Publié le: 6 novembre 2015

Impératifs de la mobilité

gothard – L’entreprise F. Murpf SA transporte des denrées alimentaires de Suisse alémanique au Tessin et vice-versa. Une liaison routière à travers le Gothard est nécessaire pour tenir les délais.

Il est 15h30, c’est le coup de feu dans l’entreprise de transport et logistique F. Murpf SA, basée à Hägendorf, dans le canton de Soleure: les camions chargent ou déchargent des denrées alimentaires afin de pouvoir fournir la clientèle.

«NOTRE SECTEUR D’ACTIVITÉ VIT DE LA FLEXIBILITÉ DU SYSTÈME.»

«Peu avant 14h, nous recevons les commandes pour le Tessin ainsi que pour le transport de retour, en Suisse alémanique. Le soir même ou dans la nuit, nous devons atteindre la destination à l’heure fixée», souligne Thomas Murpf, membre du Conseil exécutif de l’entreprise familiale. Sur le planning hebdomadaire du département de logistique figurent quelque 80 trajets pour le Tessin et autant pour le retour.

Ce planning doit être respecté en toutes circonstances. «Du nord, nous approvisionnons en denrées alimentaires les magasins de détail et établissements de restauration du Tessin. Et du canton italophone, nous approvisionnons diverses usines de production ou transformation de Suisse alémanique avec des produits venus d’Italie du Nord tels que fruits, fromages, salamis et autres spécialités», explique Murpf en ajoutant: «Tous ces produits ont une durée de conservation courte et doivent impérativement être livrés chez les clients à une heure prédéterminée, avec une marge de plus ou moins 60 minutes. Dans notre métier, il y a deux facteurs sacrés: la réfrigération à +3°C et le respect des délais de livraison.»

Pour ce transporteur, il n’existe aucune alternative: «Je n’ai aucune marge de manœuvre, voilà pourquoi l’entreprise est tributaire d’un axe nord-sud/sud-nord fiable, rapide et efficace.» Et de souligner que ceci n’est possible qu’à travers le tunnel routier du Gothard.

«La condition dans notre branche, c’est la flexibilité. Un grossiste en légumes sur le grand marché de Zurich a besoin de ses produits à 2h du matin maxi. Une livraison retardée dans la matinée ne sert déjà plus à rien, le grossiste sera déjà parti et le grand marché, fermé», explique Murpf. Les aliments périssables doivent être livrés «just in time».

«Le ferroutage n’est pas une solution!»

Si l’horaire n’est pas respecté, les produits frais ne peuvent plus se vendre et perdent toute valeur marchande. «Comprenez bien, dans cette chaîne de distribution, nous, nos clients, les clients de nos clients, etc., sommes tous interdépendants – un retard de livraison entraîne un manque à gagner de tous les acteurs», dit le transporteur, catégorique.

Sans construction d’un deuxième tube au Gothard, les livraisons au Tessin ne pourront plus être assurées comme jusqu’alors: «La population du Tessin serait désavantagée et ne pourrait plus être approvisionnée avec les produits de même fraicheur», dit Murpf.

De plus, les entreprises de production et de commerce au Tessin ne pourraient plus fournir le reste de la Suisse dans les délais voulus. «Cela pénaliserait en particulier les petites entreprises qui souffrent déjà suffisamment du tourisme d’achat dans les régions frontalières. Et pour couronner le tout, cela romprait le lien avec la clientèle», ajoute Murpf.

Une voie routière 
doit rester ouverte

Une déviation du Gothard via le San Bernardino rallonge le trajet d’environ 100 km et augmente les coûts de transport de 50%! Fatalement, cela se répercuterait sur le prix des produits... Pareil pour la variante de route roulant «ROLA» qui, pour Murpf, n’est pas une alternative: «Ici, nous n’aurons aucune marge de manœuvre – le ferroutage n’est pas une solution.»

La preuve en 2001 lorsque le tunnel routier du Gothard avait été fermé plusieurs semaines à cause d’un grave accident, démontrant l’inefficacité du système de transbordement route-rail. «A l’époque, nous ne pouvions pas tenir nos délais auprès des clients. Le transport via le chemin de fer est lourd et rigide alors que notre secteur d’activité vit justement de la prévisibilité et de la flexibilité. Celles-ci seraient supprimées!»

Les trains ne rouleraient seulement qu’à certaines heures et selon le trafic, il faudrait encore compter avec des temps d’attente avant et après la traversée du Gothard.

«Ce système entraînerait une augmentation des coûts due aux heures de travail supplémentaires. Pour nous, une voie de transport doit être libre et flexible et ceci n’est possible que par la construction d’un second tube de réfection au Gothard», conclut Murpf.

Corinne Remund

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