Publié le: 20 janvier 2023

Les fausses croyances tuent la bonne prévention

alimentation – La déclaration de Milan vise à réduire la teneur en sucre des produits. Les organisations sectorielles sont mises de côté de manière peu helvétique. Ce n’est là qu’un des problèmes.

Les autorités publiques sont en lutte contre les produits sucrés. Depuis 2015, le Département fédéral de l’intérieur s’est associé – via la Déclaration de Milan – aux entreprises productrices de yoghourts et de céréales pour diminuer la teneur en sucre dans leurs produits et depuis 2019 la teneur en sel également.

L’État aurait-il enfin décidé de s’attaquer au problème? Sûrement, mais les entreprises ont depuis longtemps pris les devants pour diminuer la teneur en sucre indépendamment de l’intervention étatique. En effet, de 2005 à fin 2020, les entreprises ont volontairement réduit la teneur en sucre de 15 %.

Notons aussi que 40 % des boissons rafraîchissantes produites en Suisse sont sans sucre ou avec une teneur réduite. Quel est donc le problème? L’humoriste Pierre Doris disait «Ma femme adore tout ce qui est raffiné... Le sucre, par exemple.» Par-delà le jeu de mot, nous expérimentons tous avec le sucre une expérience singulière. Pour faire court, le sucre active le système de récompense du cerveau qui procure alors un sentiment de bien-être momentané. Sa surconsommation conduira donc à une surrécompense du cerveau et au mal insidieux de ce siècle: l’obésité.

Taxer ne résoud rien

La réalité n’est toutefois pas si simple, puisque la consommation de sucre est à associer à une diminution de l’activité sportive en général et un manque croissant de consommation équilibrée chez les consommateurs.

Pour résoudre ce problème, deux alternatives sont souvent présentées, soit réduire le sucre dans les produits, soit imposer une taxe sur les produits sucrés. Plusieurs cantons romands ont essayé de faire passer des taxes sur le sucre pour payer les actions de prévention, en vain.

Intimidation désagréable

Il faut bien comprendre qu’une taxation est ridicule pour résoudre un problème de consommation. Ainsi en France, depuis 2012 une taxe nommée «contribution sur les boissons contenant des sucres ajoutés» a été imposée. Certes cela a permis de renflouer les caisses de l’État de 280 millions d’euros par an. Le résultat n’est en revanche pas probant puisque l’obésité a crû de 15 à 17 % entre 2012 et 2021 malgré les mesures prises.

La stratégie de réduire le sucre est donc plus prometteuse, si toutefois les responsabilités sont nuancées. Il est hors de question de pointer du doigt les entreprises alors que les consommateurs sont responsables de leur consommation. Et personne ne veut en Suisse d’un État qui nous dirait ce que l’on doit consommer ou pas. Si la Déclaration de Milan est à première vue intéressante, il est toutefois regrettable de constater qu’ici l’État contourne le fonctionnement politique suisse, qui fait normalement participer les associations de branches de l’économie, pour s’en prendre directement aux entreprises. Ainsi, la Déclaration de Milan écarte les associations de branches pour aller intimider les entrepreneurs et producteurs. L’usam s’oppose clairement à ce genre de procédé qui consiste à soutirer l’assentiment de quelques entreprises en dépit des nombreuses différences de l’entièreté de la branche et à le présenter comme un succès. L’histoire du sucre n’est déjà pas glorieuse, maintenant avec ces problèmes de consommation excessive de sucre, faut-il rajouter par-dessus tout une intervention excessive de l’État pour contraindre les PME et rééduquer les consommateurs? C’est ce que certains demandent, oubliant qu’ainsi ils aplanissent le chemin à un système de plus en plus interventionniste.Mikael Huber, usam

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