«Je suis tout à fait favorable à la cons­truction d’un tunnel d’assainissement dans le tunnel routier du Gothard, estime Carlo Lamprecht. Il faut le ­faire pour le Tessin, pour la Confédération et pour notre axe de transport historique à travers les Alpes.»

De retour d’un voyage en Corée et à Hong Kong, cet ancien conseiller d‘Etat genevois, qui fut durant des années patron de l’économie, n’a pas perdu de son dynamisme. Et cela n’étonne presque personne qu’à 
80 ans, le président du Grand Prix d’horlogerie de Genève reparte à ­Dubaï la semaine suivante avec les horlogers suisses, auxquels il assure son plus fidèle soutien.

Carlo Lamprecht aime penser aux autres et rendre service. Qu’est-ce qui lui permet depuis si longtemps de se ressourcer? «Un bel équilibre fami­lial et les nombreuses personnes qui me sont restées proches.» Une harmo-nie, comme celle qui devrait exister entre les différentes régions et sensibilités du pays. Joint par téléphone, il exprime d’emblée son attachement profond au Tessin, son canton d’origine. Car l’ancien magistrat est né à Lugano, ville qu’il a quittée pour faire carrière à Genève. «Toute ma famille vient de là. Le Tessin fait trop souvent figure de parent pauvre et les Tessinois ne sont pas heureux de l’attitude de la Berne fédérale à leur égard. Il en veut pour ­preuve le fait que, depuis le départ de Flavio Cotti, en 1999, ce canton latin n’a plus jamais disposé d’une représentation au Conseil fédéral.

«le Tessin n‘est pas la cinquième roue du char!»

Carlo Lamprecht suit de près la politique tessinoise et les soubresauts qui agitent ce canton frontalier, les réactions populistes qui s’ensuivent. Le climat est selon lui bien plus tendu qu’à Genève, où les autorités, de part et d’autre de la frontière, ont su élaborer une culture du dialogue. Rien de cela, par comparaison, entre le Tessin et l’Italie. «Si on enclave le Tessin durant plus de trois ans, la situation risque d’y devenir insupportable. Après tout, le Tessin n’est pas la cinquième roue du char. Ce tunnel ne représente rien d’autre qu’une infrastructure nécessaire à sa survie économique sur le long terme.»

Quel message l’ancien patron de l’économie genevoise souhaite-t-il envoyer aux Romands? «Je leur dirais que s’ils souffrent parfois de la prédominance alémanique, le Tessin en souffre plus encore et que, là-bas, le ressentiment est bien plus fort. Nous nous devons de cultiver entre nous une forte solidarité!» Ogi