Publié le: 5 avril 2024

Un Bélier blanchi sous le harnais

Jean-pierre wicht – Membre de la Chambre suisse des arts et métiers depuis 2007, cet expert-comptable est un cofondateur du Cautionnement romand. Il s’est impliqué à fond et là, il raccroche.

Sa «grisonnance» n’ôte pas une mèche de son attitude rebelle. Un air décidé, le ton résolu, on le découvre vite – Jean-Pierre Wicht n’est pas du genre à plier ni à mollir. Sa détermination et son engagement auront été seize années durant des atouts précieux à la Chambre suisse des arts et métiers. Il quittera le parlement de l’usam lors du prochain congrès – après seize d’ans de bons et loyaux services. Retour sur ce que c’est que de participer avec intelligence à la défense des PME.

Il peut avoir l’air furibond, mais il y a aussi un tendre sous cette carapace. Jean-Pierre Wicht se bat avant tout pour et avec le bon sens. Jurassien né à Boncourt, membre actif du groupe Bélier de 1966 à 1974, on dit qu’il assure quand il s’engage. D’où lui vient cette force calme? «C’est l’expérience du combat indépendantiste dans le groupe Bélier qui m’a donné le goût de la politique et suscité en moi le désir de servir mon pays», explique-t-il dans l’ouvrage publié par Marie-Hélène Miauton, sa compagne. Le reste coule de cette source inspirante. Sa trajectoire parle de ces liens tissés avec son canton, sa région, cette Suisse romande entrepreneuriale – qu’il incarne quand il monte à Berne. Jeune homme, il s’installe dans la région lausannoise et rejoint le microcosme de la Société industrielle et commerciale (SIC), où il s’active de 1990 à 2002 et qu’il préside un temps.

Expert-comptable, il sait de quoi il parle quand on évoque la PME attitude, réaliste, positive, indépendante, qui ne vit pas au crochet de l’État, ou suspendue aux aides au démarrage de toutes sortes. «On ne lance pas une entreprise en courant les manifestations de réseautage et les apéros – cela me fait gentiment sourire.» Il donne aussi dans l’euphémisme un brin cynique. Employé dans plusieurs fiduciaires, il franchit le Rubicon en 1983, associé fondateur de la fiduciaire Sofirom à Lausanne, puis, dix ans plus tard, de sa propre fiduciaire, PME révision et expertises SA. Membre de la coopérative vaudoise de cautionnement (président en 2004), il participe à la conception et à la présidence de la Coopérative romande de cautionnement de 2007 à 2012.

C’est via la porte d’entrée de la SIC de Lausanne et de son activité dans le cautionnement qu’il entre à l’usam. «Je me suis engagé à fond et j’ai découvert à quel point cette organisation faîtière était calquée sur le modèle d’une petite Suisse. Il n’existe à ce niveau aucune autre organisation qui dans notre pays respecte autant les représentations régionales, les partis, les associations – que l’usam et son parlement, la Chambre suisse des arts et métiers. Il aura côtoyé trois présidents et trois directeurs de l’usam. À commencer par Pierre Triponez, dont il salue le rôle pionnier dans la reconnaissance de l’équivalence générale entre les deux filières, la professionnelle et l’académique. «Ce fut un très long combat de deux décennies des plus justifiés. Je me suis impliqué sur ce terrain en fournissant de nombreuses propositions dont une bonne partie ont été reprises.» Et chez Hans-Ueli Bigler, il dit avoir apprécié son sens inné de gardien de la ligne contre vents et marées. Il salue au passage le rôle présidentiel de Jean-François Rime. «Il était politiquement marqué (conseiller national UDC/FR), mais surtout très respectueux des règles, même quand il était d’un avis contraire à la Chambre.» Il s’entremet volontiers pour régler les différends qui surviennent parfois, comme dans toute association regroupant des intérêts très divers.

Son côté force tranquille et pouvoir de négociation. «J’ai toujours fait tout ce qu’il fallait pour que l’usam conserve sa crédibilité et pour sauvegarder son image lorsqu’elle était menacée. Comme chez les Béliers, tu fonces, tu argumentes, tu écoutes et tu t’impliques jusqu’au bout. Cette usam, il faut savoir s’en occuper et la cocoler au besoin.» Une association à nulle autre pareille selon lui, ni dans les associations économiques en Suisse, pas plus qu’à l’étranger. «Parce qu’elle est représentative de toutes les sensibilités, de toutes les langues et des régions. Parce que ceux qui s’y engagent savent pourquoi ils le font et qu’ils ont du poids dans leur canton, dans leur région, dans leur monde professionnel. Ce sont des ténors qui ont la fibre de la démocratie et qui sont aussi impliqués dans le terrain. La Chambre suisse des arts et métiers représente un garde-fou bien réel. Aucune décision prise par l’usam ne peut l’être sans y avoir été discutée et dûment votée.»

La masse de travail est-elle conséquente lorsqu’il s’agit de se préparer pour les sujets discutés lors des deux à trois séances qui sont organisées chaque année? «Je ne vois là rien d’insurmontable. En revanche, je conseillerais aux futurs membres de la Chambre de choisir une commission en fonction de sujets familiers. Et surtout, de lire et faire lire le Journal des arts et métiers, qui aborde tous les thèmes névralgiques de l’usam pour les PME!»

Une recommandation dont nous nous réjouissons. Au fait, le soussigné s’engage à ce que Jean-Pierre puisse continuer à lire nos colonnes. Et pourquoi pas, d’y contribuer de temps à autre!

François Othenin-Girard

*«40 ans, 40 talents», Lausanne, Éditions Favre, 2019.

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