Publié le: 3 juillet 2020

Tu nous organises un séminaire?

PLATE-FORME – Corine et Denis Burdet ont créé en 2015 trOOdi.ch pour trouver rapidement une salle de séminaire originale. Cet annuaire pratique est gratuit pour les utilisateurs. La crise sanitaire n’aura sans doute pas le dernier mot!

Ils font partie de ces Romandes et de ces Romands qui osent et continuent d’y croire! Corine et Denis Burdet ont lancé le site trOOdi.ch pour permettre à toutes les PME de dénicher rapidement et simplement une salle de séminaire dans leur région.

Lassé par le home office, fatigué de suivre des heures de séance sur un écran? N’est-ce pas le moment de se retrouver au vert pour un vrai séminaire «extra-muros»? Et pourquoi pas à la Brévine?

Nous en parlions dans nos colonnes en octobre 2015 et les intéressés se sont annoncés pour donner des nouvelles. Donc oui, cet annuaire gratuit existe toujours et il répertorie actuellement 230 lieux et très exactement 1138 salles.

Une mascotte pétillante

Nous sommes rassurés: la délicieuse mascotte vit toujours (voir l’illustration). Actuellement, elle ressemble à une trentenaire dynamique. Et accessoirement un peu à Natacha, l’hôtesse de l’air de la fameuse bande dessinée (Gos et François Walthéry, dès 1970, dans Spirou Magazine). Point commun avec cette héroïne: un côté pétillant et des tas de bonnes idées. Car pour qu’un séminaire marche et que les gens s’y sentent bien, il faut un peu d’originalité, de transposition du réel dans un espace qui permette de se repenser sereinement. C’est dire toute l’importance du cadre – qu’il faut faire éclater!

Au téléphone, Denis Burdet nous appelle depuis les Diablerets, où il se trouve de passage entre deux rendez-vous. En arrière-plan, on entend les cloches des vaches, c’est sympathique et régional. Comme leur démarche. Ce qui n’a pas changé? La méthode d’abord, qui consiste à s’adresser aux restaurants, hôtels et à toutes les PME de la branche de l’accueil, afin de répertorier les capacités existantes.

Chouette, un truc au vert!

Le but étant de rendre simple et pratique la mise sur pied d’un séminaire ou d’une séance – au débotté! Simple et pratique pour tout le monde: «Dès les débuts, nous avions compris que les établissements ne souhaitaient pas entrer dans la logique d’une énième plate-forme avec login, avec mot de passe, adresse e-mail et toutes sortes de complication et surtout de frais. D’où la gratuité des débuts.»

«n’importe quelle PME peut proposer une salle de séminaire!»

Avec les années, le couple a peaufiné sa démarche, en rendant visite aux lieux de séminaire. Ceux qui souhaitent être répertoriés doivent fournir une bonne dizaine de photos de qualité ainsi qu’une description des salles, des équipements disponibles, de l’offre de restauration quand elle existe et des activités et loisirs disponibles sur place.

Gratuit pour les utilisateurs

Sur le site, le ou la responsable du séminaire lance une recherche dans une zone de 30 kilomètres autour d’un lieu-dit. Cela ne coûte rien d’essayer. Il est possible d’affiner à dix ou cinq kilomètres, puis de prendre contact directement avec le restaurant, l’hôtel ou le propriétaire du local en question. Il n’y a pas que les restaurants: n’importe quelle PME peut proposer une salle de séminaire!

«Pour nous, le plus important consiste à obtenir que l’inscription d’un établissement soit durable et corresponde à la réalité et aux besoins.» Le cofondateur et sa compagne ont choisi de fonder une entreprise et d’y consacrer leurs loisirs tout en conservant leur emploi – dans la vente et le marketing. Elle pour un produit fromager régional, lui pour la distribution.

Un séminaire et c’est rentable!

Bien sûr, pour Denis, le rêve serait de s’y consacrer à plein temps, mais pour cela, il faudrait des tarifs bien plus élevés. Au lieu de cela, le couple a évolué vers un modèle légèrement payant – entre 10 et 20 francs par mois – «afin de permettre à un maximum d’établissements de figurer sur la plate-forme. »

«Il suffit d’une offre par année et l’investissement, détaille-t-il. Nous valorisons la plus grande diversité possible dans les offres, grand palace, petite structure dans les arbres, lieux originaux…» Sur le site, on découvre la salle de Chetzeron (2112 m.) à Crans-Montana, une Fromagerie Gourmande à Montricher, la maison du basket à Mies ou le Centre mondial du cyclisme à Aigle, le chocolatier Camille Bloch à Courte­lary, des fermes, des châteaux, des domaines viticoles. Et le fameux wagon CFF qui se promène!

Une pure Romande

Et il faut dire que ça marche. Denis Burdet aime bien citer le cas de Genève ou trOOdi.ch arrive au premier rang des référencements des recherches pour «salle de séminaire». C’est désormais aussi le cas à La Chaux-de-Fonds, Fribourg, Neuchâtel et Sierre, notamment…

Dissipons tout de suite tout malentendu. Si la jeune femme porte un prénom à légère consonnance alémanique, c’est une pure Romande bien ancrée dans son terroir. «Heidi était déjà prise et mon frère a lancé cette idée. Et depuis, nous n’avons pas voulu en changer.» Heureusement, car la mascotte commence à être bien connue en Suisse romande. Grâce notamment à un travail de référencement naturel. «La partie technique du site ainsi que tout ce qui peut l’être a été confiée à des prestataires suisses.»

Au fond, c’est quoi, la différence entre un bon et un mauvais séminaire? «Le bon séminaire, c’est quand l’échange peut se faire naturellement, quand le message passe, que l’on arrive à casser le lien avec la routine de l’entreprise, pour se dévoiler peut-être un peu différemment, sourit Denis Burdet. Les choses doivent rouler sans encombre, le service doit tenir la route avec simplicité, classe et avec une bonne organisation. Quant au séminaire raté, il se tient depuis dix ans dans la même salle. Et après la réunion, votre chef opte toujours pour le même bowling…»

Craint-il un changement de mentalité suite à la crise sanitaire? «Pas vraiment, ce serait plutôt l’inverse: après ces mois de télétravail et de visio-conférences qui vous épuisent, le fait de rencontrer les gens en vrai répond à un besoin essentiel. Par ailleurs, je pense que l’idée fait son chemin de diminuer les surfaces de bureau, de travailler dans de petites structures, afin de réunir de manière vivante les équipes qui travaillent à distance. Le séminaire est une bonne manière d’y parvenir.»

Qu’évoque pour lui le mot «oser» (lire également p. 6) quand on pense à l’incertitude dans laquelle vivent de nombreuses PME en Suisse romande actuellement? «Je dirais de pouvoir prendre le recul nécessaire sur un mode autocritique: dans les circonstances actuelles, nous savons que nous devrons nous mettre à travailler différemment et nous prenons le courage d’explorer de nouvelles pistes. Nous, les PME, nous devons nous réinventer en écoutant mieux nos marchés.»

François Othenin-Girard

Les plus consultés