Publié le: 14 avril 2023

Il n’y en aura jamais assez!

APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ – Nous le savons: pour décarboniser, il faut électrifier. En revanche, d’où doit provenir l’électricité? Les capacités suisses sont épuisées et les besoins augmentent.

Le contre-projet indirect à l’initiative sur les glaciers sera prochainement soumis aux urnes. Selon ce dernier, la Suisse ne devrait plus émettre de gaz à effet de serre en 2050. Lors des débats parlementaires, l’usam a rejeté ce contre-projet. Premièrement, l’objectif n’est pas clair, car personne ne peut dire aujourd’hui ce que signifie «net». Deuxièmement, les mesures qui doivent conduire à une réduction ne sont pas du tout contenues dans le projet. Troisièmement, il y a un énorme éléphant dans la pièce: l’électricité.

Une grande réduction des émissions de gaz à effet de serre de la Suisse, communément appelée décarbonisation, n’est possible que si l’économie et la société sont radicalement électrifiées. Mais d’où doit provenir toute cette électricité ?

Consommation et besoins

La Suisse a un besoin en énergie primaire de 259 térawattheures par an. Environ 60 %sont d’origine fossile, c’est-à-dire l’essence, le diesel, le mazout et le gaz. Les besoins en électricité de la Suisse s’élèvent aujourd’hui à environ 65 térawattheures et se composent d’environ 55 % d’énergie hydraulique, 36 % d’énergie nucléaire et 9 % d’autres sources d’énergie. Il existe un léger excédent de production, mais la production est insuffisante en hiver, ce qui nécessite l’importation d’environ six térawattheures.

À l’avenir, on s’attend à une nette augmentation des besoins en capacités de production d’électricité. D’une part, la disparition des centrales nucléaires (-23 térawattheures) doit être compensée et, d’autre part, les besoins supplémentaires liés à la décarbonisation des transports et de la production de chaleur ainsi qu’à la croissance démographique doivent pouvoir être couverts. Les besoins varient selon les secteurs.

Les besoins augmentent

L’électrification signifie que les besoins en électricité augmentent. La consommation d’énergie de la mobilité se situe aujourd’hui entre 57 et 64 térawattheures, selon les sources. Elle est presque exclusivement satisfaite par des sources d’énergie fossile. Certes, les besoins en énergie diminuent en raison de la plus grande efficacité des véhicules électriques. Mais comme il y en a de plus en plus, les besoins nets en électricité augmenteront jusqu’à 15 à 16 térawattheures d’ici 2050.

Nouvelles capacités

Les besoins actuels en chaleur s’élèvent à environ 100 térawattheures d’énergie, dont 60 % sont d’origine fossile. La substitution des agents thermiques fossiles ne se fait pas exclusivement par des pompes à chaleur, car les réseaux thermiques et la biomasse offrent également un grand potentiel. Même si, en raison de l’amélioration des technologies et des mesures d’efficacité, le besoin en électricité de base diminue légèrement d’ici 2050, une extension massive des capacités est nécessaire pour pouvoir couvrir les besoins en électricité en 2050. Une étude réalisée par l’Empa en 2022 prévoit un besoin supplémentaire de 25 à 40 % de capacités de production d’électricité pour répondre aux besoins de 80 à 90 térawattheures d’ici 2050. C’est beaucoup – et impossible à atteindre si rapidement.

Toujours est-il que les Chambres fédérales examinent deux projets qui devraient faciliter l’extension des capacités de production. Mais même là, ils ne répondent pas à la question la plus importante, à savoir quel sera l’avenir de l’énergie nucléaire. Avec elle, les objectifs du contre-projet à l’initiative sur les glaciers seraient atteignables. Sans elle, ils ne le sont probablement pas.

Sans réponse à la question de savoir comment faire avancer l’électrification, il n’y a pas de réponse à la question de savoir comment atteindre la protection du climat prévue.

Henrique Schneider, usam

Contre-projet à l’initiative sur les glaciers: possible avec le nucléaire?

Photo: 123RF

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