Publié le: 4 octobre 2019

Foires et salons à la question

rencontre – Nicolo Paganini, conseiller national (PDC/SG), est aussi directeur de la foire de l’Olma à Saint-Gall. Si les PME veulent tirer parti des salons, il leur faut un bon concept de stand, un personnel compétent sur place et un excellent sens du suivi.

Journal des arts et métiers: Une curiosité vous êtes titulaire d’une formation de «sommelier suisse de la bière». Qu’est-ce qui vous fascine dans cette boisson?

Nicolo Paganini: Avant tout la grande  variété des différents styles de bières. Il y a probablement une bonne bière pour chaque situation.

Une nouvelle culture de la bière semble se répandre en Suisse, cette boisson semble plus populaire que jamais. Quelles sont, selon vous, les raisons de cette évolution?

L’abolition du cartel de la bière au début des années nonante en fut bien entendu l’un des préalables. Et comme souvent, une tendance de l’Amérique du Nord nous vient à l’esprit. Mais surtout, les gens d’aujourd’hui s’intéressent aux bonnes histoires qui se cachent derrière les aliments et les produits. Ce qui a commencé avec le whisky il y a vingt ans se déroule maintenant avec la bière.

En tant que directeur de l’Olma, vous êtes un expert en matière de salons professionnels. Quelle est leur importance pour l’économie suisse d’aujourd’hui?

En fait, je préfère parler de la branche de la communication plutôt que des salons professionnels. Salons, événements, congrès – tout est lié. Ce secteur a une grande valeur économique. Les foires commerciales ont un grand effet multipli­cateur. Chaque fois qu’un franc est dépensé dans le secteur des salons, cinq à huit francs le sont dans les hôtels, les restaurants, les entreprises de transports publics, les constructeurs de stands.

Après plus de 100 ans, la foire aux échantillons de Bâle (Muba) a finalement fermé ses portes, tout comme la foire de Zurich (Züspa) après septante ans d’activité. En revanche, l’Olma de Saint-Gall se porte très bien. Pourquoi des évolutions si contrastées?

L’Olma se porte bien, même si nous avons déjà l’impression que les annonces négatives des autres foires sont troublantes pour les exposants. L’Olma est beaucoup plus socialement ancrée en Suisse orientale que la Muba et la Züspa ne l’étaient dans leurs villes. Et nous investissons des sommes considérables dans l’expérience du salon que se font les visiteurs. Une journée sur l’Olma doit apporter aux visiteurs une valeur ajoutée par rapport au centre commercial.

Dans toute la Suisse, les foires perdent des visiteurs et essaient de redresser la situation, comme la montre le premier millésime du Comptoir Helvétique à Lausanne cette année. Quels sont les facteurs de succès qui peuvent assurer leur survie?

Investir dans l’expérience proposée aux visiteurs, je le répète, c’est vraiment le centre de notre démarche! Et aussi, grâce à la numérisation, l’offre et la demande pourront être encore mieux réunies à l’avenir qu’elles ne le sont aujourd’hui. L’infrastructure du salon doit être moderne et nous devons être à l’écoute de nos exposants et de leurs besoins.

Le BEA à Berne, la Luga à Lucerne, l’Olma à Saint-Gall, ainsi que d’innombrables foires et salons thématiques comme Swiss-Moto ou Giardina, les salons du mariage, sans oublier les salons régionaux (Payerne, etc): y a-t-il trop de salons en Suisse?

Il n’existe pas de nombre objectif de foires. Car s’agissant du format et du nombre de salons, ce sont en fin de compte les branches qui décident. Nous avons vu que l’industrie automobile n’est pas prête à investir dans une foire multimarque en Suisse orientale. Le Salon de l’auto de Saint-Gall, c’est donc de l’histoire ancienne. Les foires grand public sont souvent aussi des événements sociaux. Elles sont populaires, ancrées au plan régional et ont tendance à être moins compétitives.

A quoi les PME doivent-elles faire attention si elles veulent tirer parti d’une participation à des foires régionales ou nationales et gagner des clients?

Les foires commerciales sont un instrument de marketing prometteur, mais aussi exigeant. Pour moi, trois points sont au premier plan. Vous avez certainement besoin d’un bon concept de stand. Les personnes qui s’activent sur les stands sont les pièces centrales du dispositif. Elles doivent être compétentes, amicales, ouvertes.

La préparation et le suivi d’une participation à une foire commerciale jouent également un rôle important. Toute leur action devrait être en cohérence avec les autres activités marketing de l’entreprise.

Quelle importance accordez-vous aux salons de l’emploi?

Les foires commerciales ont des fonctions très importantes, en particulier pour la formation duale: elles permettent aux futurs apprentis de trouver le meilleur apprentissage – et pas n’importe lequel. Les salons professionnels offrent aux entreprises et aux secteurs une forte visibilité pour faire connaître leurs ­profils professionnels et les places d’apprentissage disponibles sur le marché des talents.

Les entreprises ont besoin de conditions cadres stables pour prospérer. Quelles sont-elles selon vous?

L’incertitude est un poison pour les entreprises. Ce principe s’applique aussi bien aux entreprises qu’aux PME. La stabilité suppose que nous décidions au Parlement de trouver des solutions et de former des majorités sur les grands défis tels que la compétitivité internationale, les relations avec l’UE, la protection des retraites, la politique climatique ou l’explosion des coûts de la santé. Pour cela, il faut un centre politique fort.

Venant de Saint-Gall, vous représentez une région périphérique. Qu’est-ce qui vous tient à coeur pour les PME de votre canton?

En tant que parlementaire fédéral, je m’occupe surtout de politique pour la Suisse toute entière. Mais il est vrai qu’à Berne, on alloue les ressources financières aux régions. Je m’engage donc aussi pour que la Suisse orientale dispose des moyens nécessaires pour rester une région de travail et d’habitation attrayante en termes de transports publics, d’infrastructures routières et de promotion de l’innovation.

Interview: Gerhard Enggist

Trad. et adaptation: JAM

trajectoire

A 53 ans, Nicolo Paganini est entré en cours de législature. Il représente en effet le PDC pour le canton de Saint-Gall au Conseil national depuis mars 2018. Il a étudié l’économie et le droit à Berne et à Saint-Gall avant d’être admis au barreau de Thurgovie. De 1996 à 1999, il a été membre de la direction d’une cave à vin à Münsterlingen. Ensuite, il s’est activé comme avocat indépendant jusqu’en 2002. De 2002 à 2007, Nicolo Paganini a été chef du département de l’économie du canton de Saint-Gall, puis à la tête de la Banque Cantonale de Saint-Gall jusqu’en 2011. En 2011, il a été élu à la direction de la foire de l’Olma à Saint-Gall. De 1992 à 2002, Paganini siège au Grand Conseil du canton de Thurgovie. De 1994 à 1996, il est président de la commune de Zihlschlacht (TG).

www.nicolo-paganini.ch

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