
Tout l’esprit de Madame Prévost
association romande des fleuristes – Outre les sujets brûlants, l’actualité ne manque pas pour les fleuristes. Une association portée par la créativité et de grands enjeux de formation.
Dame Prévost aurait été la première fleuriste à tenir boutique au Palais-Royal, à Paris en 1830. Chez nous, ils sont cinquante-trois, les membres de l’Association romande des fleuristes, créée dans les années 1929 pour la défense de leurs intérêts. « La liste des difficultés semble s’être allongée, explique son secrétaire général Jérôme Simon-Vermot, basé à Paudex. La concurrence sur les prix menée par la grande distribution écrase le marché romand et les shops à essence montent en force. »
Un métier qui se réinvente
Il y a plus sociétal : « La clientèle achète de moins en moins de fleurs pour la décoration d’intérieur, l’éventail des cadeaux s’est élargi et nombreux sont ceux qui offrent du chocolat, des petits objets artisanaux ou même des bons d’achat lorsqu’ils sont invités, en accompagnement avec une bouteille de vin. A noter également, parmi les facteurs qui ont contribué à faire évoluer la situation actuelle : la concentration de l’offre chez les fournisseurs à l’international, ou encore la vente directe de fleurs par la filière agricole.
« Ce métier doit se réinventer », constate le secrétaire général de cette association. Le fleuriste est un rêveur, un créatif, plus qu’un gestionnaire. Certains disposent certes d’un sens commercial très développé, mais en général ils se préoccupent peu de questions administratives. Les professionnels doivent maintenant se concentrer sur la promotion de l’apprentissage et le recrutement de nouveaux membres : tâche d’autant plus difficile que les structures d’entreprises sont minuscules et que la profession est surtout constituée de très petites structures.
C’est un peu comme pour les chocolatiers et les pâtissiers, traiteurs et d’autres métiers de l’artisanat, le salut entrepreneurial sera à chercher notamment dans la spécialisation et la clientèle haut-de-gamme. Il faut réaliser quelque chose qui sort de l’ordinaire et attire l’attention.
Quid d’un sitcom consacré aux fleuristes ? L’idée n’a pas encore fait son chemin, mais le succès du concours pour apprentis (à l’image de la 33e édition qui s’est déroulé à Payerne en 2014) permet de prendre toute la mesure de la créativité et de l’excellence nécessaires à la réussite dans les métiers de la fleur coupée.
Engager plus d’apprentis
Chez les fleuristes professionnels, les grand défis sont identifiés. Dans la formation de base, le nombre de places d’apprentissage disponibles demeure chroniquement insuffisant. Dans le canton de Neuchâtel, les cours aux apprentis fleuristes (Neuchâtel, Jura, Jura bernois) sont donnés à l’Ecole cantonale d’agriculture à Cernier. Si une classe a finalement été ouverte pour l’année scolaire 2014-2015, l’incertitude reste de mise pour la suite. Et si cette filière venait à disparaître ? Un courrier incitatif a été envoyé aux maîtres d’apprentissage, afin qu’ils engagent plus d’apprentis. « A Genève-Lullier, l’idée est actuellement de développer une école supérieure (ES), en partenariat avec l’Association romande. Dans le canton de Vaud, le centre de Marcellin constate également une baisse du nombre d’apprentissages. Actuellement, la branche forme 70 apprentis sur trois ans. Parmi les apprentis, on trouve 98% de filles et 2% de garçons. Ces derniers souhaitent principalement devenir horticulteurs et paysagistes.
François Othenin-Girard
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