Publié le: 6 octobre 2023

Incertitudes: PME mises à rude épreuve

conjoncture – Ces dernières années, les PME suisses ont bravé les différentes crises et sont restées optimistes. Mais la situation semble désormais se retourner, comme le montre une étude récente de Raiffeisen: inflation persistante, hausse des taux d’intérêt, pression croissante de la concurrence et de la numérisation ainsi que pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Après la pandémie, l’économie suisse s’est montrée robuste l’année dernière, avec un regain d’activité dans de nombreuses branches suivant une période de vaches maigres due à la pandémie. L’étude sur les PME de Raiffeisen, Swiss Export et Kearney a montré l’an dernier que près des trois quarts des entreprises, soit 73 %, estimaient que leur situation économique était bonne à très bonne.

L’ambiance devient morose

Aujourd’hui, cet optimisme s’estompe. Dans la dernière enquête, seules 63 % des PME interrogées ont jugé leur situation économique actuelle bonne à très bonne. En outre, de moins en moins de PME estiment que leur situation économique future sera bonne à très bonne. La valeur a continuellement baissé, passant de 76 % en 2021 à 62 % cette année. L’humeur plus sombre se reflète également dans les attentes financières pour l’année en cours. Seule la moitié des entreprises interrogées s’attendent à une hausse de leur chiffre d’affaires, alors que ces attentes étaient encore nettement supérieures à 60 % les années précédentes.

Les PME industrielles de facto en récession

Le ralentissement économique européen a particulièrement touché les PME industrielles suisses durant les mois d’été. Le PMI PME relevé mensuellement par Raiffeisen est passé de 48,8 à 46,3 points en juillet et n’avait plus été aussi bas depuis début 2021. À l’époque, la Suisse se trouvait justement dans le deuxième lockdown de la pandémie. Plusieurs raisons expliquent la mauvaise situation des affaires, commente Roger Reist, membre de la direction et responsable de la clientèle entreprises de Raiffeisen Suisse: «Le boom de la demande de biens provoqué par la pandémie est définitivement terminé et les consommateurs dépensent à nouveau davantage pour les services. D’un autre côté, la demande industrielle est pénalisée par une inflation obstinément élevée et, de plus en plus, par la hausse des taux d’intérêt.» Le vent contraire est actuellement si fort que la baisse des prix de l’énergie et la détente relative dans le sourçage n’ont apporté que peu d’impulsions positives.

Énergie et matières premières

Certes, les PME ont été épargnées par une pénurie d’énergie à grande échelle l’hiver dernier. Mais l’augmentation massive des coûts de l’énergie, due à l’insécurité, a marqué les esprits des entrepreneurs. Dans l’étude sur les PME, près de deux tiers des PME suisses ont cité ces prix élevés de l’énergie et des matières premières comme le plus grand risque conjoncturel pour les douze prochains mois. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée et de personnel est considérée comme le deuxième risque conjoncturel le plus important. Dans toutes les branches des entreprises interrogées, ces dernières ont des difficultés à recruter et à conserver du personnel qualifié. Roger Reist s’attend à ce que cette tendance se poursuive: «La pénurie de main-d’œuvre qualifiée devrait perdurer, car une forte demande actuelle se heurte à une génération de baby-boomers et ces derniers partent à la retraite.»

Pénurie de main-d’œuvre

La résilience globalement élevée dans le passé a été l’occasion, dans l’étude de cette année, d’approfondir le thème de la résistance des PME suisses. Il est positif de constater que 62 % des PME se considèrent comme résistantes à très résistantes par rapport à la situation économique actuelle marquée par les crises. Le degré de résilience est très variable: selon l’enquête, seuls 19 % se considèrent préparés à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Les entreprises se sentent mieux préparées face à la numérisation et aux cyber-risques liés. Toutefois, certaines entreprises ont indiqué qu’elles étaient mal ou très mal préparées aux dangers de la numérisation. Cela reflète la dynamique de développement élevée en matière d’opportunités numériques, mais aussi de risques.

Stabilisation face à l’UE

Quant aux thèmes sur lesquels la politique devrait se consacrer d’urgence, c’est le même qui prédomine depuis des années: les relations avec l’UE doivent enfin reposer sur des bases solides et la clarté doit être faite sur la future collaboration. «L’UE reste le partenaire commercial le plus important pour la Suisse, et la clarification des relations bilatérales est centrale pour les PME suisses dans le commerce transfrontalier de matières premières et de produits», ajoute Roger Reist. En revanche, le tournant énergétique a perdu de son importance. Ce thème occupait encore la deuxième place en 2022, il est désormais relégué à la cinquième place. En revanche, la réduction de la bureaucratie arrive en deuxième position, suivie par le souhait de garantir le besoin de main-d’œuvre qualifiée. Cela peut être compris comme la volonté de préserver les atouts de la place économique suisse et de ne pas les mettre en danger. Les acteurs politiques restent donc sollicités dans ce domaine.Domagoj Arapovic,Senior Economist

Raiffeisen Suisse

depuis 2018

Le pouls des PME

L’étude sur les PME est réalisée chaque année depuis 2018 et permet de prendre le pouls des petites et moyennes entreprises suisses. Au printemps 2023, Kearney et Swiss Export ont mené pour la sixième fois cette enquête auprès des PME suisses. Pour la quatrième fois, Raiffeisen et le centre des entrepreneurs Raiffeisen RUZ y participent en tant que partenaires, Angst + Pfister AG en tant que partenaire industriel changeant. 462 entreprises ont pris part à l’enquête en ligne.

www.raiffeisen.ch/fr

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