Le marché du travail est en pleine mutation. Les classes d’âge bien fournies, les «baby-boomers», atteignent l’âge de la retraite, tandis que les classes d’âge à faible natalité prennent la relève. Depuis 2020, la Suisse compte plus de personnes de 65 ans que de jeunes de 20 ans. La population en âge de travailler diminue. Conséquence: une pénurie de main-d’œuvre qui va s’accentuer au cours des dix prochaines années.

Depuis 2020, la Suisse compte plus de personnes de 65 ans que de personnes de 20 ans.

Certains secteurs et professions sont particulièrement touchés. Les professionnels de la santé et de la construction, en particulier, manqueront de personnel qualifié. Par exemple, de nombreux médecins et maçons font partie des baby-boomers et ils manqueront sur le marché du travail après leur départ à la retraite. C’est ce qui ressort d’un nouveau livre blanc de swissstaffing, l’Union suisse des services de l’emploi.

Une nécessité stratégique

Cette évolution démographique se traduit sur le marché du travail. Selon le livre blanc, la diminution de l’offre de main-d’œuvre conduit à un marché du travail dominé par les travailleurs. Pour attirer ou conserver des collaborateurs, les entreprises doivent devenir plus attractives. Le «branding» de l’employeur devient une nécessité stratégique pour rester compétitif.

Sur la base d’un coup de sonde mené auprès de 1230 personnes en âge de travailler, le livre blanc examine les questions clés suivantes: quels sont les besoins des personnes actives en matière de flexibilité du travail? Qu’est-ce qui est possible aujourd’hui? Que faut-il faire pour que les personnes non actives envisagent de revenir sur le marché du travail?

Le télétravail est un besoin

Le sondage montre que la flexibilité est essentielle dès que l’on aborde l’organisation du temps de travail. Environ 80 % des personnes sondées souhaitent des horaires flexibles et de l’autonomie pour organiser les temps de travail sur la journée ou la semaine. Pour deux tiers des sondés, le travail à temps partiel est important. Près de la moitié ressent le besoin de travailler à domicile ou indépendamment du siège des activités.

Dans les faits, les exigences et la réalité divergent. Alors qu’environ 80 % considèrent la répartition flexible du temps de travail comme importante, seule une bonne moitié peut travailler ainsi. «Pour attirer ou conserver les collaborateurs, les employeurs doivent rendre le travail flexible possible», soulignent les auteurs du livre blanc. Si tel n’est pas le cas, le risque de départ est réel: bien que les trois quarts des personnes interrogées soient satisfaites de leur emploi, près de la moitié serait prête à changer si l’occasion se présentait. Pour les personnes sans activité professionnelle, les possibilités de travail flexible sont – outre le plaisir au travail – la clé pour reprendre un emploi. Deux tiers d’entre elles peuvent s’imaginer travailler (ou retravailler).

La solution souvent évoquée pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre qui s’aggrave est que les personnes actives augmentent leur taux d’occupation. En Suisse, le taux d’occupation moyen des personnes actives est déjà élevé, puisqu’il s’élève à 79 %. Les hommes travaillent en moyenne 86 %, les femmes, 72 %. Les chiffres le corroborent: une augmentation du temps de travail comme mesure de lutte contre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée ne correspond pas au souhait des actifs. Seuls 13 % des personnes interrogées indiquent vouloir augmenter leur temps de travail. En revanche, une personne sur trois souhaiterait travailler moins.

La flexibilité du travail semble être la clé pour exploiter les potentiels résiduels de main-d’œuvre, afin d’atténuer la pénurie de main-d’œuvre, lorsque c’est le cas. Les solutions de travail temporaire y contribuent et permettent de relever les défis du futur marché du travail (lire p.18).Com/réd

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