USA

L’avantage est le principe directeur du projet d’hégémonie américaine. Et le monde est un réseau qui se déroule sur une plate-forme. Les États-Unis - et seuls les États-Unis - sont la plate-forme sur laquelle les pays et les entreprises peuvent rechercher ou se battre pour leur propre bénéfice. Ce n’est qu’après avoir fait un «deal» avec la plate-forme que vous êtes libre de trouver le «deal» le plus utile dans le réseau.

Dans cette lecture, la plate-forme fournie par les États-Unis est trop utile aux Chinois. Pékin ne con-tribue pas suffisamment aux coûts de la plate-forme et se comporte comme un resquilleur. Il faut donc faire un nouveau «deal» avec la plate-forme. Les États-Unis estiment que la Chine bénéficiera tellement de la plate-forme qu’elle ne pourra pas en sortir. Il paiera donc le prix d’accès le plus élevé.

Les valeurs de l’UE

Le projet hégémonique de l’UE est basé sur la communauté de valeurs. L’Union est plus qu’un marché unique, elle repose sur une identité commune et surtout sur des valeurs communes. Celles-ci sont généralement perceptibles sous la forme de règlements. L’UE attend de ses partenaires du monde entier qu’ils maintiennent des valeurs et des réglementations communes. L’UE estime que ses valeurs sont si attrayantes que tous les autres pays sont heureux de les adopter.

Et comment l’UE répond-elle au défi chinois ? Dix actions peuvent être identifiées dans le dernier jeu de stratégie de la Commission européenne. L’accent est mis sur l’appel lancé à Pékin pour qu’elle adopte les valeurs de l’UE, telles que les droits de l’homme, la protection du climat et le droit de la concurrence. Si la Chine refuse, elle sera exclue du marché intérieur.

Montée en puissance chinoise

Les réponses des États-Unis et de l’UE sont différentes. Néanmoins, ils sont similaires. Ils sont vus à travers les lunettes hégémoniques respectives. Tous deux disent que la Chine n’est autorisée à participer que si elle joue le jeu de l’hégémon respectif.

La réponse chinoise à cette question est leur propre projet hégémonique. Cela repose sur le prin-cipe d’une coopération planifiée. Pékin prévoit de déployer ses partenaires - pays et entreprises. Et Pékin discipline ceux qui ne veulent pas s’en tenir au plan. Tel est le contenu de la nouvelle initiative «Ceinture et route de la soie» et de la politique industrielle «Made in China 2025». L’objectif de ces deux stratégies est le même: faire de la Chine le pays le plus fort du monde en affaires et sur le plan militaire.

Investir dans la matière grise

Mais le projet hégémonique de la Chine prévoit aussi la supréma-tie politique. Le plan dit que les partenaires doivent être loyaux. Pékin exige que la Hongrie et la Grèce bloquent les déclarations de l’UE sur la situation des droits de l’homme en Chine. Pékin veut que le Pakistan et le Sri Lanka continuent de se moquer de l’Inde.

Au lieu d’envisager la Chine sous l’angle de ses propres pro-jets d’hégémonie, les États-Unis et l’UE seraient mieux avisés de comprendre le projet d’hégé-monie chinoise comme tel. Parce que vous ne pouvez traiter avec la Chine que si vous comprenez ce pays.

Henrique Schneider, usam

Un «hégémon», c’est quelqu’un qui cherche la suprématie. L’hégémon se veut politiquement, économiquement et culturellement dominant. Depuis 20 ans, les Etats-Unis sont hégémoniques. Mais l’Union européenne l’est aussi à sa manière. Ce sont donc deux projets hégémoniques. Et la Chine dispose également du sien. La question est la suivante: comment les États-Unis et l’UE gèrent-ils ce problème?

Le «deal» des USA

L’avantage concurrentiel est le principe directeur du projet d’hégémonie américaine. Si le monde est un réseau d’affaires, les Etats-Unis constituent une plateforme sur laquelle pays et entreprises peuvent se battre pour retirer leurs propres bénéfices. Ce n’est qu’après avoir passé un «deal» avec la plate-forme américaine que vous êtes libre de trouver le «deal» le plus utile dans le reste du réseau.

Selon cette lecture, la plate-forme fournie par les États-Unis est trop utile aux Chinois. Mais selon les USA, Pékin ne s’acquitte pas des frais engendrés par cette plateforme. La Chine resquille! Il faut donc rediscuter le tout et aboutir à un accord. Les États-Unis estiment que la Chine fera tellement de bénéfices sur la plate-forme qu’elle ne pourra plus s’en passer. Elle doit donc payer un peu plus cher.

Les valeurs de l’UE

Le projet hégémonique de l’UE est basé sur une communauté de valeurs. L’Union est plus qu’un marché unique: elle repose sur une identité commune et surtout sur des valeurs communes. Celles-ci sont généralement perceptibles sous la forme de règlements. L’UE attend de ses partenaires dans le monde entier qu’ils entretiennent ces valeurs et respectent les réglementations. L’UE estime que tous les autres pays devraient s’estimer heureux de pouvoir les adopter.

Et comment l’UE répond-elle au défi chinois? Dix actions peuvent être identifiées dans le dernier jeu de stratégie de la Commission européenne. L’accent est mis sur l’appel lancé à Pékin pour qu’elle adopte les valeurs de l’UE: il y a notamment les droits de l’homme, la protection du climat et le droit de la concurrence. Si la Chine refuse, elle sera exclue du marché.

Montée en puissance chinoise

Les réponses des États-Unis et de l’UE sont différentes. Néanmoins, elles sont similaires. Vues à travers le kaléïdoscope des lunettes hégémoniques, elles nous disent que la Chine n’est autorisée à participer que si elle joue le jeu.

La réponse chinoise à cette question constitue leur propre projet hégémonique. Il repose sur le prin-cipe d’une coopération planifiée. Pékin prévoit de développer ses partenariats – pays et entreprises. Et Pékin discipline ceux qui ne veulent pas s’en tenir au plan.

Tel est le contenu de la nouvelle initiative «Ceinture et route de la soie» et de la politique industrielle «Made in China 2025». L’objectif de ces deux stratégies est toujours le même: faire de la Chine le pays le plus fort du monde: en affaires, bien sûr, mais aussi au plan militaire.

Investir dans la matière grise

Toutefois, le projet hégémonique de la Chine prévoit aussi une composante de suprématie politique. Le plan dit que les partenaires doivent être loyaux. Pékin exige par exemple que la Hongrie et la Grèce bloquent les déclarations de l’UE sur la situation des droits de l’homme en Chine. Pékin exige que le Pakistan et le Sri Lanka continuent de se moquer de l’Inde.

Au lieu d’envisager la Chine sous l’angle de leurs propres pro-jets hégémoniques, les États-Unis et l’UE seraient bien avisés de comprendre le projet d’hégémonie chinoise tel qu’il est. Parce que vous ne pouvez traiter avec la Chine que si vous comprenez ce pays. C’est comme aux échecs, il vaut mieux avoir quelques coups d’avance...

Henrique Schneider, usam

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