Publié le: 6 novembre 2015

Nos machines empruntent le tunnel

machines – Les producteurs Tornos et Recomatic comptent sur le Gothard pour acheminer leurs produits sur le marché italien.

Chez Tornos, on soutient un tunnel d’assainissement dans le Gothard pour acheminer les machines dans le nord de l’Italie. «Le marché italien représente de 3% à 10% de notre chiffre d’affaires, explique Patrick Köppe, responsable de la communication chez Tornos. Ce chiffre varie bien sûr en fonction de la situation économique d’un pays qui a subi de plein fouet la crise économique et se porte mieux depuis deux ans, comme nous le constatons.»

L’envoi de machines se fait par camion. «Pour livrer nos produits, nous empruntons le Gothard, détaille le porte-parole. Ces déplacements représentent entre 30 et 80 camions par année qui franchissent le tunnel pour livrer les machines, en gros un camion par machine. Le Gothard est un lien crucial avec les marchés.» Lors de cette interview, l’équipe commerciale de Tornos revenait justement de l’EMO, l’un des plus grands salons du domaine de la machine-outil, qui a eu lieu à Milan cette année (et qui se passera à nouveau à Hanovre en 2017 et 2019). «L’ambiance commerciale était assez bonne, raconte Patrick Köppe. Nous avons même été surpris par le nombre de visiteurs et en particulier du nombre de personnes venues d’Asie.»

L’Allemagne représente en général dans le secteur de la machine-outil le plus gros marché en Europe, qui constitue les troisquarts des activités de Tornos. L’entreprise s’appuie égale­ment sur le Sud de l’Europe (comprenant en l’occurrence la France, l’Italie, l’Espagne et la Suisse). L’Asie pour sa part représente (avec les Amériques) 25% du chiffre d’affaires et un axe stratégique important. Les Etats-Unis se portent assez bien avec des développements positifs au cours des 12 derniers mois. L’entreprise a su adapter ces produits aux besoins des secteurs automobile et médical/dentaire, diminuant ainsi sa dépendance du secteur horloger.

La PME de Moutier, durement éprouvée par la crise, a subi une réorientation dès 2012. Une relance de l’internationalisation, avec le lance­ment de productions en propre en Chine et à Taïwan, permettant d’asseoir sa position dans le moyen de gamme. «En plus des machines monobroches ou multibroches, nous avons développé un nouveau produit, la MultiSwiss, qui représente un modèle de genre hybride permettant de traiter des grands volumes avec aisance et une flexibilité maximale.

Parmi les défis auxquels fait face Tornos, le plus important représente bien la lutte contre les effets du franc fort. Diverses mesures ont été prises après le 15 janvier, comme l’augmentation des heures de travail de 40 à 43 heures, un programme de réduction des coûts rigoureux et l’accélération de l’initiative «Lean» au montage. Ces initiatives font l’objet d’un travail de fond pour leur mise en place. Il faut, par exemple, identifier de nouveaux fournisseurs hors de la zone du franc suisse, vérifier leur capacités, négocier les prix etc. avant de pouvoir mettre en œuvre ce genre d’actions.

recomatic

«Fermer le tunnel serait un casse-tête pour nos clients»

«Si le tunnel routier du Gothard fermait, cela serait plus qu’embêtant!» Pour le producteur de machines, Recomatic SA à Courtedoux, le marché italien et tessinois représente un marché important. «Nos machines permettent la préparation au polissage et le polissage pour tous les composants de l’horlogerie, la joaillerie, la maroquinerie et certaines pièces dans l’automobile, explique Christophe Rérat, qui avec son frère Philippe a repris la direction de cette entreprise familiale en 2003. Nous sommes également présents sur ce marché pour les machines Bula Technologie SA, une marque que nous avons acquise en 2008.»

Depuis Courtedoux, l’axe du Gothard représente l’axe principal vers le Tessin et l’Italie. «Nous avons quelques sociétés auxquelles nous rendons des visites commerciales ou pour lesquelles nous effectuons du service après-vente, raconte Christophe Rérat. Durant l’année 2015, nous avons emprunté environ 12 fois le tunnel routier du Gothard.» A cela s’ajoutent l’envoi de nos machines par camion, elles pèsent plusieurs tonnes et cela se fait aussi via le Gothard. Enfin, toutes les pièces de rechange et les consommables sont envoyées, plusieurs fois par mois, via un transitaire qui, lui aussi, emprunte le tunnel routier du Gothard.

Que se passerait-il pour Recomatic si le tunnel était fermé? «Ce serait un réel problème, vous me posez une colle… Je pense qu’il faudrait compter une plus-value pour les interventions en raison des temps plus longs pour se rendre sur place, peut-être via le train, par Kandersteg, puis par le Val d’Aoste. De plus, ajoute Christophe Rérat, nos clients qui viennent nous rendre visite à Courtedoux pour des raisons commerciales ou pour de la formation seraient eux aussi touchés par une fermeture du tunnel.»

Un vrai casse-tête que de nombreux chefs d’entreprises aimeraient bien ne pas devoir résoudre en plus de toutes les autres difficultés. D’où la campagne qui monte en force dans les PME. «Nous avons reçu le dépliant de l’usam sur le «oui au Gothard» et nous sentons que la campagne a démarré!»

A lire également

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Articles approfondis

Les plus consultés