Publié le: 14 avril 2023

Mise sous tutelle insupportable

AWMP – L’Alliance des milieux économiques pour une politique de prévention modérée s’engage contre l’infantilisation des consommateurs et l’instrumentalisation des producteurs par des autorités trop zélées.

Comme pour les mesures «volontaires» pour la consommation de sucre et désormais de sel.

Après le sucre, c’est au sel de faire l’objet d’une future règlementation, comme l’a souligné en février l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).

Le sucre fait déjà l’objet de mesures variées. Le Nutri-Score que l’usam considère comme une mise sous tutelle des consommateurs. La déclaration de Milan dont le but est d’aligner les grands producteurs pour baisser la teneur en sucre de leurs produits. Le pire, dans ces campagnes et mesures, c’est qu’elles ne sont pas volontaires: elles ne proviennent pas d’un marché volontairement orienté vers la production de denrées moins sucrées, mais font réellement partie d’un agenda qui met sous contrainte l’industrie agro-alimentaire et les PME du secteur des denrées alimentaires.

En effet, de nombreuses tentatives politiques au niveau fédéral et cantonal ont finalement poussé les acteurs à s’accorder «volontairement». Les guillemets soulignent ici la dimension pas tellement volontaire de ce genre de mesure – sur des objectifs de réduction. La déclaration de Milan a conduit à réduire la teneur en sucre de 5 % dans les yoghourts depuis 2018 et de 13 % dans les céréales. Heureusement, le Conseil national et les États ont refusé des mesures plus strictes contre les producteurs de boissons sucrées.

Les intentions de l’OSAV ne sont pourtant pas difficiles à saisir. Ses représentants ont essayé de mettre sur la table des taux de réduction de sel dans les négociations avec les acteurs privés porteurs de la déclaration, sans succès.

Forte de cet échec, l’administration déclare de manière péremptoire qu’elle va recourir à des mesures règlementaires. D’abord, si elles veulent agir dans ce sens, les autorités publiques doivent disposer d’une base légale. Ce qui pour l’instant n’est certainement pas le cas. L’OSAV ne cherche qu’à faire pression sur les acteurs de la déclaration de Milan pour qu’ils se déclarent une nouvelle fois «volontairement» prêts à une réduction de la teneur en sel de leurs productions.

Il est facile ici de déceler la farce que de telles négociations font peser sur la prétendue culpabilité des producteurs envers les comportements des consommateurs. Les milieux de gauche et les Verts ont l’impression que ce problème d’obésité, parce que c’est avec des impôts et des restrictions qu’ils veulent s’y prendre, peut être réglé par voie règlementaire. À les entendre, il s’agit surtout d’un problème d’éducation. Les couches de population moins bien formées se ruineraient la santé, car elles ne comprennent rien à l’alimentation. L’objectif étant clairement de conduire ces «braves gens» à mieux se comporter pour qu’ils puissent enfin vivre en bonne santé. La réflexion consiste à croire qu’en éduquant les consommateurs, ils se nourriront correctement et que, pour ce faire, il faut attaquer les producteurs.

Leur but cache clairement deux objectifs répugnants pour un système politique démocratique plutôt libéral. Le premier, c’est la mise sous tutelle des consommateurs. Oui, les autorités veulent prendre le peuple pour des personnes nécessiteuses d’explications, qui ne savent pas ce qu’elles font et qui doivent par conséquent être guidées par des technocrates éclairés. Puisque ces autorités n’osent pas intervenir directement dans notre assiette, ce qui serait clairement assimilable à de la dictature des conduites, elles décident de s’en prendre directement aux producteurs.

Des procédés douteux

Le deuxième objectif vise à condamner les producteurs du système, trop facilement associés au fait que s’ils ne veulent pas baisser leurs teneurs en sucre ou en sel, c’est pour maintenir les consommateurs dans un lien de dépendance. C’est juste pour le profit, d’après leur analyse.

(Mal)heureusement, d’après leur logique anticapitaliste, et donc anti-entrepreneuriale, l’État est là pour veiller au grain et remettre les entreprises opportunistes dans le droit chemin.

L’Alliance des milieux économiques pour une politique de prévention modérée critique vivement ce genre de procédés douteux. Il est pratiquement évident qu’à ce rythme, l’État pourra mettre sa tutelle sur bien des domaines de la sphère privée des consommateurs. Mais où se trouve encore l’idée de la responsabilité individuelle des consommateurs? Certainement pas à l’OSAV.

Mikael Huber, directeur AWMP

Articles approfondis

Les plus consultés