Publié le: 1 septembre 2023

Rendons ses lettres de noblesse à l’apprentissage!

Redonnons l’envie et le goût à nos jeunes de faire un apprentissage. Revalorisons notre formation professionnelle en la rendant plus efficace et plus attractive. C’est le défi que la Suisse doit rapidement relever. D’autant plus que notre pays souffre cruellement d’une pénurie de main- d’œuvre qualifiée. L’occasion de faire évoluer les formations pour mieux les adapter aux besoins et aux changements du monde professionnel.

L’apprentissage repose sur un partenariat qui a fait ses preuves. Les associations professionnelles définissent les plans de la formation, les cantons les mettent en œuvre et assurent une partie du financement. Les entreprises forment à la pratique professionnelle et la Confédération exerce sa fonction de surveillance tout en mettant la main au porte-monnaie. Il n’est pas question de remettre en cause ce système envié par de nombreux pays.

Mais nous pouvons faire mieux. De plus en plus de jeunes préfèrent la filière gymnasiale à celle de l’apprentissage. Dans le canton de Vaud, seul un jeune sur cinq choisit directement le monde professionnel après l’école obligatoire alors que le nombre de gymnasiens a quintuplé en 45 ans. Et le dernier tiers part dans des voies de transition.

Ce phénomène n’est pas propre au canton de Vaud. Sur les quelque 77 000 places d’apprentissage proposées pour l’été 2023, un tiers des places n’a pas trouvé preneur. Les domaines de l’hébergement, de la restauration, de la construction et de la transition énergétique peinent à recruter. Plus globalement, depuis 2014, la Suisse perd plus d’un millier d’apprentis chaque année.

Autre constat alarmant: plus de 9 % des apprentis ont échoué à leur examen final en 2022. C’est le taux d’échec le plus élevé depuis 2014. Dans certaines professions, la proportion atteint même 30 %. Et il y a tous les jeunes qui abandonnent en cours de route leur apprentissage. Ce scénario est une réalité pour près d’un quart des jeunes. Des tendances que nous devons inverser.

Comment alors rendre l’apprentissage plus attrayant? Des efforts doivent être faits par tous les milieux concernés. Que ce soit la Confédération, les cantons, les entreprises, les associations professionnelles, l’école ou encore les parents, chacun a un rôle essentiel à jouer dans la valorisation de l’apprentissage. Tous doivent surtout tirer à la même corde.

L’accent doit par exemple être mis sur le développement de l’information, notamment par le biais des réseaux sociaux. Montrer que l’obtention d’un CFC n’est pas un second choix, mais une chance d’apprendre un métier passionnant. Favoriser également les stages. Quant aux entreprises, elles doivent mieux sensibiliser l’école aux réalités économiques. Et l’école doit davantage tenir compte des contraintes de l’économie.

C’est la stratégie développée par le Canton de Vaud. Il a créé une «Maison des métiers», qui garantit l’information dédiée aux jeunes et à leurs parents. Et les référents de l’approche du monde professionnel (AMP), qui sont présents dans chaque établissement scolaire, ont été généralisés à l’ensemble des élèves de la voie générale et prégymnasiale.

S’il faut oser innover, il est aussi important de réviser le contenu de certaines formations. L’apprentissage n’est que le début d’une carrière professionnelle. Or, on en demande toujours plus aux apprentis et aux maîtres d’apprentissage.

Dans un souci de rester compétitif, les ordonnances de formation multiplient les exigences requises. Il y a une véritable inflation des connaissances. Ce qui décourage de nombreux jeunes. Mais aussi certains patrons, qui par surcharge administrative, renoncent à engager un apprenti.

Il est donc urgent que la Confédération, les entreprises et les associations professionnelles se saisissent de cette problématique et trouvent des solutions.

La force d’une économie spécialisée comme la nôtre est sa main-d’œuvre qualifiée. Nous devons donc assurer la relève. Et certains apprentis seront patrons de demain. Rendons à notre formation professionnelle ses lettres de noblesse. C’est une priorité.

*Conseillère nationale (PLR/VD)

jacqueline.dequattro@parl.ch

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