ZenPME, un nom qui en dit long sur les choix de vie et leurs conséquences, pour ceux qui, comme son directeur Jean-Michel Ratte, ont choisi de mettre plus d’harmonie entre une vie professionnelle trépidante et leur vie privée. À la tête d’un bouquet d’entreprises – dont cette fiduciaire spécialisée dans l’accompagnement de start-up et les services à ces jeunes pousses, mais pas seulement – il a radicalement changé d’optique. Voici son témoignage.
Le fait d’avoir mis les choses en ordre m’a permis de repenser à un projet personnel qui me tient à cŒur.»
«C’est finalement ce que je retiendrai de toute cette période, même si les choses ont commencé de changer un peu avant, raconte Jean-Michel Ratte. En 2018, je courais partout sans vraiment y gagner, je n’en pouvais plus et beaucoup de choses me semblaient inutiles.»
À la fin de l’année, il prend les choses en main et résilie des contrats avec certains clients, en ne gardant que ceux pour lesquels il estime pouvoir apporter une valeur ajoutée. «J’ai aussi dû mettre un terme à certains contrats de travail. Au final, j’ai tout simplifié, à commencer par l’organisation de l’entreprise. On gagne moins d’argent, mais on pense aussi à sa santé.»
Une dynamique de couple
La Zen attitude en PME, un nouveau trend? Pas impossible: «Je ne suis pas le seul à avoir fait le ménage dans mon entourage. Simplifier permet d’attribuer plus d’importance au côté privé et on constate qu’on a peut-être besoin de moins pour vivre, de penser à son style de vie, de redéfinir ses priorités.»
Père d’une petite fille née en 2018, l’année du grand chambardement, il est aussi l’époux d’une femme qui se lance elle aussi comme indépendante. Une dynamique commune et un nouvel élan: «Le fait d’avoir mis les choses en ordre m’a permis de repenser à d’autres grands projets, dont un projet personnel qui me semble avoir de belles chances d’aboutir.»
Il accompagne les start-up
Jean-Michel Ratte a effectué un apprentissage de commerce, mais il possède avant tout une expérience de trente ans comme comptable. En plus d’une trentaine de sociétés, il accompagne la création et la gestion de sociétés start-up. Un créneau bien particulier. Interview
JAM: De quels secteurs proviennent les start-up dont vous vous occupez?
Jean-Michel Ratte: Elles s’activent dans la cosmétique, l’informatique, le conseil et la gestion, les services traiteurs et financiers. Il y a aussi le courtage en assurance, la gestion de fortune, les life sciences, la lutte contre le surpoids et la sécurité informatique. J’en ai aussi trois dans les pompes à chaleur, dont une en discussion actuellement.
Quels services proposez-vous?
Cela va de la mise en place au plan administratif, assurances sociales, salaires, en poursuivant avec la comptabilité, la fiscalité en collaboration avec un expert. Pour ma part, je m’occupe aussi du conseil et de la gestion. Il faut anticiper les besoins, concrétiser un montage financier. Tout dépend de l’activité. Je m’occupe de deux à trois nouvelles entités par année, soit une douzaine en tout. Nous sommes proches de l’EPFL, de ses services et du monde des start-up. Nous avons aussi l’habitude de les aider lorsqu’il faut remplir des documentations importantes pour des recherches de fonds et ce genre de choses. Ensuite, bien sûr, à eux d’aller défendre leur projet!
Quelles sont les difficultés classiques que vous avez rencontrées durant cette période?
Le plus fréquemment, il a fallu faire face à des problèmes de cash-flow. Cela n’a pas été le cas dans l’informatique qui a connu un surcroît de travail à cause de la pandémie. Pour les conseils financiers et la gestion en revanche, la limitation des déplacements et des contacts a compliqué la situation. Beaucoup de sociétés ont été mises en stand-by et maintenant, les choses se débloquent peu à peu.
Avez-vous connu quelques issues fatales?
Oui, dans le domaine de la restauration en particulier, plusieurs d’entre elles ont fait faillite entre 2020 et 2021. Les entrepreneurs à qui cela arrive ont encore d’énormes difficultés à s’en sortir. Souvent ils sont en raison individuelle et les projets ont été lancés avant la pandémie. Ce sont des gens qui ne sont pas forcément eux-mêmes bien or-ganisés. D’où les nombreuses difficultés avec les administrations auxquelles ils doivent faire face maintenant. Il y aussi de nouveaux projets qui ont émergé de cette crise, les gens ont eu le temps de réfléchir, ils savent où ils vont et sont déterminés à se lancer.
Interview: François Othenin-Girard