Publié le: 11 août 2023

Compétitif, stable et sécurisé

DAMIEN COTTIER – En pleine cam­pagne pour les fédérales, le conseiller national (PLR/NE) aborde pour le JAM les thèmes chauds de la formation professionnelle, des transports, de l’énergie et du climat, de la prévoyance et de l’esprit d’entreprise.

Journal des arts et métiers: Comment s’articule votre campagne pour les élections fédérales 2023?

Damien Cottier: Au PLR neuchâtelois, nous avons pour habitude de mener les campagnes en équipe, il y a donc peu d’éléments de campagne strictement personnels. Nous disposons d’une liste complète et variée. Elle fait la part belle à l’ensemble des régions du canton, avec des profils compétents et un bon équilibre entre les sexes (six femmes, quatre hommes). Avec quatre candidats sur la liste principale pour le Conseil national, deux sur la liste des États et une liste de jeunes, nous entendons défendre nos deux sièges (sur les six que compte le canton) et porter haut notre message dans cette campagne qui est d’assurer la compétitivité, la stabilité et la sécurité de la Suisse.

Sur un plan plus personnel, je pense qu’il est important de communiquer et d’être en contact avec la population et les entreprises tout au long de la législature, pas uniquement à l’occasion des élections. Je ne change donc pas fondamentalement ma manière d’agir: je dis ce que je fais et je fais ce que je dis. Il faut travailler avec sérieux, respect et constance. La campagne est simplement une période où les activités sont encore intensifiées et surtout une occasion renforcée de débattre et d’échanger avec la population dont je me réjouis.

Formation professionnelle en Suisse romande, comment soutenez-vous l’apprentissage dual en Suisse romande?

La formation est principalement du ressort des cantons, avec bien sûr un cadre fédéral. Et dans la formation professionnelle, les entreprises et les branches jouent un rôle déterminant. Il ne faut donc pas attendre de miracle de la Confédération. Mais il y a un rôle. Des mesures d’incitation et de promotion peuvent être prises au niveau national. Je suis enthousiasmé par les championnats de métiers avec leur dimensions régionale, nationale (SwissSkills) et internationale (EuroSkills et WorldSkills)!

Je suis enthousiasmÉ par les championnats de métiers.

Ils mettent en valeur les métiers et les magnifiques compétences des jeunes. Le fait que la politique en parle, jusqu’au plus haut niveau, contribue aussi à faire évoluer les perceptions: un apprentissage peut ouvrir les portes à tous les futurs. Plusieurs conseillers fédéraux n’ont ainsi pas de cursus académique, comme le ministre de l’économie Guy Parmelin ou la ministre des finances Karin Keller-Sutter.

Cela étonne à l’étranger. Ce sont des exemples à mettre en lumière. Il me semble aussi important de bien sensibiliser les enseignants qui sont des prescripteurs de premier plan. Il faut qu’ils connaissent les métiers pour pouvoir en parler positivement. Des événements comme Capa’Cité, le salon neuchâtelois des métiers, qui se tiendra du quatre au neuf septembre prochain à Neuchâtel, sont importants pour que les jeunes, leurs parents et les enseignants puissent découvrir concrètement les métiers. Voir les yeux brillants des élèves qui visitent ce salon est une merveille!

Cette année, j’ai insisté pour y emmener une hôte d’honneur internationale afin de lui montrer comment la Suisse sait intégrer tous ses jeunes! Il faut aussi assurer une bonne reconnaissance des titres, faciliter les passerelles entre secteurs de formation et mettre un frein à la paperasse exigée des entreprises formatrices qui décourage! À Neuchâtel, l’initiative de la gauche pour «protéger» les apprentis va ainsi à contre-courant, introduisant contrôles, esprit de méfiance et bureaucratie. Il faut la combattre!

Énergie, climat, quelles sont vos pistes pour la suite?

Avec la nouvelle loi sur le climat et l’innovation approuvée clairement par le peuple, nous disposons d’une base solide et d’un objectif clair: le net zéro en 2050. Cette loi, fruit d’un compromis, est largement soutenue par les milieux économiques et peut aussi profiter aux entreprises. Il faut faire de l’économie verte un «business case», de nombreuses entreprises l’ont déjà compris bien avant la politique! Sur le plan de l’énergie, notre pays est dans une situation inquiétante. La politique naïve portée par la gauche, les partis verts et le centre pendant des années nous mène dans le mur.

