Publié le: 8 juillet 2016

Une très vive déception

MESSAGE FRI – Le Conseil national a balayé la requête de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture (CSEC) visant à renforcer la formation professionnelle supérieure (FPS).

Le 9 juin dernier, après des heures de débats, le Conseil national a rejeté le Message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation pendant les années 2017 à 2020 (Message FRI), le renvoyant au Conseil des Etats. Quel dommage!

«une chance ratée de promouvoir la relève professionnelle!»

Rappelons que c’est sur la demande persistante de l’usam que la formation professionnelle supérieure (FPS) a pu être renforcée! Certes, le Conseil fédéral a retenu les objectifs prioritaires et le Conseil national l’a suivi. Mais c’est décevant de constater que toutes les autres demandes que la Commission de la science, de l’éducation et de la culture, largement ­approuvées par le Conseil national durant les longs débats, ont été finalement balayées.

Pendant ce temps, les propositions moins ambitieuses du Conseil fédéral ont toutes passé la rampe... A cela, le directeur de l’usam et conseiller national Hans-Ulrich Bigler déclare: «Voilà une chance ratée de promouvoir la relève professionnelle et de mieux garantir une main-d’œuvre qualifiée.»

Christine Davatz, directrice usam et responsable de la formation, renchérit: «De belles paroles à profusion mais, jusqu’ici, aucun acte. Il y a un an, l’usam et le Réseau FUTURE – communauté d’intérêts regroupant les partenaires des hautes écoles et des milieux scientifiques et politiques – se sont assis autour d’une table pour que la seule matière première de la Suisse, à savoir la formation, trouve une audience commune et le soutien financier nécessaire.» Bien avant le lancement officiel du Message FRI, l’usam a soutenu une motion pour ancrer un taux de croissance annuel de la formation de 3,9%, aussi bien pour la formation professionnelle que pour les hautes écoles et la recherche. «Le Conseiller fédéral concerné était d’abord pour un taux de 3,2%. Puis, lorsque le Message FRI a été lancé, le taux est tombé à 2% et même à 1,5% pour la formation professionnelle et les EPF», regrette Christine Davatz.

Pas au détriment des cantons

Une fois encore, l’usam et le Réseau FUTURE se sont battus au sein de la CSEC-N pour augmenter le taux 
et sont finalement parvenus à convaincre une majorité sur la nécessité de plus de moyens. «En matière de formation professionnelle, outre la promotion de l’EPS, cela aurait signifié du Conseil fédéral la création de nouvelles prestations dans l’enseignement professionnel de base qui ne seraient pas à la charge des cantons. Par exemple dans la promotion de la maturité professionnelle, de l’orientation professionnelle ou de projets d’intégration», explique Christine Davatz.

Professionnels désavoués

L’usam espère que la Chambre du peuple s’est simplement fourvoyée: les factions bourgeoises se sont alignées sur la ligne du Conseil fédéral, rejetant la majorité des demandes du CSEC. «Pourtant tout le monde a parlé de la formation comme étant bien la seule ressource du pays, à préserver absolument, car l’enjeu serait crucial pour l’innovation et l’excellence dans la recherche et le développement», se fâchent Bigler et Davatz à raison. Désormais, il incombe au Conseil des Etats de veiller à ce que les cantons qu’il représente, ne soient pas contraints d’exécuter leurs plans d’austérité sur le dos de la formation professionnelle. «Justement en matière de formation professionnelle, où certes la formation professionnelle supérieure doit être renforcée avec 365 millions de francs, il manque aux cantons désormais au moins 286 millions que la Confédération a simplement réduit les forfaits versés aux cantons», révèle Christine Davatz.

«De belles paroles à profusion, mais jusqu’ici, aucun acte!»

Gare au programme de stabilisation!

De plus, selon Davatz, plane une autre menace de coupe budgétaire: le dénommé programme de stabilisation 2017-2019 du Conseil fédéral que la formation, elle aussi, devrait supporter. «La première proposition d’une économie de 20% sur la formation est, selon la décision du Conseil national dans le Message FRI encore moins acceptable. La formation ne doit pas être affaiblie davantage», appelle Christine Davatz.

Une initiative! A quoi bon?

A la position du Conseil fédéral en faveur d’une initiative visant à combattre la pénurie de personnel qualifié, il faut une réponse claire: «Cela ne marche pas comme ça! On ne peut pas exiger de l’économie qu’elle s’implique encore davantage et, ensuite, lui promettre une aide active de la Confédération. Puis, quand il est question d’offrir cet appui, soudain le robinet se ferme», dit Bigler fâché. D’un regard acéré, l’usam va donc suivre «qui quoi et comment» contribue à la formation ainsi que ceux qui se vantent de vouloir renforcer la formation professionnelle en Suisse pour, ensuite, la laisser lamentablement tomber. CR

Le Message FRI (extraits)

«Le Conseil fédéral a adopté le Message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation (FRI) pour les années 2017 à 2020. Il sollicite une enveloppe de 26 milliards de francs en chiffre rond pour la mise en œuvre des diverses mesures d’encouragement. Il propose en même temps de mettre à jour plusieurs lois du domaine FRI (...).

L’enveloppe financière de 26 milliards de francs en chiffre rond sollicitée dans le Message FRI 2017 à 2020 est destinée à financer les mesures fédérales d’encouragement de la formation professionnelle, des hautes écoles (domaine des EPF, universités cantonales, hautes écoles spécialisées) et de la formation continue ainsi que l’encouragement de la recherche et de l’innovation (...).

Quatre domaines prioritaires

Dans cette optique, le Conseil fédéral a défini quatre domaines d’encourage­ment prioritaires:

(1) La formation professionnelle supérieure constitue en Suisse une voie éprouvée pour obtenir des qualifications professionnelles supérieures au degré tertiaire en dehors des hautes écoles. Une réforme et le renforcement du financement des cours préparant aux examens fédéraux viendront renforcer la formation professionnelle supérieure.

(2) Une relève scientifique hautement qualifiée est essentielle pour permettre à notre pays de rester compétitif sur le plan international en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Il s’agit donc de soutenir les hautes écoles dans l’adaptation de leurs structures de carrière pour la relève académique.

(3) Médecine humaine: depuis longtemps déjà, les besoins en personnel de santé ne peuvent plus être couverts par des spécialistes formés en Suisse (programme spécial vise à augmenter encore le nombre de diplômes décernés en médecine humaine).

(4) Innovation: l’activité d’innovation de l’économie privée sera soutenue par des mesures à effet structurant et à long terme ainsi que par la poursuite de solides investissements publics dans la recherche.

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