Publié le: 6 septembre 2019

Une chance pour les PME

transition énergétique – Pour Jacqueline de Quattro, conseillère d’Etat vaudoise et cheffe du Département du territoire et de l’environnement, il faut miser sur nos atouts, la créativité, la diversité et l’inventivité.

Sur fond de tensions entre les Etats-Unis et la Chine et d’une éventuelle récession, le monde change de plus en plus vite. Transition énergétique, «silver économy», révolution numérique, problèmes sécuritaires: des défis qui constituent autant d’opportunités à saisir pour notre économie.

Agir plutĂ´t que subir

La Suisse a de formidables atouts pour y parvenir: notre créativité, notre diversité et notre inventivité. Notre économie reste la plus innovante du monde. Car nous avons la chance de pouvoir notamment compter sur les PME qui écrivent la success story de notre pays.

Certes, la vie des PME est dure: trop de bureaucratie, trop de réglementations, trop d’interdictions. Et nos petites et moyennes entreprises sont souvent confrontées à de grandes tensions sur les prix. Ces inquiétudes, nous les entendons bien.

Nous nous efforçons d’instaurer des conditions-cadres libérales et compétitives. Car un pays écono­mique­ment fort peut apporter le plein emploi et des perspectives de sécurité sociale. Mais trouver des solutions prend du temps, surtout en politique. En Suisse, il faut à chaque fois procéder à des pesées d’intérêts, faire des compromis et composer des majorités.

«Ma conviction: inciter, plutôt que d’interdire.»

En tant que ministre vaudoise de l’environnement et de l’énergie, je suis convaincue que les PME ont une carte à jouer dans la mutation de notre tissu économique en particulier dans la transition énergétique. Une belle opportunité pour concilier économie et environnement, associer développement durable et innovation, inciter plutôt que d’interdire. Une recette qui marche dans le canton de Vaud. Les Vaudois ont massivement soutenu la stratégie énergétique. Avec 73% de oui.

Face à une telle attente de ses citoyens, le Conseil d’Etat s’est fixé comme objectif dans son programme de législature de couvrir 50% des besoins énergétiques du canton par des sources renouvelables d’ici 2050. Cette stratégie ambitieuse ne peut se faire qu’en maniant à la fois le bâton et la carotte. Car l’intervention de l’Etat est parfois indispensable pour déclencher le processus du changement.

Loi vaudoise avant-gardiste

Dans cette perspective, le Grand Conseil vaudois a adopté une loi avant-gardiste sur l’énergie en 2013 déjà. Elle a introduit notamment l’obligation, pour les bâtiments neufs, de produire 20% de leurs besoins en électricité par une source renouvelable. Lors des travaux préparatoires, cette disposition a fait l’objet de discussions nourries. Mais cinq ans plus tard, elle est si bien entrée dans les mœurs que souvent, les capteurs photovoltaïques installés sur les bâtiments neufs dépassent largement cette limite de 20%, car c’est rentable. Voilà pour le bâton.

Si les règlements et les directives sont nécessaires, l’incitation l’est plus encore. C’est la carotte. Dans une perspective de soutien à l’économie vaudoise, nous avons mis en œuvre, en 2012, un programme de 100 millions de francs pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

Innovations tous azimuts

Nous avons ainsi financé un projet qui réunit des chercheurs de l’EPFL, de Romande Energie et de l’entreprise Leclanché autour d’une batterie industrielle hautement performante. Grâce à ce coup de pouce, Leclanché a décroché une commande de 28 millions de francs au Canada. Ce qui a permis de créer des emplois, aussi dans le canton de Vaud. Nous aidons aussi des start-ups comme celle qui planche sur la possibilité de stocker l’énergie issue de sources renouvelables sous forme d’air comprimé. Mais l’économie vaudoise, c’est d’abord les PME. Là nous misons sur la rénovation énergétique des bâtiments, qui gaspillent à eux seuls près de la moitié de l’énergie consommée chaque année en Suisse! La Confédération et les cantons ont développé le Programme Bâtiments qui encourage les rénovations énergétiques par le biais de subventions. Cette année, l’Etat de Vaud a mis à disposition des propriétaires une enveloppe de 52 millions de francs. Qui devrait générer des investissements d’au moins 260 millions de francs.

«Restons à la manœuvre, si nous ne voulons pas nous faire imposer des mesures drastiques qui feront mal à nos entreprises!»

Car pour chaque franc de subvention versé, cinq à six autres francs sont investis. De 2012 à 2018, les retombées des aides destinées aux rénovations se chiffrent à près de 700 millions de francs pour l’économie vaudoise. Ce sont des retombées directes pour l’économie régionale, notamment pour nos PME.

Alors continuons à développer ensemble des modèles plus respectueux des écosystèmes, sans pour autant mettre en danger la croissance. Car toutes ces mesures autour de la transition énergétique doivent s’inscrire dans une réflexion globale tenant compte de l’évolution de l’économie mondiale et nationale. Les efforts demandés à nos entreprises doivent être supportables et ne pas mettre en danger leur compétitivité et l’emploi.

Restons à la manœuvre, si nous ne voulons pas nous faire imposer des mesures drastiques qui feront mal à nos entreprises. Agissons plutôt que de subir.

Jacqueline de Quattro

Conseillère d’Etat

Cheffe du Département du territoire et de l’environnement

Canton de Vaud

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