« Nous sommes le 22 décembre 1882 à l’avant-veille de Noël. Une vingtaine de voyageurs de commerce ont déposé valises pour quelques jours et en profitent pour se réunir au Café du Midi, place Chevelu, à Genève. On parle métier. Jusqu’à cette date (...), aucun lien ne groupe les professionnels de la vente d’expression française (ou romande). Il est de l’intérêt des voyageurs de commerce de Suisse romande de s’unir pour soutenir leurs revendications concernant les problèmes ferroviaires et hôteliers. On sait aussi que certains collègues sont parfois en détresse suite de maladie ou d’accidents et que, en pareille circonstance, la solidarité ne doit pas être un vain mot. » Cette description pittoresque de la naissance d’une association professionnelle René Stampfli, ancien secrétaire central et membre d’honneur de la Ligue suisse de la représentation commerciale (LSRC), l’a rédigée en 1983 pour les 100 ans de l’Union des voyageurs de commerce. En soulignant le côté chevaleresque et l’altruisme de ces pionniers.

Ces pionniers ont inventé

le « Sou du voyageur »

La brochure relate par le menu les conditions d’existence professionnelle de ces voyageurs de commerce et représentant qui sillonnaient la Suisse. Militant pour obtenir un déclassement gratuit de 3e en 2e classe et mis au bénéfice d’un billet kilométrique. Luttant avec opiniâtreté pour que soit mis sur pied une caisse-maladie. Créant le « Sou du voyageur », un fonds qui sera alimenté par tous les membres lors de chaque repas pris au restaurant. Pour soutenir veuves et orphelins laissés par les membres décédés prématurément. L’ancêtre de l’AVS ! Dans les années 1970, le Comité central repense sa politique immobilière. Et revend divers biens à Genève avant de construire son propre immeuble aux Ouches, un ensemble locatif où la LSRC, ancêtre de la Fédération des agents indépendants et représentants (FAIR) installe, dès 1973, son secrétariat central. C’est là qu’elle réside encore aujourd’hui, toujours propriétaire de cet immeuble de 85 appartements qui lui assure des revenus suffisants. Marc Schenker, président depuis 2006, s’engage avec son comité pour la formation professionnelle et continue, en partenariat avec Swiss Marketing et les écoles. « Nos membres sont souvent devenus représentant un peu par hasard, provenant de divers métiers dans lesquels ils doivent assurer une fonction de vente. » L’association compte actuellement 342 membres en Suisse romande: à Bienne (33), La Chaux-de-Fonds (10), Fribourg (82), Genève (50), Vaud (79), Neuchâtel (26), Valais (59) et Tessin (3). Côté sociologie professionnelle, « les membres sont à 90% des hommes, le plus souvent en seconde partie de carrière avec un âge moyen de 45 à 65 ans environ », explique Marc Schenker. « La plupart sont des représentants actifs au sein d’une société, contre 10% des agents indépendants, dits multicartes s’ils représentent plusieurs sociétés ou s’ils sont franchisés. »

Outre des sujets liés à la formation générale (comment se tenir à table, perception de l’image de soi et des autres, méthode des couleurs), les membres discutent des conditions de travail, de rémunération (commission) et de formation professionnelle. L’association offre également certains avantages (voitures, assurances). Enfin, elle publie un journal (Infos-vente) dans lequel divers articles (droit du travail, aspects juridiques) sont fournis par des collaborations extérieures et anime un site Internet.

Ce qui a changé dans ces métiers ? Les nouvelles techniques de vente, grâce aux moyens électroniques, ont bénéficié d’un certain renouveau. Si le mailing l’a emporté sur le porte-à-porte, précise le président Schenker, le contact humain, direct, physique restera primordial.

François Othenin-Girard

LIEN

www.f-a-i-r.ch