Nous ne pouvons pas compter uniquement sur la chance et les importations! Il faut produire plus d’énergie indigène. Beaucoup plus. Nous aurons besoin de toutes les contributions. Il ne faut donc pas de tabous. L’objectif est d’assurer un approvisionnement énergétique, et en particulier électrique, stable et climatiquement neutre.

Du côté des énergies renouvelables, il faut simplifier et raccourcir les procédures, en particulier en limitant les recours multiples. Il n’est pas acceptable qu’il faille 20 à 25 ans de procédures pour implanter des éoliennes, planifier une centrale solaire, installer de la géothermie ou même rehausser un barrage! Il faudra aussi planifier la construction de nouvelles grandes centrales, peu importe la technologie utilisée tant que la sécurité, l’approvisionnement en combustible et la protection du climat sont assurés. Il faut moins de slogans (et de tabous) et plus de courant!

Transports, comment réduire les bouchons et avoir des trains entre les villes romandes?

Les divers modes de transports sont complémentaires et ne doivent pas être mis en compétition les uns envers les autres comme le fait sans cesse la gauche. Là où le train convient à certains, la voiture reste indispensable à d’autres. On en sait quelque chose dans le canton de Neuchâtel qui est aussi composé de régions de montagnes. Le Parlement a voté les crédits pour élargir les autoroutes et moderniser le réseau et c’est indispensable. Il y a aussi les investissements d’agglomération, notamment pour finir les contournements nécessaires. Il faut aussi continuer d’investir dans le rail. Ce sera massivement le cas en Suisse romande ces prochaines années.

Le problème est qu’entre les travaux d’entretien – trop longtemps reportés – et l’extension et la modernisation d’un réseau déjà quasi saturé, il y a un principe de réalité qui conduit à un horaire en partie moins performant pour plusieurs années. C’est un réel problème pour l’Arc jurassien de perdre sa connexion directe avec Genève. Il faut donc diminuer l’impact et la durée de cet «horaire de travaux» et tenir les promesses notamment s’agissant de la cadence semi-horaire. La mobilité de demain ne sera pas uniquement ferroviaire, mais également automobile – avec de plus en plus de véhicules électriques et des nouveaux moyens de propulsion. La route gardera une place importante dans le transport. Et pour assurer la complémentarité, il faut pouvoir se garer facilement et à prix raisonnables dans et près des gares.

Prévoyance, AVS, AI: face à l’endettement, réformer les grandes institutions sociales?

La politique doit se baser sur des faits, pas sur des croyances. Ce qui est valable pour le changement climatique l’est aussi pour la démographie. Même si Monsieur Maillard renâcle. Dans les prochaines années, un million de personnes de la génération baby-boom prendra sa retraite. Les Suisses vivent plus longtemps en bonne santé (et c’est heureux!) et ils font moins d’enfants (et c’est un problème pour le financement du système de prévoyance). Espérer que la population ne vieillisse pas, croiser les doigts et acheter des gris-gris marqués d’une rose ne suffira pas.

Énergie: la politique naïve portée par la gauche, les verts et le centre pendant des années nous mène dans le mur.

Il faut agir. C’est désagréable et difficile, mais on le doit à la population! Il faut assurer que le système des trois piliers préserve ses caractéristiques et qu’on n’introduise pas une part de répartition qui appartient au 1er pilier dans le système par capitalisation du 2e. Sans réforme de financement, la charge sur les cotisants deviendra insoutenable. AVS 21 est un premier pas, mais il est insuffisant. La prochaine étape sera l’initiative sur les rentes. Et bien sûr, la réforme du 2e pilier qui introduit un taux de conversion plus réaliste, assure une possibilité de cotiser pour davantage de personnes notamment à temps partiel et favorise l’emploi des seniors en simplifiant les seuils des niveaux de cotisations.

Postpandémie et État tout puissant: comment retrouver l’esprit entrepreneurial?

Les entrepreneurs n’ont pas perdu leur esprit entrepreneurial! Bien au contraire, ils sont les premiers heureux d’être revenus à une situation plus normale (même si les crises se chevauchent)! Mais le reste de la population, y compris les cantons, doit comprendre qu’on ne peut pas tout attendre de la Confédération au moindre problème! Les défis pour les finances fédérales sont d’ampleur et il faudra rester «fit» pour nous tenir prêts en cas de nouvelles crises. Il faudra aussi travailler sur l’attractivité fiscale de la Suisse: on ne peut pas sans cesser augmenter les dépenses et recettes publiques. J’admire la capacité d’adaptation et de résilience des entreprises suisses, mise à l’épreuve au cours des crises des dernières années. Comme les citoyens, elles ont besoin d’un peu d’air.

Interview: François Othenin-Girard

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