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Un temps pour la réflexion
scieurs – Gaspard Studer de Glovelier commente l’évolution d’un entrepreneuriat où les défis ne manquent pas. Faut-il opter pour la vente au détail? Comment vendre son image?
Gaspard Studer s’active en coulisse pour préparer le Salon du bois en février prochain à Bulle. Les scieurs romands, association à la tête de laquelle Gaspard Studer vient d’être élu président, y disposera d’un grand stand. Une vitrine aussi pour le bois de proximité.
jam: Quels sont les défis pour la branche de la scierie?
nGaspard Studer: Ce qui a changé du point de vue entrepreneurial, c’est la concurrence de plus en plus forte à laquelle se livrent les acteurs européens de la scierie et en parallèle leur endettement, explique l’ancien scieur de Courroux. Et puis, au prix très élevé du renouvellement du parc de machines, les effets du franc fort, la concurrence étrangère… les défis ne manquent pas!
Les changements technologiques depuis les années soixante ont été très importants. Par exemple, les scies à cadre nous permettaient de travailler avec une vitesse d’avancement du bois entre 7 à 11 mètres par minute, puis les scies à ruban ont pris le relais en sciant 30 à 50 mètres par minute. Pour se faire une idée de l’augmentation de la productivité, il faut savoir que Despond à Bulle, par exemple, l’entreprise de M. Jean-François Rime, dispose d’une ligne de scies circulaires qui travaillent à une vitesse d’environ 40 à 70 mètres par minute dans le bois, suivant la grandeur des billons, certaines de ces installations peuvent atteindre 100 m/min.
Combien faut-il compter pour une machine standard?
n La scierie étant une entreprise de première transformation, ses machines sont des installations qui coûtent le plus cher. Aujourd’hui, pour quelqu’un qui souhaite installer une machine principale, une scie à ruban, il faut compter au moins un investissement de un million de francs, calcule-t-il. Et avec tout ce qui gravite autour, les aménagements, l’évacuation des produits et les socles en béton, etc. l’investissement sera proche de deux millions de francs. Il faut bien réfléchir et être certain de ses marchés!
OĂą en est-on avec la concurrence autrichienne et allemande?
n Le Sud de l’Allemagne, l’Autriche sont en surcapacité de production 
de produits de masse. Les grands groupes sont sur le fil du rasoir. Actuellement, les trois principaux grands groupes européens, en l’espace de cinq ans ( 2008-2013) ont accumulé des dettes à hauteur de 500 millions d’euros.
Notre pays n’est pas adapté pour ces gigantesques structures. Pour certains fabricants de machines, c’est une ineptie de construire des installations qui dépassent les 1 million de m3 de production. En Suisse, la capacité de ravitaillement n’est souvent pas suffisante, dans un rayon d’approvisionnement rentable. Il est connu que nos concurrents européens, pour la plupart, bénéficient de soutiens financier directs ou indirects de la Communauté Européenne.
Certains scieurs songent-ils à se lancer dans le commerce de détail?
n Oui, il existe quelques produits de niche, mais tout le monde ne peut pas se jeter dessus. Il n’y a pas beaucoup de choix; soit on fabrique des produits de masse, standards. Là , il y a quatre ou cinq grands acteurs en Suisse et ils sont principalement tournés vers l’exportation, affrontant les prix d’un marché difficile, à la limite de la saturation. On peut se lancer dans la vente au détail et suppléer les acteurs dans la grande distribution qui importent la majorité de leur bois.
Comment pourraient-ils le faire?
n En se mettant à disposition des clients le sameidi ce qui n’est pas donné à chacun. Il faut être disponible et faire des sacrifices. Exemple: la latte à toit est vendue pratiquement à moitié prix dans une scierie par rapport au supermarché. Et ça, les trois-quarts des gens ne le savent pas. Il faut également appliquer les méthodes commerciales des grands magasins, qui vendent du bois au mètre courant ou au mètre carré, alors que le scieur est habitué à vendre en mètre cube. C’est important, selon lui, cette notion de psychologie de la vente dans ce métier. Des planches vendues à 500 francs le m3, d’une épaisseur de 30 mm, sont équivalentes que si on les vend à 15 francs le m2. Or vous allez tout de suite croire que c’est meilleur marché à 15 francs le mètre carré alors que rapporté au mètre cube, on est au même prix!
Donc qu’est-ce qui les en empêche?
n Rien, si ce n’est que le scieur ne s’est jamais beaucoup préoccupé de ces marchés-là . Il a l’habitude de vendre à des entrepreneurs du bâtiment, charpentiers, menuisier, couvreurs, génie civil, qui achètent par paquet de un à plusieurs mètres cubes en une fois.
Propos recueillis par
François Othenin-Girard
Une trajectoire
Gaspard Studer
Originaire de Delémont
n 1951: né dans une famille d’agriculteurs.
n 1971: stages agricoles en Suisse et en Allemagne.
n 1974: diplômé de l’Ecole d’agriculture du Jura.
n 1974: stages et formation en scierie chez Röthlisberger SA à Glovelier, A+C Corbat SA à Vendlincourt et aux Scierie Réunies du Chalonnais à F-Givry.
n 1976-1984 chef de chantier chez Röthlisberger SA à Glovelier, Corabois SA à Grand Saconnex, Bossy Bois SA à Corcelles près Payerne, Wenger SA à Villeneuve.
n 1985 Ă 2012 directeur de la Scierie Studer SA Courroux.
n Depuis 2012 représentant Torex Handels AG, matériel pour la filière bois, pour la Suisse francophone et italienne.
Monde professionnel:
Expert aux examens CFC Scieur (dès 1987). Comité des scieurs jurassiens (de 1988 à 1996). Membre de l’association Scieurs de Suisse romande (depuis 2002). Enseignant pour apprentis, formation professionnelle (depuis 2000). Co-animateur du cours expert CFC (2001). Diverses commissions professionnelles (2005-2012).
un jour, un métier
Qui a déjà entendu parler du scieur?
«Huit personnes sur dix n’ont jamais entendu parler du métier de scieur. On connaît le charpentier, le bûcheron, mais pas le scieur, interroge Gaspard Studer. Or si on réfléchit bien, chaque morceau de bois qui nous est familier, table, chaise, cadre, ont subi leur premier débit dans une scierie!»
«Nous devons apprendre à vendre notre image, poursuit-il. Cette profession est également ouverte aux femmes, qui représentent environ 5% des apprentis en Suisse.»
Les machines de production et de manutention du bois se sont substituées à la force physique. La formation dure trois ans pour le CFC et deux pour l’AFP. Les cours sont dispensés à Moutier pour le CFC et à Morges pour l’AFP. «Après l’apprentissage, le jeune motivé et doué peut se perfectionner une année avant de se présenter à l’examen d’entrée pour la formation de technicien, ingénieur bois. Une formation de technicien industrie du bois Suisse l’amènera à devenir chef de chantier, directeur ou propriétaire d’une entreprise dans la filière du bois.»
«Parmi les compétences nécessaires et qui font parfois défaut, les maths et le calcul mental. Nous devons en effet sans cesse estimer, jauger, et pratiquer le calcul mental pour établir les prix de revient, les rendements de matière, les prix d’achat du bois.»
Communiqués de presse
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