Publié le: 2 février 2024

Oser recruter à l’échelle de toute la planète RH

quotas de pays tiers – Face aux difficultés de recrutement des entreprises, il est étonnant que Berne ne propose pas une stratégie comparable à celle qui est pratiquée au Canada.

De plus en plus d’entreprises sont confrontées à des difficultés de recrutement et le problème a sensiblement augmenté depuis 2020. Avant de dessiner de noirs scénarios, proposons des esquisses de solutions. C’est le cas de Pierre Daniel Senn à la tête d’Automobiles Senn S.A. à Neuchâtel (et vice-président de l’usam), une entreprise familiale de 180 employés: «Dans le cadre des possibilités législatives actuelles et des doubles-nationalités, l’entreprise regroupe 34 différentes nationalités, relève-t-il, il s’agit de personnes de presque tous les pays d’Europe, mais aussi du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique – tous qualifiés et motivés par leur travail.»

Des solutions RH devraient donc être dénichées avec l’UE, mais aussi au plan international. Mais où en est la Suisse? Dans les chiffres (ceux du SECO), 217 626 places de travail ont été créées entre 2021 et 2023, ce qui correspond à 166 417 équivalents temps plein (ETP). Un nombre qui dépasse même le nombre d’habitants de la deuxième plus grande ville de Suisse, à savoir Genève (203 900 habitants en 2020) – un ordre de grandeur permettant de saisir l’ampleur du phénomène. Mais dans le même temps, le volume de travail (en heures moyennes par individu) tend à diminuer de 1719 heures (1991) à 1549 unités (2019) avec un taux d’activité des 15-64 ans parmi les plus haut d’Europe. La population vieillissante qui part à la retraite augmente avec le départ des babyboomers. L’Europe entière est également concernée.

Raccourcir et alléger

La Suisse parviendra-t-elle à attirer des forces de travail d’Europe dans un contexte de croissance des prix immobiliers, des prix d’assurances et des primes maladie? Il est par ailleurs raisonnable de se demander si à moyen terme, l’Europe ne va pas subir de scénarios de déflation monétaire, comme au Japon, avec l’effondrement de la demande causée par une politique d’immigration restrictive et une population vieillissante. Un tel scénario serait catastrophique pour la BNS, la Finma et le Conseil fédéral, puisque nos sociétés occidentales vivent sur la dette publique et privée. Si les prix baissent, la monnaie prend de la valeur, en revanche le poids des dettes et crédits, qui sont des contrats fixes de remboursement, vont automatiquement augmenter et tendre à étouffer tout le système économique puisque les revenus diminueraient, sauf pour celui qui ferait de la thésaurisation.

Dans ce sens, il est étonnant que le Département fédéral de justice et police ne propose pas de suivre la même ligne que le Canada. Il serait opportun de pouvoir trouver de la main d’œuvre qualifiée, non seulement en Europe et dans l’UE, mais aussi dans le reste du monde.

Ainsi les quotas de pays tiers (hors UE) au lieu d’être strictement et inintelligemment rationnés, devraient faire l’objet d’une réelle promotion par les autorités fédérales. De même, les démarches administratives concernant de tels engagement de pays tiers devraient être raccourcies et allégées pour ne pas effrayer les entreprises et les candidats potentiels.

Mikael Huber, usam

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