Publié le: 8 décembre 2023

France-Suisse, ce qu’il faut en penser

analyse – Le président français Emmanuel Macron a passé deux jours en Helvétie et beaucoup dechoses ont été écrites, du moins du côté suisse. Que restera-t-il de ces tentatives de rapprochement?

Le président français Emmanuel Macron a clairement déclaré durant sa visite en Suisse que l’Union européenne engendrait une «délégation de souveraineté» de la part de ses États membres. La presse française recommandait à son président de profiter de sa visite pour prendre des cours de démocratie. C’est dire comment les questions de légitimités sont discutées dans la politique française, où il n’y a pas de représentation proportionnelle des partis politiques dans le gouvernement comme la fameuse formule magique du Conseil fédéral. Les 15 et 16 novembre, le président français accompagné de son épouse Brigitte, a entamé une visite d’État de deux jours en Suisse, mettant l’accent sur les relations diplomatiques entre les deux nations et les enjeux bilatéraux majeurs. La tradition protocolaire a été respectée avec les honneurs militaires et les discours officiels prononcés au Palais fédéral, suivis de discussions politiques au Bernerhof. Ce rapprochement bilatéral est important alors que la Suisse tente de renégocier des accords avec l’UE après l’échec de l’accord-cadre. Les liens entre la France et la Suisse revêtent une importance considérable, touchant divers domaines tels que l’économie, la recherche, l’énergie, l’environnement, la santé et la mobilité. Le Département fédéral de l’intérieur (DFI) a souligné leur poids la semaine précédente. Les discussions ont inclus les objectifs de la Suisse pour stabiliser et développer sa relation bilatérale avec l’Union européenne. Les sujets actuels sur la scène internationale, la coopération au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, la Genève internationale et la diplomatie scientifique seront également à l’ordre du jour. La deuxième journée s’est déroulée à Lausanne et Genève, notamment à la Fondation Jean Monnet, où le président français a présenté un exposé sur les défis du continent. De plus, une visite au CERN à Genève a permis de souligner l’importance de la collaboration scientifique et technologique entre les deux pays. Les relations franco-suisses avaient connu des tensions, notamment avec le choix suisse d’acquérir des avions de combat américains F-35 plutôt que le Rafale français. La réception d’Emmanuel Macron par le Conseil fédéral et la reprise de visites ministérielles ont été interprétées comme un signe de détente dans ces relations. Cette visite marque une rare opportunité de réaffirmer les liens entre la France et la Suisse, en abordant des sujets clés comme le dialogue européen, les accords scientifiques et éducatifs, ainsi que des questions pratiques comme les transports transfrontaliers. Ce point est des plus importants, puisqu’il relève de situations concrètes où les deux pays doivent obligatoirement collaborer. Le canton de Genève profite d’un bassin d’emploi qui rayonne bien au-delà de ses frontières. Le président français a aussi fait la promotion de sa Communauté politique européenne lancée en juin 2022. Il s’agit de réunir les dirigeants européens dans un forum de rencontres informelles pour permettre des coopérations entre ses membres sur des thèmes aussi divers que l’énergie, les transports, la sécurité ou la formation. Le principe est de former un bloc de pays autour de valeurs communes. La Suisse ne doit pas oublier qu’elle est au centre même de l’UE, mais qu’elle est aussi un investisseur des plus importants pour l’UE, qu’elle dispose d’un centre de recherche de pointe (CERN) et d’écoles polytechniques, que son marché du travail reste encore très attractif et surtout qu’elle est dotée d’un système politique bien différent de ses voisins, notamment avec la démocratie directe. La Suisse est bel et bien européenne et souveraine. Mikael Huber, usam

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