Publié le: 25 janvier 2019

Une UE faible, un Conseil fédéral faible

CONFÉRENCE D’HIVER DE L’USAM – Le marché suisse du travail et l’accord-cadre institutionnel (InstA) avec l’UE ont été abordés et discutés à Klosters. La faiblesse de l’UE ne facilite vraiment pas les travaux de négociations.

Les journées de l’usam à Klosters étaient le lieu idéal pour discuter tranquillement des sujets les plus chauds. «L’usam attache une très grande importance à la flexibilité du marché du travail, a lancé Dieter Kläy, responsable du dossier à l’usam. Nous sommes contre une réglementation supplémentaire du monde du travail, en particulier contre une extension des mesures d’accompagnement (FlaM).» Selon lui, il est normal d’exiger que le droit du travail des années 1960 soit adapté au monde actuel. «Plus de travail, mais un travail différent, plus flexible, tel devrait être la devise.»

Les Ă©changes de marchandises

«L’usam ne remet point en question l’objectif de la protection salariale actuelle, a précisé Dieter Kläy. Cela posé, les négociations autour des accords cadres ne devraient pas aboutir à rigidification du marché du travail flexible.» Tout a un prix, dans ce domaine aussi.

«La politique européenne du Conseil fédéral vise à garantir l’accès au marché intérieur de l’UE», a déclaré pour sa part le secrétaire d’État, Roberto Balzaretti, en préambule de sa réflexion sur l’accord cadre institutionnel (InstA). Il a rappelé que les échanges de marchandises entre la Suisse et l’UE s’élèvent à environ un milliard de francs suisses par jour, services compris, soit près de deux milliards de francs suisses. Et que pour cette raison, dans toutes les négociations, la Suisse doit respecter les principes suivants: «Autant de Suisse que possible, autant d’UE que nécessaire.»

Pour l’UE, l’homogénéisation de la situation juridique est tout aussi sacro-sainte que la neutralité en Suisse. «Partout où la justice est rendue, la Suisse doit avoir son mot à dire», a déclaré le négociateur en chef suisse. Jusqu’ici, trois objectifs n’ont pas été atteints dans les négociations avec l’UE: l’exclusion de la FlaM, l’adoption de la «directive citoyenne» et les exceptions en matière de sécurité sociale. Le Conseil fédéral, les partis politiques, les syndicats et les associations devraient maintenant peser leurs intérêts avec sagesse en sachant, a-t-il rappelé, que chaque décision a un prix.

Une UE atone

Michael Schönenberger, rédacteur en chef de NZZ, a animé une discussion entre les participants suivants: Magdalena Martullo-Blocher (CN UDC/GR), Adrian Wüthrich (CN PS/BE et président de Travailsuisse) et Hans-Ulrich Bigler (CN PLR/ZH et directeur de l’usam). Le représentant des syndicats, Corrado Pardini (CN PS/BE), n’a pas pu être présent pour cause de maladie. Le syndicaliste Adrian Wüthrich a pour sa part ­exigé une garantie des mesures de protection et a protesté contre ­l’accusation souvent lancée que les syndicats s’enrichiraient via le contrôle des salaires: «Nous ne ­gagnons rien du tout de ces contrôles et Travailsuisse se finance uniquement par ses cotisations.»

Dans la discussion, Hans-Ulrich Bigler a défendu le partenariat social comme une «réglementation voulue qui nous assure la paix du travail et a lutté contre le pessimisme politique et les zones d’ombre qui entourent les mesures de protection des travailleurs». «Nous sommes aussi attachés à ces mesures que nous le sommes à un marché du travail flexible. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est avant tout une action plus décisive du Conseil fédéral.

Au final, les représentants du PLR, de l’UDC et du PS ont trouvé un consensus sur un point plus général: l’UE est actuellement gravement affaiblie – or cette situation ne facilite pas les négociations.

À l’ordre du jour

Le comité directeur de l’usam et la Chambre suisse des arts et métiers discuteront de cet accord cadre en réunion le 30 janvier prochain.

En/JAM

Les plus consultés