Il s’agit de fleurs sauvages et d’orties, de coccinelles et de moustiques, pour ne citer que quelques spécimens de notre flore et de notre faune. Ils suscitent des associations contradictoires et ont pourtant un point commun: ils contribuent à la biodiversité de la Suisse.
De la mort des forêts à celle des abeilles, en passant par la menace qui pèse sur des habitats entiers et la disparition des espèces: l’initiative sur la biodiversité est censée y remédier – le oui à l’initiative le 22 septembre devrait guérir la nature. Mais est-ce vraiment aussi simple? Non, bien sûr que non.
L’initiative est en contradiction avec les décisions populaires qui visent à développer rapidement l’approvisionnement énergétique de la Suisse. En cas d’acceptation de l’initiative, nous mettons en danger non seulement l’objectif net zéro, mais aussi la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Suisse. En effet, un oui entraînerait des procédures juridiques supplémentaires et fastidieuses pour la construction de nouvelles installations hydroélectriques, photovoltaïques et éoliennes. L’acceptation de l’initiative est une passe difficile pour les ONG environnementales qui bloquent déjà aujourd’hui la transformation de notre système énergétique dans le respect du climat.
Infrastructures: la menace
La construction d’autres infrastructures pour éliminer les goulets d’étranglement déjà existants est également fortement menacée. Nous privons ainsi l’économie de la marge de manœuvre nécessaire pour organiser efficacement ses processus. Actuellement, les retards et les annulations de trains ainsi que les embouteillages sur les routes entraînent des coûts économiques annuels de plus d’un milliard de francs.
Mais il ne s’agit pas seulement de nouvelles infrastructures, la protection des constructions existantes risque également de devenir plus difficile. Les événements de ces derniers mois montrent qu’il est nécessaire d’investir davantage dans la protection contre les inondations, les laves torrentielles, etc. Un versant peut-il encore être protégé par des constructions si un écosystème s’y est établi? Ou faut-il finalement fermer la route située en contrebas et couper la vallée concernée à la circulation?
Les juristes environnementaux se frottent les mains
L’initiative ne demande pas seulement une protection accrue de la faune et de la flore, mais aussi des sites, des monuments culturels ou du patrimoine architectural. Une conception pour le moins intéressante de la biodiversité. Un oui aurait pour conséquence de restreindre encore plus le développement de l’aménagement du territoire qu’il ne l’est déjà aujourd’hui. Un exemple: 76 % de la ville de Zurich sont soumis à la protection des sites, seuls 24 % de la surface de la ville ont donc encore un potentiel de développement par rapport au droit en vigueur aujourd’hui. Si l’initiative était acceptée, il serait encore plus difficile d’utiliser efficacement l’espace limité pour mettre à disposition les infrastructures publiques dont on a urgemment besoin. La pénurie de logements s’aggraverait encore.
De plus, la culture suisse du compromis serait menacée, car l’initiative demande que «l’essence des valeurs de protection soit maintenue intacte». La recherche de solutions pragmatiques et adaptées localement serait rendue plus difficile. L’offre de surfaces de compensation sera-t-elle par exemple toujours autorisée? Les juristes environnementaux devraient se frotter les mains à l’idée que le oui l’emporte.
Aujourd’hui déjà , l’environnement n’est pas sans défense face aux actions de l’homme. Un ensemble de règles de plus en plus dense limite la société et l’économie, dans lequel les orties et les moustiques ont également leur place. L’initiative va bien au-delà du but recherché et veut mettre la Suisse sous une cloche de verre. Une cloche à fromage en l’occurence. Elle restreint les libertés, au demeurant peu étendues aujourd’hui.
Patrick DĂĽmmler, usam